Les laines locales se tricotent un avenir
Considérée par nombre d’éleveurs comme un déchet par manque de rentabilité, la laine peine à retrouver ses lettres de noblesse. Certains n’hésitent cependant pas à retrousser leurs manches pour valoriser localement cette noble matière première.
Considérée par nombre d’éleveurs comme un déchet par manque de rentabilité, la laine peine à retrouver ses lettres de noblesse. Certains n’hésitent cependant pas à retrousser leurs manches pour valoriser localement cette noble matière première.
La laine n’est plus utilisée qu’à hauteur de 1,5 % des besoins textiles dans le monde. Comment maintenir sa position face à l’élasthanne, le polyamide, la viscose et autres textiles issus de la chimie ? Les fibres synthétiques représentent les deux tiers du textile mondial. Le coton approche les 30 % à lui seul. La laine souffre. Sa transformation est onéreuse, difficilement industrialisable. Les consommateurs s’en sont détournés pour des textiles plus faciles à porter, à laver. Dans l’imaginaire collectif, la laine est toujours liée au pull qui gratte et qui tient toujours trop chaud. Heureusement, la réalité est toute autre et de plus en plus d’éleveurs et d’artisans se mobilisent pour remettre en état de marche cette filière qui bas de l’aile. Actuellement le kilo de laine est payé à l’éleveur autour de 40 centimes, la matière sera exportée, transformée à bas coût, principalement en Asie, et reviendra sur le marché français du textile. Quelques irréductibles filatures françaises persistent malgré le désenchantement de la filière laine de ces dernières décennies. Elles survivent grâce à leur petite taille, il s’agit pour la plupart de microstructures et grâce à la disponibilité de la matière première.
Cependant, « il y a un vrai travail d’information et de pédagogie à mener auprès des éleveurs pour leur faire comprendre que leur laine a de la valeur et qu’il est donc nécessaire de respecter cette matière première pour qu’elle puisse ensuite être bien valorisée », remarque Bruno Dépalle, gérant de l’unité de lavage de laine de Saugues, en Haute-Loire. Et pourtant, qui saurait les en blâmer ? La laine vendue aux grossistes ne paye même pas le tondeur et le ramasseur. C’est pourquoi de nombreuses petites structures et associations s’engagent à reverser un prix minimum à l’éleveur qui incite à prendre soin de la toison de ses bêtes voire de sélectionner celles-ci en fonction de leurs aptitudes lainières. Toutes les laines ne sont cependant pas valorisables pour l’habillement, mais de nombreuses idées germent dans la tête des artisans textiles, qui voient une opportunité pour valoriser un matériau local et avantageux par de nombreux aspects. Partout en France fleurissent des initiatives pour faire connaître ce textile traditionnel et le remettre au goût du jour tout en enrichissant le métier d’éleveur. En effet, la conduite du troupeau a un impact non négligeable sur la qualité de la laine. « Une belle toison est représentative d’une bonne santé de l’animal et d’une bonne génétique », rappelle Pierre Reveillac, éleveur de brebis caussenardes dans le Lot.
La laine a de la valeur
En savoir plus
Les prochaines journées nationales de la laine se tiendront du 25 au 27 octobre à Felletin dans la Creuse.