La lutte armée contre la diarrhée chez les agneaux
Afin de prévenir les diarrhées des agneaux, la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a organisé une demi-journée d’information.
Afin de prévenir les diarrhées des agneaux, la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a organisé une demi-journée d’information.
Les diarrhées des agneaux sont multifactorielles. Les principaux malfaiteurs s’appellent colibacilles commensaux qui empoisonnent par leurs toxines Cryptosporidium parvum inoffensifs chez l’adulte mais dont les ookystes se répandent comme une trainée de poudre. Associés à la salmonella ou l’immunodépresseur, Pestivirus de la Border Disease, voire le Clostridium perfringens de type B, leur nuisance est décuplée.
Au premier signal d’alarme, il n’y a pas d’autre choix que de faire appel à la police scientifique pour « faire des analyses afin d’identifier le coupable », explique Jean-Claude Ithurbide du Groupement technique vétérinaire 64.
Armer les combattants
Marcel Borda du Centre département de l’élevage ovin (Ordiarp) conseille avant tout un régime alimentaire de combattant pour les brebis en fin de gestation, au moins un mois avant, avec une ration de 2-3 kg de pâture, 800 grammes de fourrage grossier pour favoriser la rumination afin de prévenir le risque d’acidose, plus 400-600 grammes de concentré en variant pulpe, maïs… et bien sûr des minéraux, oligoéléments et vitamines. L’objectif est que les brebis atteignent une note d’état corporel de 2,75 le jour de l’attaque et une disponibilité en eau de 10 litres par jour.
Méfiance aussi à l’égard des parasites qui en cas d’infestation détournent l’énergie de la brebis à leur profit au déterminant de l’agneau. Pour limiter l’infestation parasitaire, les brebis ne devraient pas pâturer en dessous de 5 centimètres de hauteur d’herbe.
Pour que l’attaque d’un lot ne facilite pas l’attaque de tout le troupeau, mieux vaut diviser pour moins fragiliser. « Donc échographier afin d’identifier les vides, les doubles, dans le but d’alloter en fonction des profils et des stades de gestation », prévient Marcel Borda.
Il s’agit ensuite d’armer les agneaux dès leur naissance, idéalement dans les 6 heures, au plus tard dans les 12 heures qui suivent l’agnelage, avec 200-300 millilitres de colostrum. L’éleveur peut en évaluer lui-même la qualité, soit une concentration de plus de 20 grammes par litre en IgG* avec un réfractomètre (environ 40 euros). Dans les Pyrénées-Atlantiques, malgré un colostrum de bonne qualité, à peine la moitié des agneaux reçoivent les anticorps suffisants : « Palper la panse pour vérifier le volume absorbé », recommande Marcel Borda.
Sécuriser les lieux
Julien Gorrot-Poublan du Groupement de défense sanitaire du département insiste aussi sur la sécurisation de la bergerie. L’orientation du bâtiment a son importance, l’axe ouest-sud provoque des stress thermiques, dus à des écarts importants de température, comme une mauvaise ventilation.
Les cases d’agnelage devraient se situer à l’écart des parois froides, être pleines sur les parties basses et tenues proprement. L’éleveur doit enlever rapidement les placentas.
Les armes sans munition sériaient inutiles : les animaux doivent avoir accès à l’eau, soit un abreuvoir pour 40 brebis, à 12-16 °C, à la juste hauteur 80 cm pour les brebis et 40 cm pour les agneaux et enfin sans courant électrique parasite. « Les tableaux électriques métalliques non reliés à la prise terre, les panneaux photovoltaïques peuvent avoir une incidence », précise Julien Gorrot-Poublan. Attention aussi aux tuyaux d’eau enfouis dans le lisier qui à la longue les rend poreux et altère la qualité de l’eau. La seconde munition est le sel, distribué sur le tapis d’alimentation ou dans des bacs en béton. Christine Arraburu éleveuse à Hélette, elle, le met dans des pneus accrochés aux cases. L’hygiène contribue également à la sécurisation, avant l’assaut, donc un nettoyage à l’eau à 70 °C avec du Prophyl S à 3 %, puis durant le combat, un paillage suffisant. Autrement dit, 10-15 cm de copeaux de bois pour leur effet asséchant, un premier paillage jusqu’au ventre des brebis et un paillage d’entretien de 1 kg/m2, combiné à l’évacuation des placentas, une bonne ventilation et un curage tous les deux mois.