2019, année faste pour les éleveurs de porcs du monde entier (sauf pour les pays asiatiques)
L’année 2019 a imprimé une forte hausse des prix perçus qui a profité à la plupart des producteurs de porcs du monde entier. Les résultats des exploitations sont très globalement positifs.
L’année 2019 a imprimé une forte hausse des prix perçus qui a profité à la plupart des producteurs de porcs du monde entier. Les résultats des exploitations sont très globalement positifs.
Les prix perçus par la plupart des éleveurs de porcs des 19 pays suivis dans le réseau d’experts internationaux Interpig ont été particulièrement élevés en 2019, notamment du fait de l’augmentation de la demande asiatique. Le Brésil, le Danemark, l’Espagne et les États-Unis en tirent le plus de profit, avec des écarts entre prix perçu et coût de revient supérieurs à 20 centimes d’euros par kilogramme de carcasse. Seuls six pays présentent des résultats négatifs : l’Irlande, l’Italie, la République tchèque, la Suède, la Grande-Bretagne (porcs plein-air), peu présents sur le marché de l’export et le Canada, frappé par des barrières à l’exportation vers la Chine entre juin et novembre 2019.
Des coûts de revient dispersés
En 2019, le coût de revient des porcs standard des Amériques est resté très inférieur à celui des porcs européens, avec une moyenne de 1,04 euro par kilo de carcasse contre 1,55 euro en Europe (hors Italie). Les porcs lourds italiens, différenciés, sont les plus chers à produire. Cet écart avec nos concurrents outre-Atlantique s’explique par leurs prix de l’aliment très compétitifs mais aussi par des charges de main-d’œuvre (excepté au Canada) et prix des bâtiments inférieurs aux Européens. Entre 2018 et 2019, les coûts de revient ont été stables en moyenne (-0,4 %), mais leur variation oscillait selon les pays entre -9 % au Canada et +8 % aux États-Unis. La hausse du prix de l’aliment aux États-Unis (+11 €/tonne), liée notamment aux mauvaises récoltes en maïs et à la chute du dollar par rapport à l’euro, a impacté leur coût alimentaire. Au Canada, à l’inverse, le prix de l’aliment était en baisse. Plus largement, les différences de coût de revient entre pays sont liées d’une part aux prix des facteurs de production (aliment, main-d’œuvre, bâtiments), et d’autre part aux performances techniques des élevages (productivité des truies, indices de consommation, productivité du travail, croissance des animaux, etc.). Les charges opérationnelles diverses peuvent avoir un impact important dans certaines situations, comme aux Pays-Bas où la gestion des effluents d’élevage est coûteuse. L’alimentation représente le plus gros poste de charge, de 48 % du coût de revient en Finlande, et jusqu’à 76 % au sud du Brésil, pour une moyenne de 62 %. Depuis 2015, le Canada et le sud du Brésil, qui présentent les plus grosses diminutions de leur coût de revient en tendance (-15 %), sont aussi ceux dont le prix de l’aliment a le plus chuté sur cette période (-16 et -10 %). À l’inverse, les coûts de revient tchèques et hongrois augmentent fortement depuis 2015 (+7 et +12 %), du fait de la hausse du prix de l’aliment mais aussi du coût horaire du travail et du prix des bâtiments. Ces majorations s’accompagnent de performances techniques en croissance.
Progression des performances techniques
Le Danemark, spécialiste du naissage reste leader en termes de productivité des truies, avec 33,6 porcelets sevrés par truie en production et par an. Il est suivi de la République tchèque, dont les performances augmentent régulièrement depuis de nombreuses années (+13 % depuis 2015 en tendance). Les Pays-Bas clôturent le podium, talonnés par l’Allemagne. La France se place en 5e position (+6 % depuis 2015). Les Danois présentent des gains de productivité des truies enviables (+8 % depuis 2015) mais la hausse du taux de mortalité des porcelets en maternité (+1,5 point depuis 2015) pourrait traduire un essoufflement de leur progression. L’indice de consommation des principaux exportateurs européens diminue peu entre 2015 et 2019 par rapport à leurs concurrents américains : -4,6 % pour les États-Unis et jusqu’à -7,1 % dans le sud du Brésil. Le Danemark et les Pays-Bas affichent les coûts du travail les plus élevés. Ils les compensent par la forte productivité de leur main-d’œuvre. Leurs bâtiments et l’organisation sont optimisés pour réduire le temps de travail. À l’inverse, le Brésil et dans une moindre mesure la Hongrie et la République tchèque présentent les coûts de travail les plus faibles (moins de 5 euros de l’heure). Ils s‘accompagnent d’une productivité du travail inférieure à celle des autres pays, entre 44 kilos en Hongrie et 82 kilos de carcasse produits par heure de travail au Centre Ouest du Brésil. Les résultats des élevages de porc risquent d’être moindres en 2020, du fait de la baisse des prix perçus, notamment en Europe. La crise de la Covid-19 perturbe le secteur de l’abattage en Europe et la consommation de porc, entraînant une contraction des cours. Dans ce contexte, l’arrivée de la FPA en Allemagne ajoute de nombreuses incertitudes sur le marché.
Le réseau Interpig regroupe un panel mondial d‘experts spécialisés en production porcine. Depuis 2003, ils construisent une base de données commune des résultats technico-économiques des élevages de leur pays. Les données d’entrée sont les résultats moyens d’échantillons d’élevages de chacun de ces pays. Plusieurs critères sont comparés et suivis dans le temps, comme le coût de revient des porcs charcutiers et des porcelets, le prix de vente des porcs, les prix des intrants et facteurs de production et les performances techniques. L’une des particularités de la méthode Interpig est que les amortissements des bâtiments et équipements sont évalués par leur valeur de remplacement à neuf, souvent supérieure aux amortissements comptables. Cette méthode estime des coûts de revient relativement élevés, mais qui prennent en compte le besoin de réinvestissement à long terme pour maintenir le potentiel de production.