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Un jour avec
Laurent Felgines, piégeur de campagnols

Dans l’Aveyron, Laurent Felgines est devenu piégeur contre la pullulation du campagnol terrestre, embauché en CDI à temps plein par la Cuma de Sainte-Geneviève Cantoin.

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Laurent Felgines, piégeur de campagnols.
© J. Bonnery

CURRICULUM

53 ans

Brevet de technicien agricole BTSA analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole

Ouvrier agricole en vaches allaitantes pendant 25 ans

8 h

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Prairie ravagée par les campagnols. © J. Bonnery
Accompagnée techniquement par le Parc naturel régional (PNR) de l’Aubrac et financièrement par la Région Occitanie, la Cuma (Coopérative d'utilisation de matériel agricole) de Sainte Geneviève/Cantoin porte une expérimentation de lutte contre le campagnol terrestre depuis septembre 2022, destinée à tester des méthodes collectives et coordonnées, basées sur l’observation des populations et l’intervention d’un piégeur salarié à plein temps.

Le principe de cette expérimentation repose sur les résultats encourageants d’autres expérimentations de lutte menées dans le Massif central dont Volvic. Il existe plusieurs techniques pour éradiquer le campagnol terrestre. L’utilisation du chimique par empoisonnement a rapidement été éliminée par les éleveurs pour son faible niveau d’efficacité.

Les pastilles de gaz, que les éleveurs n’utilisent pas, « sont coûteuses et plus efficaces sur les taupes que les rats, mais pour que cette technique soit vraiment efficace, il faut une météo humide ». L’expérimentation est basée essentiellement sur le piégeage mécanique des campagnols et des taupes avec le fer à taupe, le Cauet et le Topcat. L’utilisation du raticide « ratron » est exclue.

« Le matin, je commence par la révision des pièges que j’ai placés une semaine auparavant. Je fais un tour pour sortir les taupes ou les rats que j’ai attrapés puis je replace les pièges afin de faire un roulement », explique Laurent.

10 h

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Pose des pièges à campagnols © J. Bonnery
Conçu contre les taupes et les rats taupiers, Laurent estime le Cauet « très efficace mais très long à poser. Alors je l’utilise plutôt dans la terre labourée après les semis, car on trouve plus facilement les galeries ». Son conseil : enfoncer le Cauet dans la galerie de la taupe sans reboucher le trou.

Avec une moyenne de 250 campagnols par hectare, cela peut monter jusqu’à 600 à 800 individus, et descendre entre 5 et 10 campagnols par hectare en basse densité. Sur les premiers mois de l’expérimentation, Laurent a piégé 2 485 campagnols et 260 taupes de septembre à décembre 2022. Alors que de janvier à mars 2023, il a piégé 465 taupes et 59 campagnols.

« Le rapport s’est inversé, car la pullulation du campagnol s’est brutalement terminée. On dit que la taupe est précurseur à l’installation du rat taupier. Elle creuse des galeries et le campagnol qui est un opportuniste en profite pour se disperser. C’est pour cette raison que nous demandons à Laurent d’intervenir en priorité sur les taupes, en fonction de l’année et de comment se répartissent les populations », explique Ugolin Bourbon-Denis, chargé de mission agroenvironnement du PNR Aubrac.

14 h

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Piège Topcat © J. Bonnery
D’origine suisse et spécialement conçu contre le rat taupier, le Topcat est un cylindre métallique, parfois en plastique, qui fonctionne sous le principe de la guillotine. Le conseil de Laurent : le placer dans la galerie des campagnols sans l’obstruer grâce à une petite tarière.

Si le temps ne lui permet pas de travailler dehors, Laurent peut faire de la mise à disposition (MAD) auprès des agriculteurs. « Je nettoie les bâtiments, je fais des clôtures, du soin aux animaux, de la mécanique, de l’entretien… »

16 h

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Piège « fer à taupe » © J. Bonnery
« Vieux comme le monde », le fer à taupe est l’outil majoritairement utilisé par la Cuma. « Je le place beaucoup plus facilement que le Cauet pour pratiquement la même efficacité. J’en place vingt-cinq en une heure, alors que le Cauet huit à dix en une heure, et le Topcat, lorsque le terrain est bien, vingt-cinq en une heure », détaille Laurent. Son conseil : le mettre dans la galerie de la taupe et bien refermer le trou.

« Ici, les bêtes montent à la montagne le 25 mai. Il faut donc que l’herbe soit propre en taupe à cette date. Lorsque les taupes font les petits aux mois de mars et avril, il faut en attraper le plus possible. Pour dix taupes laissées sur une prairie, l’année d’après il y en aura vingt-cinq, et si elles n’ont pas assez d’espace elles s’étalent. La taupe est une grande travailleuse, il faut qu’elle mange toutes les cinq ou six heures sinon elle meurt », ajoute Laurent Felgines.

« Pour être piégeur à temps plein, il faut aimer se balader seul dans la nature, la comprendre et avoir beaucoup de patience. C’est un métier très aléatoire par rapport à la météo. Lorsque l’animal est présent sur place, on aimerait qu’il parte, et quand il n’y est plus, on aimerait qu’il revienne. Le campagnol cause beaucoup de dégâts et n’est pas facile à gérer. »

17 h

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La lutte contre les campagnols sert la biodiversité. © J. Bonnery
Les fonds du « dispositif biodiversité » de la Région Occitanie mobilisés par le PNR ont permis aux dix-neuf cumistes adhérents à ce service de piégeage, qui s’étend sur 2 000 hectares, de financer l’achat des pièges, du véhicule, et des piquets jalons pour baliser.

Laurent, qui possède 600 pièges au total, laisse les cadavres aux renards et aux rapaces. L’expérimentation de la Cuma de Sainte Geneviève/Cantoin prévoit également de favoriser la lutte biologique grâce aux prédateurs naturels avec l’installation de nichoirs à rapaces fabriqués par Laurent pendant la période hivernale en complément d’activité, comme les buses et les milans, mais aussi aux rapaces nocturnes comme le hibou moyen-duc ou la chouette chevêche.

« J’ai également fait des nichoirs à chouette effraie et à faucon crécerelle qui sont pour moi les deux plus grands mangeurs de campagnols. » Dans les secteurs dépourvus d’arbres ou de points hauts, quatorze perchoirs à rapaces ont déjà été installés.

Pour que cette lutte soit pérennisée, les résultats doivent être à la hauteur des attentes des éleveurs mais l’efficacité se fera connaître « plutôt dans trois à cinq ans après le lancement de la lutte ».

En chiffres

Les coûts :

65 000 €, dont 40 000 € pour la Cuma et 25 000 € pour le PNR engagés la première année

20 800 € budget estimé au total pour la Cuma pour les deux années suivantes

Soutien financier 80 % Région Occitanie, 17,4 % PNR, et 2,6 % Cuma

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