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Agneaux de bergerie
Les avantages du tunnel d'engraissement

Le tunnel, un bâtiment peu coûteux qui améliore les résultats et les conditions de travail de Éric et David Rouillère du Gaec Pontron, dans le Maine-et-Loire.

« Ce tunnel a coûté nettement moins cher qu’un bâtiment en dur, mais il a beaucoup amélioré les résultats d’engraissement et réduit la pénibilité » assurent Eric et David Rouillère, associés avec leur mère Michèle, lors d’une journée organisée par le groupement ovin de Ter’Elevage en mai dernier. Installés sur 117 hectares, dont 21 ha de prairies naturelles et 96 ha de prairies temporaires au Loroux-Béconnais dans le Maine-et-Loire, ils exploitent 850 brebis à dominante Suffolk. Bien que le potentiel des terres soit limité et ne permette pas la production de céréales, le système est basé sur la valorisation de l’herbe, avec du pâturage toute l’année et, en fin de gestation et lactation, une ration à base de foin et un aliment basse énergie. Jusqu’à il y a 3 ou 4 ans, 80 % des agneaux commercialisés étaient finis à l’herbe. « Ils vont au pâturage avec leur mère et nous les complémentons au champ, explique Eric Rouillière. Ils sont vendus à 139 jours. Comme en été, il n’y a pas beaucoup d’herbe, ils mangent pratiquement autant d’aliment que des agneaux de bergerie. De plus, ils sont vendus de mai à septembre, avec une grosse sortie en août, à une période où les prix ne sont pas très élevés. Enfin, cela représente beaucoup de travail. » Comme ils veulent valoriser un maximum de carcasses en démarche qualité et répartir le travail sur l’année, Eric et David Rouillière ont décidé d’étaler leur production et d’augmenter la part d’agneaux de bergerie.

Ils ont repositionné un lot de mises bas en novembre, afin de fournir des agneaux en février. « En 2010, nous avons encore plus étalé les agnelages » précise Eric Rouillère. Et surtout, ils ont mis en place un tunnel d’engraissement isolé. « Nous n’avions pas assez de place dans les anciens bâtiments pour faire plus d’engraissement. Et le travail était pénible car il fallait distribuer l’aliment au seau. » Le tunnel de marque Filclair de 24 mètres sur 9,30 mètres et 4 mètres de haut au faîtage a été installé en décembre 2009. Le montage s’est fait en deux jours avec cinq personnes. Il est constitué d’arceaux recouverts d’une bâche camion de 600 g/m2 à l’extérieur (garantie 10 ans), d’une bâche simple de 150 g/m2, blanche à l’intérieur, et de 8 cm de laine de verre entre les deux. Sur les côtés, des tôles de 1,60 m de haut protègent la bâche intérieure. Les arceaux sont positionnés tous les mètres, ce qui évite d’avoir recours à des barres transversales, qui auraient gêné le passage du tracteur. Les arceaux sont enfoncés dans le sol de 15 cm et la bâche est repliée dans une tranchée de 30-40 cm de profondeur et recouverte de terre. Mis à part quatre plots de béton aux quatre coins, il n’y a pas de fondations. Les deux pignons sont constitués de tôle ajourée, d’un filet brise-vent et d’un portail. « Comme le tunnel ne mesure que 24 mètres de long, la ventilation par les pignons suffit, précise Eric Rouillère.Quand il fait chaud, nous ouvrons les deux portails. » Le bâtiment est divisé en une aire paillée de 7,5 mètres de large, qui peut être séparée en cinq parties par des claies, et en un couloir servant au tri, aux pesées, au paillage manuel… Une chaîne, alimentée par une vis à partir d’un silo de 12 mètres cubes, distribue l’aliment dans cinq nourrisseurs.

De décembre à mai, 700 agneaux y ont été engraissés. « Le tunnel peut contenir 200 à 300 agneaux, précise Eric Rouillère. Notre objectif, pour l’amortir, est qu’il soit plein de janvier à avril.Nous sevrons 150 à 160 agneaux toutes les six semaines. Et quand il y a de la place, il sert aussi à l’élevage des agnelles de renouvellement et à l’engraissement des brebis. » Les éleveurs en sont satisfaits. « L’ambiance y est très bonne, assurent-ils. Il y a une bonne ventilation. Et comme il est isolé, il y a moins de variations de température que dans les anciens bâtiments. L’hiver, la température ne descend pas trop bas et l’été elle ne devrait pas monter trop haut. » Depuis qu’ils l’utilisent, la consommation d’aliment (le même que celui des brebis), qui était de 60-65 kg/agneau de bergerie, a diminué.

A poids équivalent, les éleveurs ont également avancé Le couloir sert au tri, aux pesées, aux interventions et au paillage. Il va être bétonné. La chaîne d’alimentation se déclenche toute seule quand les nourrisseurs sont presque vides. Les deux éleveurs ont beaucoup gagné en temps de travail et en pénibilité. d’une semaine la date d’abattage des agneaux. Les interventions sanitaires ont été réduites par rapport aux agneaux d’herbe (un Vecoxan au lieu d’un vermifuge toutes les 4 à 6 semaines). « Nous allons faire un vide sanitaire complet en octobre ». L’augmentation de la part des agneaux de bergerie laisse par ailleurs plus d’herbe aux brebis. « Mais en contre-partie, il y a plus de mères à garder en bergerie jusqu’au sevrage, ce qui augmente le coût d’alimentation des brebis » souligne Eric Rouillère.

Les éleveurs ont beaucoup gagné en temps de travail et en pénibilité. Si le paillage et l’approvisionnement en fourrage se font pour l’instant à la main, le curage (tous les 2- 3 mois) se fait au tracteur à partir des deux extrémités. « Il y a moins de travail qu’avec les agneaux d’herbe et moins de travail que dans les anciens bâtiments, apprécient-ils. Il n’y a surtout plus de seaux à transporter ! »

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