Dans les Deux-Sèvres
La Rouge de l’Ouest valorise les fourrages grossiers
Parce qu’il a misé sur la Rouge de l’Ouest, Guy-Gérard Merlande a pu limiter ses coûts alimentaires tout en ayant de très bons résultats de productivité et de qualités bouchères.
En cette fin avril, l'herbe est abondante et pousse vite dans les Deux-Sèvres. « En ce moment, le technicien vient tous les trois jours pour suivre la qualité de l'herbe, explique Guy-Gérard Merlande, éleveur à Geay. Car je veux récolter celle-ci à sa meilleure valeur alimentaire. C'est essentiel pour mon système. » Avec sa femme Alexandra, Guy-Gérard Merlande exploite 120 hectares, 620 brebis Rouge de l'Ouest et 2 000 mètres carrés de volaille label. Depuis son installation en 1990, il a basé son atelier ovin sur la race Rouge de l'Ouest et sur l'ensilage d'herbe et de maïs. « Dans les Deux-Sèvres, le potentiel herbager est important, explique-t-il. La Rouge de l'Ouest permet de bien valoriser ce potentiel et donc de limiter les coûts alimentaires. » Sur 120 hectares, 65 sont consacrés aux prairies, qui sont constituées d'un mélange de ray-grass anglais diploïde et tetraploïde, trèfle blanc et trèfle incarnat et essentiellement récoltées en ensilage ; 12 hectares sont consacrés au maïs ensilage et 43 hectares aux cultures, en partie auto-consommées.
« Mon objectif est d'augmenter le troupeau jusqu'à 900 brebis et de supprimer les cultures de vente qui ne sont plus rémunératrices » précise l'éleveur. Le troupeau est réparti en trois périodes d'agnelage. Le premier lot, qui agnèle en août-septembre, est constitué de brebis en lutte naturelle et destiné à la production d'agneaux de boucherie dans le cadre du groupement Caveb. Le deuxième lot, qui met bas en novembre-décembre, sert à la production de reproducteurs pour la vente et le renouvellement et fait appel à l'insémination artificielle intra-utérine. Enfin, de janvier à avril, pour la production d'agneaux de boucherie, ont lieu les agnelages après lutte naturelle des agnelles et de brebis, dont celles ayant agnelé en août septembre. « 12 % des brebis mettent bas deux fois dans l'année » précise Guy-Gérard Merlande. Pour les luttes, faites en paternité, l'éleveur dispose de 30 béliers issus de station de contrôle et qu'il renouvelle à raison de 6-8 chaque année
De mars à décembre, les brebis sont au pâturage, avec au cœur de l'été un complément d'ensilage d'herbe apporté au champ. Mais l'hiver, l'alimentation est à base d'ensilage d'herbe et de maïs, de 250 g de maïs grain par jour et, de 3 semaines avant l'agnelage jusqu'à 6 semaines après, de 0 à 200 g de complémentaire azoté. Les agnelles sont luttées en bâtiment avec une alimentation à base d'ensilage d'herbe et de maïs et de 250-300 g de maïs grain. Les agneaux, sevrés à 80 jours, sont engraissés en bâtiment avec des céréales (triticale ou blé), des complémentaires azotés et de la paille. Au total, un agneau consomme 52 kg de céréales et 13 kg de complémentaire.
« La Rouge de l'Ouest valorise très bien les fourrages grossiers, assure Guy-Gérard Merlande. Elle peut avaler 5 kg de fourrages qui couvrent 80 % de ses besoins. Grâce à elle et à la consommation d'ensilage et de céréales auto-consommées, j'ai limité mon coût alimentaire à 43,17 euros par brebis et 1,40 euro le kilo d'agneau produit. Et c'est une race qui produit et élève sans problème deux agneaux par an. » La prolificité s'élève en effet à 195 % chez les brebis et 184 % en comptant les agnelles, la productivité atteignant en moyenne 180 %. « Grâce notamment à sa fine ossature, les mises bas se passent sans problème, assure l'éleveur. Je me lève rarement la nuit sauf pour les IA intra-utérines et lors des gros pics d'agnelage pour éviter les mélanges d'agneaux. C'est une race très maternelle qui élève correctement ses agneaux. »
L'éleveur est par contre très vigilant sur les aspects sanitaires. « J'ai quatre bâtiments, dédiés soit à l'engraissement, soit aux mises bas, soit aux brebis à l'entretien, soit aux brebis en lactation, explique-t-il. Il n'y a pas de mélange d'animaux d'âges différents. Et chaque bâtiment a un vide sanitaire de 2-3 mois, avec curage, lavage et désinfection. »
Les résultats en termes de qualités bouchères sont également très bons. « Le poids moyen des carcasses de 19,75 kg,indique l'éleveur, avec 3 % de E, 57 % de U et 40 % de R. Et malgré ma conduite alimentaire, qui favorise le gras, je n'ai pratiquement aucun agneau gras mais une majorité de 3 et de 2. » 95 % des agneaux de boucherie sont ainsi vendus en Label rouge Le Diamandin (12 %) et en CCP Poitou-Charentes. Au final, la marge brute par brebis s'élève ainsi à 116,44 euros/brebis hors prime PAC. « La Rouge de l'Ouest est une race saisonnée, qui doit toujours être épongée, admet l'éleveur. Et elle supporte mal d'être sous-alimentée. Mais elle rend largement ce qu'elle mange et puisqu'elle allie une bonne prolificité et d'excellentes qualités bouchères. »