Incompréhensions sur le décalage des prix du porc avec l’Allemagne et l’Espagne
La période qui a suivi les fêtes de fin d’année et le nouvel an chinois a été propice à une forte reprise des cours dans la plupart des pays européens, sauf en France. Cette situation a abouti à des différentiels de plus de 25 centimes entre la cotation de Plérin et les autres places européennes durant le mois de février et une partie du mois de mars.
Difficile de bien cerner les causes de ces écarts tant les avis sont divergents. Pour certains, la flambée des prix en Allemagne est liée à la baisse du cheptel national, et en corollaire, à la surcapacité des abattoirs qui peuvent valoriser leurs carcasses en Chine. Mais alors, pourqui les abatteurs français n’ont-ils pas le même raisonnement ? D’autres argumentent sur le fait que la production française est majoritairement tournée vers le marché intérieur qui tire les prix vers le bas. Cela n’explique pourtant pas le désintérêt des abatteurs pour les cochons vendus en vif à l’étranger.
De son côté, la FDSEA du Finistère dénonce "des faits troublants". "Ne sommes-nous pas en train de revivre les heures sombres des années 2007-2008 où une enquête de la DGCCRF avait constaté une entente illicite entre la majorité des abattoirs bretons ?" De son côté, le CRP Bretagne exhorte les abatteurs à "se tourner résolument vers le marché international pour inscrire le prix du porc français dans la dyamique européenne". Il demande aussi aux OP "de ne pas se laisser entraîner par la spirale baissière d’un aval connecté à la GMS […]. Elles doivent accélérer la mise en place de l’AOP pour gagner en pouvoir de marché."
Dans ce contexte plutôt tendu entre la production et l’aval, un sondage réalisé par Ipsos auprès de 240 agriculteurs pour le site internet Agriavis durant le salon de l’agriculture souligne la "grande insatisfaction constatée des agriculteurs concernant leurs relations avec les industriels de leur filière". Près de 8 agriculteurs sur 10 n’ont pas confiance dans les industriels de leur filière. Parmi les motifs d’insatisfaction, 51 % des sondés reprochent aux industriels de ne pas prendre en compte leurs besoins et difficultés.