Le Plan loup ne place pas "l’éleveur au milieu de la montagne"
Dans le Plan loup 2018-2023 dont les arrêtés cadre sont attendus, l’éleveur ne semble pas « au milieu de la montagne » comme le promettait Emmanuel Macron lors de ses vœux.
Deux jours avant les vœux du président de la République à l’agriculture, les représentants des éleveurs (FNSEA, JA, FNO et APCA) et des élus ruraux (ANEM et USAPR) avaient rappelé à son cabinet la souffrance et la détresse des éleveurs victimes des prédations. Les élus s'étaient dits « inquiets de voir l’économie et la sécurité de leurs territoires de plus en plus compromises du fait des conflits d’usage et du retour à la friche de certaines zones ».
Lors de ses vœux prononcés dans le Puy-de-Dôme le 25 janvier, Emmanuel Macron affirmait qu’il « ne faut pas penser les éleveurs et leurs troupeaux autour du loup, mais comment le loup trouve sa place dans des écosystèmes qui lui préexistent, avec des gens qui se développent. » Il a annoncé d’une part son souhait de « mieux anticiper les besoins pour protéger les troupeaux et de s’en donner les moyens », et d’autre part sa revendication d’« un modèle d’agropastoralisme que nous voulons […] et qui ne doit pas être fragilisé » en concluant qu’il souhaitait mettre « l’éleveur au milieu de la montagne ».
Près de 6 000 avis lors de la consultation publique
Pour Claude Font, éleveur en charge de la question de la prédation à la FNO, les annonces présidentielles déçoivent car elles valident les propos de Nicolas Hulot qui préconise la préservation de l’espèce et, en même temps, une protection des troupeaux. « Il y a eu un glissement sémantique entre le Plan loup précédent et celui-ci, regrette Claude Font. Nous ne sommes plus sur la préservation de l’élevage mais sur la protection des troupeaux ». Malgré cela, le processus enclenché sur le Plan loup 2018-2023 continue dans un sens jugé insatisfaisant par les éleveurs. La consultation publique sur ce quatrième plan, ouverte du 8 au 29 janvier, a recueilli près de 6 000 avis et messages plus ou moins argumentés, très majoritairement pour le loup (mais pas forcément contre l’élevage). Dans ce concert d’ode à la nature et à la biodiversité, la voix des éleveurs, principales victimes de la prédation, a pu parfois sembler bien ténue par rapport aux traumatismes qu’ils subissent.
« Donnons la possibilité de défendre les troupeaux »
Les éleveurs maintiennent leurs positions de refus de toute conditionnalité des indemnisations des troupeaux prédatés liée à leur protection. Ils rejettent toute gestion différenciée selon le type d’élevage et le territoire. « Nous voulons une équité de protection entre tous les éleveurs, quelle que soit la zone, avec la possibilité de défendre son troupeau avec un canon à fusil rayé à tout moment, en tous lieux, indépendamment de tout plafond, et cela dès la première attaque, y compris en cœur de parc. Si l’objectif est de protéger les troupeaux, donnons la possibilité de se défendre à tous les éleveurs», martèle Claude Font.
La publication des arrêtés cadres, qui fixent les grandes lignes du Plan loup, était attendue pour février. « Le combat n’est cependant pas fini, explique Claude Font. Il restera ensuite les arrêtés d’application qui fixeront les détails de la mise en place par les préfets ».