« Le CS ovin et l’apprentissage apportent une expérience pratique importante »
Sébastien Martin élève 600 brebis dans la Vienne. Le jeune belge de 32 ans s’est installé hors cadre familial il y a deux ans après une première expérience professionnelle de technico-commercial en agriculture.
Sébastien Martin élève 600 brebis dans la Vienne. Le jeune belge de 32 ans s’est installé hors cadre familial il y a deux ans après une première expérience professionnelle de technico-commercial en agriculture.
« Originaire de Belgique, je me suis installé hors cadre familial sur la commune de Bouresse dans la Vienne il y a deux ans, le 1er janvier 2020. Je baignais dans le monde ovin et j’ai toujours eu le projet de m’installer. Après l’équivalent d’un BTS Acse et une licence, j’ai travaillé en tant que technico-commercial en agriculture en Belgique. Mes parents n’étant pas agriculteurs, la reprise d’une exploitation y était impossible : le prix du foncier dans ma région natale est autour de 50 000 euros l’hectare ! Par ailleurs, la filière ovine y est beaucoup moins organisée qu’en France, même si elle s’est développée ces dernières années. C’est grâce à ma compagne que je suis installé aujourd’hui, parce qu’elle a accepté de me suivre dans ce projet, sans être elle-même dans le monde agricole.
J’ai donc orienté ma recherche en France. Avant de m’installer, j’ai fait un CS ovin au lycée de Montmorillon, en apprentissage, et trois mois de parrainage avec le cédant. J’ai beaucoup appris sur le côté pratique et sur les conditions d’élevage dans la Vienne, notamment auprès du gérant de l’élevage du lycée. C’est important, on n’élève pas des brebis de la même façon dans toutes les régions, il faut s’adapter aux conditions pédoclimatiques. Le CS permet de visiter de nombreux élevages, de voir différentes façons de travailler.
Mon parcours d’installation s’est bien déroulé avec la chambre d’agriculture et le centre de gestion Cogedis. Seule difficulté, les délais de versement de la dotation jeune agriculteur (DJA), puis les aides PCAE pour la construction d’une nouvelle bergerie, ont été fortement rallongés à cause de la pandémie de Covid-19.
La troupe de mon prédécesseur comprenait 400 brebis, j’ai décidé de porter l’effectif à 600 et de travailler la prolificité et la productivité. L’investissement dans un nouveau bâtiment, couvert de panneaux photovoltaïques, était nécessaire pour augmenter le nombre d’animaux et travailler dans de bonnes conditions. Le troupeau d’origine est croisé charollais-suffolk, j’achète des agnelles romanes pour améliorer la prolificité et désaisonner plus facilement afin de produire des agneaux en contre saison.
Une partie de mes agneaux est commercialisée dans la filière Bleu Blanc Cœur de Ter’Elevage. J’ai choisi de travailler avec eux parce que lorsque je me suis installé, j’avais besoin de visibilité, de garanties sur les prix. Si aujourd’hui les cours de l’agneau sont élevés, en 2019, ce n’était pas le cas. Avoir une grille annuelle de prix sécurise lorsqu’on est jeune installé. Ils proposent également une aide à l’installation de 15 000 euros sur trois ans.
Nous faisons de l’entraide avec un éleveur proche et mon troupeau pâture des couverts végétaux chez des voisins. J’ai d’abord proposé à un premier céréalier de pâturer les couverts. On a débuté par une parcelle. Cet hiver, mon troupeau a pâturé 130 hectares sur quatre exploitations. J’ai été très bien accueilli par mes voisins et suis maintenant trésorier des Jeunes agriculteurs de la Vienne. Cet engagement me permet aussi de rencontrer d’autres agriculteurs. L’avantage d’être hors cadre familial, c’est qu’il n’y a pas d’a priori ! »