La Thones et Marthod aussi bien laitière que viande
Une brebis produisant lait et viande mais aussi bien acclimatée à sa montagne natale, la Savoie.
Cette race locale, très typée dans son aspect est classée parmi les races à faible effectif.
Jusqu'à la fin du XIXème, chaque vallée savoyarde possédait son propre type de brebis. Avec l'accroissement des échanges commerciaux mais aussi les déplacements d'estives et d'hivernage, les groupes fusionnent.
Au début des années 30 deux rameaux s'unirent définitivement pour aboutir à la dénomination commune « Thones et Marthod », du nom de deux villages de cette région.
La vallée de la Haute Maurienne a conservé plus longtemps une population légèrement différente, mais bien dans la race. Dans cette vallée, en 1950, de nombreux troupeaux étaient encore traits.
En 1974-75 soucieux de la préservation de la race Thones et Marthod, l'EDE de Savoie, l'Institut de l'Elevage et le Lycée Agricole de la Motte Servolex lancent un travail de sauvegarde. En octobre 1992, l'Union des Eleveurs de la Race Thônes et Marthod est créée par dix éleveurs préoccupés par la survie de ces animaux. Elle a pour but de sauvegarder, développer et promouvoir la race Thônes et Marthod et ses produits.
A l'automne 2007, elle regroupe une soixantaine d'adhérents pour environ 4100 brebis, soit la moitié de l'effectif connu de la race.
Le premier travail du groupe UTM a été de fixer un descriptif de ces animaux en tenant compte des diversités qui ont toujours existé et des rameaux qui ont été sélectionnés différemment au cours des époques passées :
Par exemple
Ø Les mâles et les femelles sont cornus mais il existe un petit pourcentage de mottes (sans cornes) ;
Ø Les animaux sont blancs avec nez, yeux, oreilles et pieds noirs mais il existe des bêtes noires, grises ou pies ;
Ø Il existe des différences de couvertures de toison : très lainées ou « sèches » ;
Ceci, maintenu et encouragé, a permis à la race de conserver une diversité importante qui répond à des choix économiques :
Ø les grandes brebis, moins lainées sont orientées vers la production laitière,
Ø les brebis moins hautes sur pattes, plus râblées sont sélectionnées pour produire des agneaux destinés à la boucherie.
APTITUDES ET QUALITES :
RUSTIQUE : la Thônes te Marthod est une brebis rustique. Très calme, elle supporte bien les longues stabulations hivernales dans des conditions difficiles. Elle est aussi très bien adaptée à l'estive en haute montagne (2000 m et bien au delà) où les amplitudes thermiques et la pluviosité sont très fortes. Elle utilise aussi bien les parcours secs que les combes verdoyantes des Alpes du nord. Quelques troupeaux hivernent en plein air.
BONNE LONGEVITE : il n'est pas rare dans nos troupeaux que des brebis de plus de dix ans soient encore très fécondes.
PROLIFIQUE : le taux de prolificité est d'environ 150%, plus élevé dans les élevages ne pratiquant qu'un agnelage par an.
DESSAISONNEE : l'autre qualité importante de la Thônes et Marthod est sa capacité à produire facilement à contre saison. Certains troupeaux laitiers n'ont qu'un agnelage en septembre - octobre.
PRECOCE : agnelage fréquent avant 18 mois, et d'un instinct très maternel dès le premier agnelage. Dans de bonnes conditions d'entretien, les agnelages à un an sont une pratique courante. Ces caractéristiques permettent d'obtenir plus de deux agneaux par brebis et par an en conduisant le troupeau avec un agnelage d'automne, en plus de celui du printemps.
LAITIERE : les brebis nourrissent leurs agneaux à partir des ressources des alpages pour les mises bas de printemps. L'allaitement dure jusqu'à l'automne. Depuis quelques années nos brebis retrouvent leur vocation de la traite. Les bêtes s'adaptent à tous les systèmes et dates de production avec des lactations longues. Un programme de suivi et d'évaluation des productions doit être mis en place en 2008 pour quantifier les volumes qui selon les systèmes s'échelonnent de 90 - 120 à 170 litres en fonction des dates de mises bas, des apports alimentaires et des durées d'allaitement. La totalité du lait est transformée à la ferme.
VIANDE : en race pure le circuit court est privilégié. La vente directe en caissettes de demi carcasses découpées s'accroît grâce à l'aide de la SICA viande du Beaufortain qui valorise bien, en bovins et ovins, les races locales. La vente directe en caissettes et pour des magasins collectifs se développe car la qualité gustative compense largement le manque de conformation. La possibilité d'agneler sur de longues périodes ainsi que hors saison, permet à beaucoup d'éleveurs de suivre les variations des dates du marché maghrébin
Une difficulté subsiste, pour les éleveurs de haute montagne qui vendent en une fois toute leur production d'agneaux à des grossistes à la descente d'alpage. Selon les saisons, un pourcentage variable d'agneaux est à finir, et les prix s'en ressentent.
Dans tous les cas, ces animaux, d'une docilité, d'une manœuvrabité et d'un calme remarquable, utilisent et entretiennent l'espace montagnard et les zones extensives sèches.En petits ou moyens troupeaux ils s'adaptent bien à des situations de conduite et d'alimentations plus intensives.
L'UTM dispose d'un centre de béliers et travaille sur la résistance à la tremblante avec un programme départemental qui s'ajoute au programme national.
L'UTM est présente chaque année au Salon International de l'Agriculture de Paris, ainsi qu'à de nombreuses manifestations nationales, régionales ou locales dont le salon Tech Ovin depuis l'origine.
Le dernier dimanche de septembre à Marthod (73400), se tient la Traditionnelle Fête Pastorale, lieu de rassemblement des éleveurs de la race, d'échange et de commerce pour notre race.
Notre association est adhérente à France Upra Sélection depuis longtemps et est membre du Collectif des Races de Massifs.
Une menace majeure, les loups
Ce groupe d'éleveurs est dynamique, oui, mais confronté, comme pour toutes les races à faible effectif à des problèmes de reconnaissance, de financement, de manque d'encadrement. Ces problèmes nous les abordons et nous pouvons nous en arranger avec l'aide des Chambres d'Agriculture de Savoie, de Haute Savoie et des Conseils Généraux. Mais reste le problème majeur qui s'il n'est pas abordé avec vigueur dans les saisons à venir peut réduire à néant notre travail. Pourquoi sauvegarder une brebis de montagne ? Pourquoi développer la résistance à la tremblante ? Demander l'instauration de mesures agri-environnementales ? Mettre en avant les qualités de la race si nous laissons les loups détruire le travail des éleveurs montagnards et cela concerne et concernera tous les éleveurs, de toutes les races, de toutes les régions.
Le Président,
Jean Marie CHEVILLARD
UNION DES ELEVEURS DE LA RACE THONES ET MARTHOD
40 rue du Teraillet 73190 ST BALDOPH
Tél. : 04 79 26 44 17 Fax : 04 79 33 92 53