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L’écopâturage ovin se développe dans le Massif central

Les initiatives d’écopastoralisme se multiplient en France et dans le Massif central. L’entretien des espaces verts par les ovins s’inscrit dans une démarche vertueuse axée sur l’écologie et la promotion des ressources animales et humaines locales.

Au château de Castelnau-Bretenoux, sur la commune de Prudhomat, dans le Lot, des brebis assurent l’entretien des espaces herbagés. Pour cette prestation, le Centre des monuments nationaux fait appel à Monsieur mouton, marque de Landes espaces verts, spécialisée dans l’aménagement paysager et installée à Bio, dans le Lot. C’est en 2018, au moment de son installation au sein de l’entreprise familiale, que Jean Landes a mis en place ce projet de diversification.

Écopâturage, saison 3

Si l’écopâturage ne pèse que 5 % du chiffre d’affaires, son développement n’est pas négligeable. « On a doublé l’activité entre la première et la deuxième année et on a fait +50 % entre la deuxième et la troisième année », constate Jean Landes en racontant qu’au début il était passé pour l’illuminé du village. Aujourd’hui, les clients viennent d’eux-mêmes. Pour des sites qui s’y prêtent à l’image du château de Castelnau-Bretenoux, il lui arrive toutefois de provoquer la demande. Les terrains escarpés, en pente, d’une surface supérieure à 5 000 m2 lui conviennent. Si, en plus, l’écopâturage participe à l’attrait du site, à son charme et à son animation, c’est encore mieux. Plusieurs entreprises, clientes de Monsieur mouton, y trouvent un intérêt écologique, économique, social et de communication. C’est ainsi qu’à Brive une clinique de remise en forme s’est laissée séduire « par le côté sympa et apaisant des animaux », précise Jean Landes. De même, des moutons paissent en liberté autour des 25 gîtes haut de gamme des Collines de Sainte-Féréole. Monsieur mouton intervient aussi auprès de trois collectivités territoriales (la mairie de Cahors, la communauté d’agglomération du bassin de Brive et le Grand Cahors). En général, les brebis sont accompagnées de leurs agneaux. L’entreprise compte ainsi une vingtaine de clients, dont un seul particulier.

Un démarrage pas facile avec des brebis caractérielles

« C’est l’écopâturage qui m’a amené aux moutons », raconte Jean Landes en précisant avoir opté pour des races rustiques. Il s’est tourné vers les charmoises, solognotes et causse du Lot. Commercial de formation, il a tout appris sur le tas, avec l’aide du vétérinaire, de collègues agriculteurs et d’un border collie. Jean Landes avoue, tout de même, avoir été à deux doigts d’abandonner, dès la première année. Son premier chien ne réussissait pas à se faire respecter des solognotes.

Son cheptel se compose aujourd’hui de 150 brebis – de réforme ou nées sur place – et d’un bélier de chaque race. Hormis celles qui partent dans les vignes en hiver, les brebis restent six mois de l’année à Bio où une ancienne grange a été achetée pour les abriter. D’avril à octobre, elles vont « travailler » sur les chantiers. L’éleveur-paysagiste prévoit une brebis pour 1 000 m2, mais adapte ce principe en fonction de la saison. Elles peuvent séjourner plus ou moins longtemps sur un site, parfois pour six mois. Monsieur mouton réalise ainsi une vingtaine de chantiers par an pour un chiffre d’affaires de 50 000 euros, de quoi embaucher un berger saisonnier.

Les moutons, toujours moins chers que la mécanisation

« Pour les éleveurs, cela peut valoir le coup, mais c’est gourmand en temps », prévient Jean Landes en précisant qu’il intervient dans un rayon d’une heure autour de Bio, dans le Lot, le siège social de l’entreprise. « Quand elles s’échappent, c’est plus compliqué quand c’est à une heure de route », souligne-t-il en estimant qu’il en vivrait mieux s’il était installé en ville du fait de la proximité des entreprises. Les tarifs dépendent de la distance, du temps passé sur le chantier, de la taille de la parcelle et du fait qu’elle soit ou pas clôturée. Jean Landes assure que, dans les terrains escarpés, les engins sont toujours plus chers que les moutons.

