Aller au contenu principal

Race cotentin
Une race renommée pour ses qualités bouchères et maternelles


La Manche est un grand département d´élevage : vaches laitières (Normandes bien entendu), chevaux de trait (Cob Normand), de concours hippique (Selle Français), galopeurs, trotteurs, sont les animaux les plus connus de ce terroir toujours vert, de cette douce et riche contrée. Ce qui est moins connu, c´est que la Manche est aussi le premier département de France pour le nombre d´éleveurs ovins (plus de 7000 au dernier recensement) et elle accueille les berceaux de trois races ovines locales : l´Avranchin, le Cotentin et le Roussin de la Hague. La taille moyenne des cheptels est de treize brebis par élevage. Dans la Manche, tout le monde (ou presque) élève des brebis. A cette situation d´élevage si particulière, il fallait une race particulière. La plus représentative de ces petits troupeaux est sans conteste la Cotentine.
Berceau
Comme beaucoup d´autres races, le Cotentin porte le nom de son berceau, et une part de l´histoire de son terroir. L´élevage du Cotentin était jusqu´à une époque récente lié à l´élevage des chevaux de course. Les grands haras de la Manche avaient leur petite troupe de brebis Cotentines.
Ces éleveurs de chevaux lui ont ouvert les portes de concours qui, pour être locaux et bien moins dotés que les grands prix hippiques, n´en représentaient pas moins un enjeu de notoriété fondamental pour ces élevages. Cette tradition d´élevage dans les haras se perd, la Cotentine est aujourd´hui élevée par tout un chacun dans le bocage de la Manche, mais elle n´a rien perdu de ses qualités. Elle s´épanouit pleinement dans les innombrables petits élevages qui l´accueillent. Les éleveurs ont gardé et cultivé l´intérêt pour les concours, et l´art d´apprêter un animal, en partie hérité de la tradition équine.
Ce beau couple montre l´homogénéité de la race. ©T. P.

Standard
Un bélier Cotentin doit « avoir de la race », « être fait en montant » et arborer avec fierté sa tête large et rose (souvent lavée et rasée pour les présentations) émergeant de son abondante toison d´un blanc parfait. Un mufle large, un chanfrein presque concave achèvent de peindre le portrait de cet animal puissant : les femelles atteignent fréquemment les 100 kg et certains mâles dépassent allègrement les 140 à 150 kg.
La toison épaisse, semi fermée, avec des fibres d´un diamètre d´environ 35 µm, d´une longueur de 12 cm, peut atteindre 6 à 7 kg pour les mâles.
Enfin, n´oublions pas que c´est aujourd´hui une race à vocation bouchère, avec de réelles qualités maternelles (prolificité : 1,8 agneau par mise bas) et de conformation.

Origines
Les origines de la race ont fait l´objet de travaux conduits par Louis Reveleau. Comme toutes les races herbagères de l´Ouest de la France, elle est originaire d´une population locale que l´on serait bien en peine de décrire. Cette population a subi au cours des siècles des modifications par infusions de sang successives des races considérées comme amélioratrices suivant les époques. Deux influences semblent se détacher dans le cas de la Cotentine : les apports de sang flandrin à la fin du XIXe siècle, dont découle la bonne prolificité de la race, et des influences du groupe des « longwool » anglais, probablement du Dishley, qui a permis d´augmenter la longueur de la mèche et le gabarit des animaux. La sélection dans son milieu d´élevage particulier avec les objectifs particuliers de ses éleveurs ont achevé, de génération en génération, de façonner cette race étonnante.
Sur les herbages, les petits troupeaux sont légion. ©T. P.

Effectifs
La Cotentine fait partie des races à faible effectif. Environ 200 brebis réparties dans quinze élevages sont suivies en contrôle de performances et reconnues par l´Union de promotion de la race. Cette petite élite d´éleveurs n´est cependant pas représentative, en nombre, de la quantité d´élevages existant dans la Manche, mais qu´il est impossible de dénombrer avec précision (probablement près de 1000 élevages et 5000 brebis, plus ou moins pures).
La Cotentine tire la vigueur de sa population du nombre important d´éleveurs hors Upra et de l´engouement que suscite ce mouton puissant et imposant dans les concours agricoles d´été. Ses qualités décrites ci-dessus en font un animal apprécié des éleveurs exigeants sur la présentation de leurs animaux.

Production de viande
La Cotentine peut produire des agneaux de 20 kg de carcasse, mais c´est avec des bêtes abattues aux alentours de 25 kg qu´elle offre le meilleur de sa viande. Evidemment, ces agneaux lourds ont quelques difficultés à être vendus dans les circuits de commercialisation classiques, mais le réseau dense et compétent de petites boucheries locales connaissant ses qualités suffit à écouler la production. Les larges côtelettes des agneaux Cotentins font le régal des gourmets. De plus, la tradition des rôtisseurs dans le Nord Cotentin conforte cette race. Présents sur tous les marchés et dans les foires, ces derniers permettent aux amateurs de profiter pleinement des qualités gustatives exceptionnelles de ces animaux.
L´agneau produit à l´herbe sera vendu à bon poids et bon prix. ©T. P.

En savoir plus
Upra Avranchin Cotentin Roussin
Thomas Pouille
Maison de l´agriculture
Avenue de Paris
50009 Saint-Lô
Tél.. : 02 33 06 46 95.

Les plus lus

Laura Chalendard, éleveuse ovin dans la Loire
« On n’a plus d’autre choix que d’abandonner, de renoncer à son rêve » - Des inégalités de genre encore omniprésentes dans le monde agricole
« Vous vous en sentez capable ? » : une question que les femmes en cours d’installation connaissent par cœur…
Vincent Bienfait
« Je gagne 2,6 Smic avec le système ovin pâturant que j’ai développé »
Éleveur multiplicateur de brebis Romane dans le Morbihan, Vincent Bienfait a mis en place un système très pâturant, encore peu…
Lauriane, étudiante en école d’ingénieurs à AgroParisTech
« Les violences sexuelles salissent le monde agricole »
À la campagne, l’anonymat n’existe pas. En raison de la promiscuité dans les zones rurales peu denses où « tout le monde se…
Le pâturage hivernal des brebis sur les prairies bovines fait partie des études en cours au sein du Ciirpo.
Le Ciirpo se projette dans l’avenir de la production ovine
En 2024, une trentaine d’études est en cours au Ciirpo. Et les projets ne manquent pas, entre l’adaptation au changement…
Pierre Stoffel avec son chien
« J’ai à cœur de maintenir la commercialisation en circuit court de mon élevage ovin ! »
Confiant, Pierre Stoffel, à peine 20 ans, vient tout juste de reprendre l’exploitation familiale en individuel, que son père a…
Albédomètre
Innover et tester pour les éleveurs ovins
Reconnu pour son impartialité, le Ciirpo expérimente de nouvelles techniques en production ovine avec des essais réalisés…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 93€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre