EARL Grande Boixière à Corseul dans les Côtes-d’Armor
Biosécurité et performances vont de pair en multiplication
Chez Jacques Guguen et Alexis Didion, la biosécurité mise en place dès la création de l’élevage de multiplication sous air filtré, il y a trois ans, se conjugue avec leur rigueur pour produire des cochettes Nucléus à haut statut sanitaire.
Chez Jacques Guguen et Alexis Didion, la biosécurité mise en place dès la création de l’élevage de multiplication sous air filtré, il y a trois ans, se conjugue avec leur rigueur pour produire des cochettes Nucléus à haut statut sanitaire.
Dans ce nouvel élevage de multiplication de 250 truies inauguré en 2015, la biosécurité commence avant même l’entrée dans l’élevage. Les visiteurs sont priés de se déchausser à la porte et de placer leurs chaussures dans des casiers. Après un lavage minutieux des mains au savon puis avec une solution hydroalcoolique, les intervenants habituels (techniciens, vétérinaires) doivent pointer, une opération réalisée également par les deux éleveurs, Jacques Guguen et Alexis Didion. Un registre trace toutes les entrées. Le nom des visiteurs est inscrit sur la porte de la douche qui leur est affectée. Après avoir intégralement changé de tenue, vous arrivez enfin dans le bureau d’accueil où sont regroupés à la fois les terminaux de gestion de l’alimentation et de la ventilation, le bureau et la zone de détente. Tout ceci dans un local aussi propre qu’une salle d’hôpital. Plus loin, l’élevage est séparé en trois zones. Le naissage est matérialisé par des équipements bleus, cottes et bottes inclus. Le post-sevrage est en vert, et l’engraissement en rouge. Changement de tenue obligatoire entre les trois zones. « La biosécurité couplée avec la filtration de l’air entrant dans l’élevage est pour nous une obligation pour produire des cochettes de qualité dans une zone à forte densité porcine », explique Alexis Didion, installé avec son oncle en 2014, avec un projet de reprise totale des parts de l’exploitation à son départ à la retraite.
Titulaire d’un BTSA et originaire de la région parisienne, ce sont ses séjours répétés dans l’élevage durant ses vacances qui lui ont donné le virus du cochon. Après avoir passé sept ans en tant que salarié dans un élevage de Ploubalay, dans les Côtes-d’Armor, il prend la décision de s’installer en multiplication lignée femelle Nucléus (Landrace x Large White). « C’est à la porte ouverte au Gaec de l’Ille en 2012, trois jeunes multiplicateurs Nucléus associés, que j’ai eu le déclic, se souvient-il. Ce choix, exigeant mais passionnant, correspond à ma façon de travailler. La rigueur sur l’hygiène et la protection sanitaire n’est pas une contrainte pour moi, mais une manière de travailler efficacement et de ne pas perdre de temps. » Car Alexis Didion n’est pas du genre à passer sa vie dans l’élevage. « J’ai une famille et je veux disposer de temps libre comme n’importe quel jeune de mon âge, souligne-t-il. Il faut donc planifier le travail du mieux possible sans perdre de temps. » Par exemple, l’idée de « badger » les visiteurs lui permet de gérer le temps qu’il passe avec eux. La ventilation est entièrement pilotée depuis le bureau central, ainsi que les DAC des truies gestantes et l’alimentation multiphase des porcelets et des porcs charcutiers. Tout est évidemment connecté à internet pour intervenir si besoin à distance. « J’ai calculé qu’un déplacement de mon domicile à l’élevage aller-retour en prenant la douche me prend 22 minutes. C’est trop pour faire une intervention qui ne dure parfois que quelques secondes ! »
13,2 porcelets sevrés par portée
Cette rigueur de travail et la protection sanitaire se traduisent par les résultats techniques excellents, notamment sur le cheptel truies. « Les deux points forts des reproducteurs sont le taux de pertes en maternité (5,3 % sur nés vifs) et le nombre de porcelets sevrés, à 13,17 par portée sur les quinze derniers mois », analyse Alexis Didion. Le faible niveau de pertes est favorisé par la présence de cases balance en maternité. « C’est un outil qui sert à réduire le nombre d’écrasés et à optimiser la main-d’œuvre », justifie l’éleveur. Pour le schéma Nucléus, cet équipement n’est pas contradictoire avec le statut de multiplicateur. « Le rôle d’un multiplicateur est de diffuser le plus de cochettes possible », tient à préciser Vincent Cousin, responsable technique Nucléus. Alexis Didion constate que grâce à cette faible mortalité et à un taux de morts nés constant autour de 0,6 par portée, le nombre de porcelets sevrés atteint 14 porcelets dès que le nombre de nés totaux dépasse 15,5. « Je les sèvre quasiment tous sous la mère à 21 jours. La génétique Landrace, qui constitue mon troupeau de reproductrices, a des capacités d’allaitement et d’adoption importantes. Elles miment la lactation avant même de mettre bas ! », constate-t-il. L’éleveur souligne qu’il obtient ces résultats malgré le vieillissement de son cheptel, provoqué par un renouvellement insuffisant suite au peuplement de l’élevage. "L’introduction accélérée de nouvelles cochettes devrait faire progresser les performances, car grâce aux efforts de sélection, la prolificité des cochettes chez les sélectionneurs est du même niveau que celle des multipares », affirme Vincent Cousin, responsable technique du schéma Cooperl. Un constat qui permet à Alexis Didion de se fixer un objectif de plus de 13,5 porcelets sevrés par portée à court terme.
Outre les performances de reproduction, le point fort de cet élevage est l’absence de contaminants majeurs. Il est indemne de SDRP, de mycoplasme et d’actinobacillus tous sérovars. Un statut qui contribue également aux bons résultats techniques en engraissement, avec un indice de consommation 30-115 kg de 2,68 (engraissement des mâles entiers à façon), un taux de pertes sevrage-vente de 3,2 %, et une plus-value globale de plus de 20 c/kg à l’abattoir.
EARL Grande Boixière en chiffres
« La multiplication près des zones de production est nécessaire »
« Nous avons besoin d’avoir des ateliers de multiplication à proximité des élevages de production afin de faciliter la logistique des animaux. Pour les protéger sanitairement, nous avons mis en place la filtration de l’air entrant. Le premier, le Gaec du Bas Frémur à Ploubalay, dans les Côtes-d’Armor, date de 1996. Grâce aux mesures strictes de biosécurité, il a conservé son statut sanitaire de haut niveau. À la Cooperl, 69 % des cochettes commercialisées sont indemnes de mycoplasme et 97 % sont négatives SDRP. »
« 100 % des nés supplémentaires sont sevrés »
« Depuis deux ans, le progrès génétique a fait gagner 0,23 né vivant par portée aux lignées femelles Nucléus. Dans le même temps, le nombre de porcelets sevrés a également augmenté de 0,23, ce qui veut dire que 100 % des nés supplémentaires sont viables et qu’ils sont sevrés. Aujourd’hui, nous demandons aux sélectionneurs des lignées femelles de « lâcher prise », c’est-à-dire d’intervenir le moins possible en cours de lactation. Les truies doivent se débrouiller toute seule pour sevrer tous leurs porcelets. L’apport des cases balances à l’étage de la sélection n’est pas contradictoire avec le progrès génétique. Nous développons actuellement un système de palpeur dans la case de mise bas qui objective le critère nervosité des truies en comptabilisant le nombre de lever et de coucher. C’est plus objectif et plus acceptable d’un point de vue éthique que de comptabiliser le nombre d’écrasés. »