Monsieur mouton est labellisé par Animal & cité. Cette plateforme certifie les prestataires sur leurs capacités à respecter les règles administratives, sanitaires et le bien-être animal.

L’entretien d’un espace naturel sensible

Enjeux naturalistes Sur la tourbière du Longeyroux, en Corrèze, à 800 mètres d’altitude, dans le Parc naturel régional de Millevaches en Limousin, on fait dans la dentelle et à une tout autre échelle. La plus vaste alvéole tourbeuse du plateau de Millevaches fait l’objet d’un arrêté préfectoral de biotope. Deux sites Natura 2000 s’y superposent. Dans le milieu des années 1990, quand le Conservatoire d’espaces naturels a acquis sa première parcelle, il était urgent d’agir face à la déprise agricole qui menaçait la tourbière. Il s’agissait alors de reconquérir cet espace qui commençait à se fermer. Le CEN Nouvelle-Aquitaine est désormais propriétaire de 178 hectares et, pour le reste, il a signé des conventions d’usage avec les propriétaires ou des baux emphytéotiques. Sonia Guittonneau, chargée de mission sur l’antenne de Saint-Merd-les-Oussines, assure ainsi la gestion de 200 hectares dont le CEN a la maîtrise foncière. Onze parcs fixes d’une dizaine d’hectares sont fermés par une clôture pérenne ou un filet électrique. Des conventions de pâturage ou des baux ruraux à clause environnementale ont été signés avec des éleveurs locaux. Un cahier des charges y est annexé. Pas plus de 0,2 UGB/ha, hors de question de pâturer durant l’hiver, chaque année des espaces délimités pour préserver les gentianes bleues et autres carex pauciflora de l’abroutissement auquel ces plantes sont particulièrement sensibles… En revanche, les moutons peuvent se régaler de l’indésirable molinie bleue. Trop compétitive, elle menace d’autres espèces spécifiques des tourbières. Par ailleurs, 70 hectares, non clôturés, sont loués pour les trois mois d’été à un groupement pastoral de quatre éleveurs très sensibles aux enjeux environnementaux et de biodiversité. L’un d’eux assure les fonctions de berger pour veiller sur quelque 550 brebis en alternance avec un salarié pour la saison. Cette présence des moutons sur Longeyroux est même valorisée avec la transformation de leur viande en merguez et terrine de tourbière commercialisées en vente directe. Des animations avec dégustation, présentation de l’activité et des enjeux, sont également proposées durant l’été.

Les brebis regardent les courses automobiles

Dans la chaîne des Puys, en Auvergne, l’œuvre des ovins est bien connue. Ils participent activement à la préservation des espaces ouverts sur les flancs des volcans. À Saint-Genès-Champanelle, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme est propriétaire du domaine de Charade où est implanté un circuit automobile de montagne. Ce site s’étend sur 80 hectares, dont 35 hectares sont réservés à l’écopâturage depuis des décennies. Là encore, ce sont des brebis qui font le boulot.

Un site de pâturage contraignant

Yoan Thomas, du Gaec de l’Édredon, y amène ses limousines à partir du mois d’avril et ce n’est pas une sinécure. Un planning de pâturage est mis en place avec des précautions toutes particulières pour les jours de compétition. L’éleveur compte une bonne demi-journée pour tout fermer avec toujours la crainte que les brebis sortent et provoquent un accident. Il redoute particulièrement le gros gibier qui arrache les filets. Pour GCK, l’exploitant du site, pas question de se passer de ce mode d’entretien qui s’inscrit pleinement dans sa politique de développement durable.

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