Benat et Véronique Biscay, éleveurs ovins et bovins dans les Pyrénées-Atlantiques
"Nos brebis ont des parasites résistants aux anthelminthiques"
"Les premiers signes cliniques d’inefficacité des traitements anthelminthiques sont apparus en décembre 2019. Certaines de nos brebis basco-béarnaises avaient des symptômes d’anémie observables au niveau des yeux et de la vulve. Nous traitions à la descente d’estive en septembre avec l’Ivomec (ivermectine) et faisions un traitement à la Cydectine (moxidectine) avant la mise bas en novembre. En mai 2020, après avoir traité à l’Eprecis et l’Eprinex Multi, deux formulations différentes d’éprinomectine, deux de nos brebis sont mortes.
Nous n’avons d’abord pas pensé à la résistance parasitaire, mais après avoir eu 15 brebis malades et anémiées simultanément, nous avons contacté les vétérinaires du Centre départemental pour l’élevage ovin et de l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Ils ont fait des tests de résistance avec huit lots de test : un lot sans traitement et les lots avec traitements par plusieurs anthelminthiques. Les coprologies réalisées ont ensuite mis en évidence une résistance des strongles à l’éprinomectine et à l’ivermectine, ce qui rend ces molécules totalement inefficaces dans notre élevage.
Pour résoudre le problème, nous avons changé notre gestion du pâturage avec du pâturage cellulaire. Les brebis sont dans des petits parcs, dans lesquels elles ne reviennent pas avant 50 jours, intervalle pendant lequel les vaches ont pâturé. Les brebis sont également rentrées après le traitement d’automne. Depuis fin novembre 2020, nous n’avons pas fait de traitement et le parasitisme est suivi par coprologie. Les brebis sortent le 15 février donc les premières coprologies sont faites le 15 mars, puis au vu des bons résultats, les suivantes ont été faites fin avril un peu avant la mise à l’IA. Une autre coprologie vient d’être faite à l’estive, la pression parasitaire a un peu augmenté mais semble stabilisée. Nous ferons une autre coprologie à la descente de l’estive. Les vétérinaires vont aussi travailler sur l’identification des strongles pour cibler au mieux les traitements que nous pouvons faire au début de tarissement ou à la descente d’estive, selon les résultats.
Les vétérinaires continueront leur suivi l’année prochaine pour avoir plus de recul. C’est une gestion contraignante mais qui marche, et idéalement, nous arriverons à utiliser beaucoup moins de traitements."