Forte baisse des résultats des élevages de porcs en 2021 à l’international
En 2021, les résultats des éleveurs de porc ont baissé dans la très large majorité des principaux pays producteurs du monde entier. Selon les données du réseau Interpig, les coûts de revient ont augmenté, portés par des prix de l’aliment en forte hausse, de 7 % à 43 % par rapport à 2020.
En 2021, les résultats des éleveurs de porc ont baissé dans la très large majorité des principaux pays producteurs du monde entier. Selon les données du réseau Interpig, les coûts de revient ont augmenté, portés par des prix de l’aliment en forte hausse, de 7 % à 43 % par rapport à 2020.
Après deux bonnes années 2019 et 2020, la tendance du marché mondial du porc s’est inversée en 2021.
Les résultats de la majorité des éleveurs des 18 pays ou régions suivis dans le réseau d’experts internationaux Interpig ont été négatifs. Les pays européens, excepté l’Espagne, le Danemark et la Suède, présentaient des coûts de revient supérieurs aux prix perçus. Le constat a été tout autre dans les Amériques, avec des résultats globalement positifs. Le Canada et les États-Unis, malgré des coûts en forte hausse, ont été les seuls à présenter des résultats supérieurs en 2021 par rapport à 2020, grâce à des prix qui ont fortement augmenté (respectivement +71 % et +44 %). Le recul de l’offre en Amérique du Nord et une forte demande aux États-Unis ont tiré les prix vers le haut. Mais de manière générale, l’ensemble des pays étudiés a été touché par une augmentation des coûts alimentaires, consécutive de la crise des matières premières.
Presque 1€/kg d’écart de coût de revient entre le Brésil et l’Italie
En 2021, le coût de revient des pays étudié s’est échelonné entre les porcs standards des Amériques (Brésil, Canada et États-Unis) et les porcs européens, plus ou moins différenciés.
Les porcs lourds italiens sont restés les plus chers à produire, talonnés par les porcs plein air anglais dont le coût de production a largement dépassé la barre des 2 euros par kilo de carcasse. Cet écart avec nos concurrents outre-Atlantique s’explique par leurs prix de l’aliment très compétitifs, mais aussi par des charges de main-d’œuvre et des prix des bâtiments globalement inférieurs à ceux des Européens. La frontière entre les coûts des producteurs nord-américains et les grands exportateurs que sont les Danois s’est toutefois gommée. Ces derniers présentaient même en 2021 des coûts inférieurs aux Canadiens, qui ont subi leurs mauvaises récoltes de canola et de blé. Plus largement, les différences de coût de revient existant entre les pays s’expliquent d’une part par les prix des facteurs de production (l’aliment, la main-d’œuvre et les bâtiments notamment), et d’autre part par les performances techniques des élevages en termes de productivité des truies, d’indices de consommation, de productivité du travail, de GMQ… De plus, les charges opérationnelles diverses peuvent avoir un impact important dans certaines situations, comme aux Pays-Bas, où la gestion des effluents d’élevage est coûteuse. L’alimentation, dont les prix ont été en forte hausse en 2021 (+20,1 % en moyenne) est restée le plus gros poste de charge, et sa part dans le coût de revient total a augmenté. Elle représente au moins la moitié des coûts comme c’est le cas en Finlande, et jusqu’à 83 % au sud du Brésil. La variabilité observée sur le poste main-d’œuvre s’explique en grande partie par les différences importantes entre pays sur le coût horaire du travail de 2,30 euros par heure au sud du Brésil à 27,10 euros par heure en Suède. Les États-Unis et le Brésil, dont le taux de change par rapport à l’euro reste particulièrement favorable à l’exportation en 2021, sont toujours les plus compétitifs sur ce poste de charge. Les variations de prix des bâtiments neufs sont également importantes, de 2 230 euros par truie au Canada à plus de 12 000 euros par truie en Finlande et en Autriche.
Performances hétérogènes
Le Danemark, pays spécialiste du naissage, conserve sa position de leader en ce qui concerne la productivité des truies. Les éleveurs danois ont sevré en moyenne 34 porcelets par truie en production et par an. Les Pays-Bas et l’Allemagne sèvrent respectivement 32,1 et 30,2 porcelets par truie et par an. La France talonne l’Allemagne de très près et se classe 6e parmi les pays étudiés, avec 30,1 porcelets sevrés par truie par an. Ces performances restent relativement stables sur la moyenne des pays étudiés (+0,3 % par rapport à 2020). Le Danemark et les Pays-Bas affichent parmi les coûts du travail les plus élevés. Mais ces coûts sont compensés par la forte productivité de leur main-d’œuvre. Leurs bâtiments et l’organisation sont optimisés pour réduire le temps de travail. À l’inverse, le Brésil et dans une moindre mesure la Hongrie et la République tchèque présentent les coûts de travail les plus faibles, entre 2,30 euros et 8,50 euros de l’heure. Leur productivité du travail est bien plus faible que celle des autres pays, entre 48 kilos et 77 kilos de carcasse produits par heure de travail respectivement en Hongrie et au Centre Ouest du Brésil. La hausse des coûts de revient s’est poursuivie en 2022. Les coûts alimentaires ont continué leur croissance, alors que la crise des matières premières perdure, aggravée par la guerre en Ukraine. À cela s’ajoute la crise énergétique qui impacte un peu plus les résultats des élevages.
Un réseau d’experts internationaux en production porcine
Le réseau Interpig regroupe un panel mondial d’experts spécialisés en production porcine. La France est représentée par l’Ifip. Depuis 2003, ils construisent une base de données commune des résultats technico-économiques des élevages de leur pays. Les données d’entrée sont les résultats moyens d’échantillons d’élevages de chacun de ces pays. Plusieurs critères sont comparés et suivis dans le temps, comme le coût de revient des porcs charcutiers et des porcelets, le prix de vente des porcs, les prix des intrants et facteurs de production et les performances techniques. L’une des particularités de la méthode Interpig est que les amortissements des bâtiments et équipements sont évalués par leur valeur de remplacement à neuf, souvent supérieure aux amortissements comptables. Cette méthode estime des coûts de revient relativement élevés, mais qui prennent en compte le besoin de réinvestissement à long terme pour maintenir le potentiel de production.