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Races ovines
Le rustique Solognot, tout en finesse, mais d´une résistance hors pair

La race Solognote est bien présente dans son berceau d´origine, la Sologne, qui l´a façonnée. Néanmoins, grâce à ses nombreuses facultés d´adaptation, elle a pu s´implanter dans d´autres régions.


La population nationale de la race solognote est estimée à 2000 brebis et 1000 sont engagées au programme de réserve génétique mis en place en 1976. On la trouve aussi dans la région Centre et les départements limitrophes, dans les landes de Gascogne, celles de Bretagne, en Bourgogne et en Dauphiné, en Pays de la Loire, en Seine-Maritime, région parisienne, et plus récemment, dans les régions Midi-Pyrénées et Paca.
Des animaux sont exportés en Europe du Nord, Allemagne, Belgique, Pays-Bas et au Maghreb.
©F. Prud´Homme


Ses origines
La race Solognote tire son origine de la très ancienne population ovine régionale bigarrée et très rustique. Vers 1850, l´effectif ovin Solognot est à son apogée. Estimé à 300 000 têtes, il assure alors l´essentiel des revenus des paysans et il est le seul mouton qui pouvait résister aux conditions sévères du milieu (humidité, végétation très pauvre). Au XXe siècle, la mise en valeur de la Sologne, l´évolution des pratiques culturales et la prééminence de la chasse, ont provoqué la quasi-disparition de la race Solognote. Ce n´est qu´à partir de 1940, que la Solognote affiche un réel renouveau. Le Flock-Book est créé en 1942. En 1968, les Pouvoirs publics l´agréent comme Réserve génétique nationale.

Ses aptitudes
La Solognote est très rustique, tant par sa tolérance que par sa capacité à tirer parti d´une végétation pauvre et ligneuse. Elle résiste bien aux parasites internes, au piétin : elle est la seule race à pouvoir pâturer les pieds dans l´eau. Très bonne marcheuse, elle se distingue aussi par sa faculté à supporter des variations brusques de régime alimentaire, régime dit « accordéon ».
La Solognote a une bonne précocité sexuelle. Les agnelles sont matures à huit mois. L´aptitude au désaisonnement est importante avec des ovulations dès avril.
La prolificité moyenne en plein air intégral est de 1,5 à 1,6 et jusqu´à 1,8 en milieu favorable. Les agnelages sont faciles, ne demandant aucune assistance même lorsqu´elle est utilisée en support de croisement avec des béliers lourds de type « boucher ».
Bonne mère, très protectrice en cas d´agression, la Solognote fait preuve d´une remarquable longévité. Les brebis agnelant jusqu´à dix ans sont fréquentes et des mises bas ont été enregistrées jusqu´à 13 ans.
©D. R.


Utilisations
En plus de la production d´agneaux de boucherie et de laine, la race Solognote est apte à bien d´autres usages.
Ses aptitudes au défrichage et à valoriser les pâturages pauvres, les sous-bois ligneux et ses grandes qualités de résistance font qu´elle est de plus en plus utilisée pour l´entretien de propriétés et de réserves naturelles, qu´il s´agisse de marais, de pelouses sèches, de coteaux calcaires et rocheux ou de sous-bois. Son goût prononcé pour les ligneux empêche la fermeture du milieu par les ronces et les arbustes.
Elle est une candidate de choix pour les expériences de pastoralisme environnemental en bord de Loire, bord de Seine, landes de Bretagne.
La conformation de l´agneau solognot au gigot plus long que rond pour le même poids, se distingue par une faible proportion de gras et de déchets dans la carcasse. La finesse de sa chair et sa saveur est très appréciée des gastronomes.

Ces atouts ont permis aux éleveurs de la Solognote de mettre en place de circuits de distribution hors de ceux traditionnels. La majorité des ventes se fait en direct avec l´identification et promotion de cette production de qualité. L´appellation « Viande biologique », certification facilement obtenue grâce à la prédisposition de la race à satisfaire le Cahier des Charges, existe également.
Enfin, la laine, avant même la viande, a servi d´élément fédérateur pour les éleveurs actifs qui ont su mettre à profit la magnifique couleur bise unique et inimitable.
La confection au naturel d´une sélection de produits de haut de gamme remporte un vif succès dans les grandes expositions et renforce l´image de la race dans toute la France.
©D. R.


Plan de sauvetage
Il n´y a plus aujourd´hui que quelques milliers de brebis de race Solognote contre 300 000 au milieu du XIXe siècle. Mais grâce à des éleveurs passionnés, elle est maintenant sauvée. Le programme de gestion génétique mis en place en 1976 s´appuie sur une population de 1000 brebis réparties en dix familles accouplées entre elles selon un plan très précis dit « schéma de rotation des familles ». Il s´agit de maintenir une bonne variabilité génétique tout en préservant ses caractéristiques spécifiques : standard, couleur, rusticité, performances d´élevage.
En 2002, la race a intégré au schéma de sélection la résistance à la tremblante par le génotypage et l´utilisation de béliers exclusivement résistants. Pour soutenir ces actions génétiques, un centre d´élevage de béliers a été créé en 1979. Il élève chaque année quarante jeunes mâles choisis parmi les meilleurs de chaque famille.

Promotion
Très motivés, les éleveurs de l´Association présentent la race au Salon de Paris, à la Fête du Mouton de Pontlevoy dans le Loir-et-Cher, et dans des comices agricoles et fêtes locales du berceau de la race ainsi qu´à la ferme pédagogique de Saint-Maurice, à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Une transhumance a lieu à l´occasion de la mise en estive en bord de Loire. Des défilés sont organisés sur des sites stratégiques : à Paris, place du Tertre, Château de Blois. L´Association a confié la gestion génétique de la race et la diffusion de ses reproducteurs à la sarl Genovin Services. Avec l´aide des Pouvoirs publics, elle a constitué un stock de semences congelées issues de souches originales placées en cryobanque nationale.

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