Deux visions possibles pour l’engraissement de porcs de demain
Deux concepts très différents ont été imaginés pour concevoir un engraissement de demain permettant de concilier environnement et bien-être animal.
Deux concepts très différents ont été imaginés pour concevoir un engraissement de demain permettant de concilier environnement et bien-être animal.
Midiporc, l’Ifip et les acteurs de la filière porcine d’Occitanie ont imaginé le bâtiment d’engraissement de demain intégrant le bien-être animal et la protection de l’environnement. Rapidement, deux visions très distinctes sont apparues tout en partant d’un cahier des charges commun : cases de 28 animaux avec 1,5 m² par porc ; distinction de trois zones de vie (repos, alimentation, activité et déjections) ; présence de courette extérieure intégralement couverte ; caillebotis associé à un gisoir ; raclage en V ou lisier flottant sous les zones de déjections. Deux options se différencient selon la surface du gisoir et de la courette extérieure. Dans la première, le gisoir dédié au repos occupe un tiers de la surface totale (0,5 m²/porc). Il s’agit d’une zone intérieure équipée de cloisons mobiles pour adapter la surface disponible à la taille croissante des animaux. Cette zone doit rester propre. Les porcs disposent également d’une courette de 1 m²/porc. Elle est sur caillebotis et on y trouve la zone d’alimentation et de déjections. L’ensemble du bâtiment est en ventilation statique. Il n’y a donc pas de possibilité de traiter l’air extrait. Avec la seconde option, les zones de vie sont inversées. Dans l’espace intérieur sur caillebotis, les porcs disposent chacun d’une surface de 1 m². On y trouve la zone d’alimentation et une zone de déjections. La ventilation est gérée de manière dynamique et en surpression, ce qui permet l’installation d’un laveur d’air. Un jeu de barrière permet à la fois d’agrandir les zones de vie selon l’âge des animaux et de créer une zone d’infirmerie à l’intérieur de chaque case. La surface de la zone courette est de 0,5 m² par porc et la ventilation y est gérée de manière statique. On y trouve un gisoir paillé surmonté d’un capot afin de respecter le confort thermique des animaux en hiver, mais aussi un filet brise-vent et des rampes de brumisation pour gérer l’ambiance en période estivale. Côté alimentation, dans les deux cas, les matières premières utilisées sont sans OGM et produites localement. Si besoin, le tourteau de soja importé proviendra de filières garanties sans déforestation. Les rations sont gérées en triphase avec une formulation à bas taux protéiques et une utilisation de phytases.
Réduction de 50 % des gaz à effet de serre
Les performances environnementales de l’engraissement sont calculées sur trois critères (consommation d’énergie, émissions d’ammoniac et de gaz à effet de serre (GES)). Elles sont comparées à celles de deux élevages de référence classique sur caillebotis intégral, l’un sans bonne pratique (Réf), et l’autre avec lavage d’air et couverture associée à de la méthanisation passive de type Nénufar (Réf env +).
– Les réductions de consommations d’énergie permises par la ventilation statique du bâtiment majoritairement ouvert atteignent 90 % par rapport aux élevages de référence (en ventilation dynamique). Pour le bâtiment majoritairement fermé, l’installation d’une gaine centralisée permet de réaliser des économies sur la ventilation. Mais elles sont annulées par la ventilation en surpression. Il n’y a donc pas de réduction d’énergie avec cette option, en comparaison avec les élevages de référence.
– Les émissions d’ammoniac sont très dépendantes de la localisation des déjections dans la case. Si les cochons défèquent à l’endroit prévu et que les déjections sont normalement évacuées par les racleurs, les émissions sont identiques à celles d’un bâtiment conventionnel équipé d’un laveur d’air (Réf env +). Elles sont même légèrement réduites si le bâtiment alternatif est lui-même équipé d’un laveur d’air. Cependant, si les déjections ne sont pas maîtrisées et qu’elles souillent les gisoirs, les émissions d’ammoniac augmentent jusqu’à 30 %.
-Les émissions de GES sont réduites de 50 % dans les deux bâtiments alternatifs étudiés par rapport au bâtiment conventionnel équipé d’une méthanisation passive (Réf env +). Cette performance est à mettre au crédit du raclage en V et de la méthanisation passive qui les équipent. Ces deux techniques limitent fortement les émissions de méthane au bâtiment et au stockage. En revanche, si le bâtiment alternatif utilise uniquement la méthode de lisier flottant à la place du raclage et de la méthanisation passive, on retrouve des rejets similaires à ceux d’un bâtiment conventionnel sans bonnes pratiques environnementales.
Le coût de ces bâtiments est élevé. Globalement, ces deux configurations d’élevage multiplient quasiment par 2, voire 2,5, le coût d’une place (hors surcoût du raclage en V) sur la base du coût des matériaux en janvier 2021 par rapport au bâtiment de référence sans bonnes pratiques.