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Les arbres fourragers, future ressource pour les ovins

Avec la probable augmentation de longues périodes de sécheresse, les chercheurs se sont mobilisés autour des essences d’arbre qui permettraient de nourrir les ovins.

Le suivi et la recherche quant au potentiel des arbres fourragers face au changement climatique se sont fait une place à l’Inrae depuis quelques années. En effet, d’après Robin Russias, auteur de publications à ce sujet, « ces ressources fourragères étaient utilisées en Europe occidentale puis ont été abandonnées après la seconde guerre mondiale, c’est donc la preuve que c’est possible de nourrir les bêtes avec des arbres ». Les chercheurs étudient donc les possibilités de remettre cette pratique au goût du jour, afin de constituer une source complémentaire de fourrage en période de sécheresse.

La composition chimique des fourrages et des feuilles de plusieurs essences a été comparée en laboratoire, en plus de leur résistance à la sécheresse. Ainsi, une liste d’essences ayant un potentiel à la fois nutritionnel et de résilience climatique en Auvergne a été dressée suite aux analyses. On y retrouve l’érable champêtre, le charme commun, le frêne élevé, le chêne pédonculé, le robinier, le tilleul à grandes feuilles ou encore le cornouiller sanguin. Les qualités nutritionnelles des essences ont été évaluées par fermentation in vitro, et elles peuvent atteindre voire dépasser les qualités des fourrages plus classiques comme le ray-grass anglais (pour le sureau et le mûrier blanc par exemple). « Ce procédé exclut néanmoins les interactions des micro-organismes du rumen ovin, les paramètres d’appétence ou de toxicité », met en garde Robin Russias. Cela permet tout de même d’avoir une première idée du potentiel de chaque essence testée, notamment pour des expériences in vivo. Par exemple, une expérimentation a été menée par la suite avec deux essences tirées de la liste : le mûrier blanc et le frêne commun.

En travaillant à l’échelle du rameau et selon différentes fréquences de distribution de fourrage, les chercheurs ont observé, sans surprise, que les moutons ont plus d’appétence pour les feuilles que pour les branches. De plus, les branches contiennent plus de fibres et de protéines difficiles à digérer pour les ovins. Dans cette même étude, il a été démontré que quelle que soit la fréquence de distribution des rameaux, la quantité et la qualité de fourrage ingéré étaient la même. Il a fallu tenir compte de la capacité de production des arbres, et de l’évolution de la qualité des rameaux au fil de l’année. Même dans les moments secs, en gérant les périodes de prélèvement, un arbre peut produire assez pour couvrir les besoins d’entretien des ovins. En effet, « dans le cadre de l’expérimentation menée, un arbre représente 0,85 UGB nourri en juillet, ce n’est pas négligeable ». Il reste encore beaucoup d’aspects à tester pour pouvoir élargir les modèles, comme la quantité de feuilles ingérées par les animaux, et à long terme la mécanisation et la main-d’œuvre requise. Une piste de recherche est d’identifier les essences permettant d’obtenir des aides pour faciliter leur implantation dans les forêts et les pratiques agricoles.

Appel à témoins

Dans le cadre du projet ClimAgrof II, les techniciens du Ciirpo - Institut de l’Élevage souhaiteraient rencontrer et échanger avec des éleveurs ovins viande qui alimentent leur troupeau avec des feuilles et rameaux. Le projet est plutôt centré sur le Massif central, mais les éleveurs en dehors de cette zone sont les bienvenus dans l’enquête.

Contact : marie.miquel@idele.fr - Tél. 04 43 76 06 81

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