L’agrivoltaïsme se déploie en production ovine
Le partage des terres entre activité agricole et production énergétique via le photovoltaïque prend de l’ampleur grâce à un cadre légal et des partenariats scientifiques et professionnels.
Le partage des terres entre activité agricole et production énergétique via le photovoltaïque prend de l’ampleur grâce à un cadre légal et des partenariats scientifiques et professionnels.
Le 7 février dernier, la loi relative à l’accélération de production des énergies renouvelables, a été adoptée par le Sénat. Elle a pour vocation à encourager et faciliter la mise en place de centrales agriphotovoltaïques. Pour rappel, l’agriphotovoltaïsme (ou agriPV) permet la production d’énergie photovoltaïque et conserve « l’activité agricole et d’apporter à l’agriculteur un éventuel complément de revenu, mais surtout un service supplémentaire à son activité agricole : l’amélioration du potentiel agronomique, l’adaptation au changement climatique, la protection contre les aléas, l’amélioration du bien-être animal », comme cela est stipulé dans la loi.
Recherches mutualisées autour de l’agriphotovoltaïsme
Afin de prouver les aménités positives de l’activité photovoltaïque sur les productions agricoles au sol, les acteurs et gestionnaires de centrales PV ont signé le 28 février, lors du Salon de l’Agriculture à Paris, un accord-cadre coordonné par Inrae afin de mutualiser les coûts et les risques de la recherche autour de l’agriPV, tout en bénéficiant des résultats d’expérimentations et des perspectives de développement qui en découleront. Le pôle national de recherche, d’innovation et d’enseignement sur l’agriphotovoltaïsme (PNR AgriPV) sera basé sur le centre Inrae de Nouvelle-Aquitaine-Poitiers, à Lusignan (Vienne). « La démarche scientifique du pôle s’appuiera sur un réseau d’infrastructures, gérées par les partenaires, couvrant un grand nombre de cultures/élevages ainsi que de conditions pédoclimatiques et sociales. Le PNR AgriPV a aussi vocation à contribuer à la formation et à l’appui aux politiques publiques », fait savoir Inrae sur son site internet.
Maintenir la filière ovine sur des territoires sous tension
Toujours lors du Salon de l’Agriculture, la FNO a mis en place un partenariat avec le groupe UNITe, constructeur et gestionnaire de centrales agriphotovoltaïques (entre autres activités). L’élevage ovin est particulièrement adapté au système agriPV, les animaux passant facilement sous les panneaux, pouvant s’abriter des intempéries ou trouvant de l’ombre lors des fortes chaleurs. Les éleveurs bénéficient ainsi d’une ressource en herbe supplémentaire. Pour Stéphane Maureau, directeur général d’UNITe, ce partenariat permettra à la filière ovine de « se maintenir dans des territoires en tension, au service d’une agriculture familiale, locale et raisonnée. »
Une bonne pousse d’herbe sous les panneaux
Après un an d’expérimentation, le lycée de Charolles partage un premier retour d’expérience du pâturage des brebis sous les panneaux solaires. La centrale, exploitée par Valeco, entreprise basée à Montpellier, accueille en effet le troupeau ovin de l’établissement scolaire agricole, afin de produire des références techniques sur la pratique. L’expérimentation devrait se terminer fin 2024, mais les premiers résultats permettent d’ores et déjà de mettre en avant des enseignements. « La présence des panneaux a tendance à lisser la courbe annuelle de pousse de l’herbe, explique Michaël Floquet, directeur de l’exploitation du lycée de Charolles (EPLEFPA Fontaines Sud Bourgogne). En bref, il y a davantage d’herbe en hiver et en été avec le maintien d’une qualité alimentaire plus longtemps. »
Mieux connaître les microclimats d’une centrale
De plus, l’herbe ne monte pas ou peu en épi. Elle conserve de ce fait plus longtemps ses qualités nutritives et est digeste pour les ovins. Tout au long de l’année, la pousse de l’herbe est meilleure sur les bandes entre les panneaux que sur les surfaces témoins sans installation, car la végétation reçoit une ombre modérée bénéfique pour sa pousse. Valeco va installer des stations météo à différents emplacements de la parcelle afin d’avoir un tableau plus précis des microclimats à l’œuvre sous les panneaux.