Ils ont retenu des bonnes pratiques néo-zélandaises
Le voyage a permis de s’imprégner d’idées neuves pour gérer l’herbe ou le troupeau. Petite revue des bonnes pratiques qui ont inspiré les éleveurs français.
Le voyage a permis de s’imprégner d’idées neuves pour gérer l’herbe ou le troupeau. Petite revue des bonnes pratiques qui ont inspiré les éleveurs français.
Pas de deuxième chance pour les brebis vides
Les Néo-zélandais ne laissent aucune chance aux brebis ou agnelles vides à l’échographie. « J’applique ce système depuis deux ans sur mes brebis, explique François Bachellerie, éleveur de 1 000 brebis en Haute-Vienne. Celles qui sont vides partent à l’abattoir au lieu de manger de l’herbe pour rien ». En deux ans, son taux de fertilité est passé de 80 % à environ à 95 % aujourd’hui. « On avait tendance à garder des jolies bêtes en se disant qu’elles ne sont peut-être pas mauvaises mais, au final, elles n’avaient pas d’agneaux pendant plusieurs années. Les Néo-zélandais voient leurs brebis comme un gagne-pain, pas comme un animal de compagnie. »
Des gros lots pour limiter l’astreinte
« Les éleveurs néo-zélandais se cassent moins la tête que nous, témoigne François Bachellerie. Comme eux, j’ai augmenté la taille des lots en passant d’une douzaine de lots de 90 à 100 brebis à 6 ou 7 lots de 150 à 200 bêtes. Et comme c’est plus vite fait de voir six lots que 12, je gagne facilement une heure de surveillance par jour ». En Nouvelle-Zélande, les changements de parcelles fréquents, tous les deux à trois jours, sont l’occasion de surveiller visuellement le troupeau.
Des clôtures qui tiennent 40 ans
Pour créer des paddocks où le troupeau ne va rester que deux à trois jours, les éleveurs néozélandais quadrillent leurs prairies de clôtures résistantes. « Leurs clôtures sont prévues pour durer 40 ans, apprécie Pascal Babaudou, éleveur de 250 brebis. Ils utilisent des piquets de bois fabriqués à partir d’une essence d’arbre locale imputrescible ou de pin autoclavé. » La clôture est assurée par une bonne rangée de fils, de 6 à 9 selon les exploitations visitées, dont une partie est électrifiée. « Nous n’avons pas vu un mètre de grillage ursus dans tout le séjour. » Ce découpage en paddocks oblige à prévoir un point d’abreuvement par parcelle. « Nous avons vu beaucoup de bacs à niveau constant alimentés par gravité grâce à des réserves d’eau à l’air libre ».
La meilleure herbe pour des agnelles qui mettent bas plus tard
Les agnelles sont l’avenir du troupeau et les Néo-zélandais l’ont bien compris en leur laissant souvent la meilleure herbe. « J’ai adopté ce système chez moi et ça marche bien, explique Frédérique Mariaud qui élève 300 brebis sur 80 hectares. Mon lot d’agnelles passe sur les parcelles juste avant les brebis. On ne peut pas demander des performances aux jeunes ovins tout en les poussant à raser l’herbe. Chez moi, je laisse cette tâche au lot de brebis luttées et âgées. » Afin de laisser les agnelles se développer, l’usage néo-zélandais est de les mettre à la reproduction plus tard. « Je mets maintenant mes agnelles au bélier à l’âge de 7 à dix mois contre 5 à 7 mois auparavant, explique François Bachellerie. Elles sont plus matures sexuellement et chez moi la prolificité a augmenté ».
Du plantain avec les légumineuses
Le plantain est vraiment la plante à la mode en Nouvelle-Zélande. « J’ai augmenté la part de trèfle et j’intègre systématiquement du plantain lancéolé dans mes mélanges, explique François Bachellerie. C’est une plante assez rustique qui pousse n’importe où et qui résiste à la sécheresse. Elle permet de finir plus vite les agneaux. Dans un essai sur les plantes à tanins que nous avons réalisé dans le cadre du GIEE du Nord Haute-Vienne, nous avons vu que nous gagnons trois semaines de finition des agneaux par rapport à une prairie normale ». Le plantain et ses tanins auraient des vertus contre les strongles gastro-intestinaux. « Nous observons de manière répétée que des agneaux qui pâturent du plantain n’ont aucun problème de performances et ne manifestent aucun symptôme lié à une infestation parasitaire » décrivait Trevor Cook, vétérinaire de Feilding, rencontré lors du voyage.
Uniquement de l’herbe pour alimenter le troupeau
Le voyage en Nouvelle-Zélande a conforté Fiona Elliot dans son système 100 % herbe. Depuis son passage en bio en 2010, elle ne donne plus de concentrés à ses 850 brebis. « Chez nous, l’herbe pousse dix mois sur douze et nous avons étalé les agnelages en trois lots de janvier à juin pour suivre la pousse de l’herbe ». L’éleveuse réserve les meilleures parcelles aux agneaux lourds et les parcelles près de la maison sont gardées pour l’agnelage. Ces surfaces près de l’habitation sont aussi utilisées à l’automne avec une bonne hauteur de stock sur pied. « Les Néo-Zélandais ne font pas de stocks en foin, en enrubannage ou en ensilage » décrit Frédérique Mariaud qui a aussi arrêté de faire les foins. « Mon matériel était trop vieux et c’est dommage de perdre la valeur et le volume d’un super repas ». L’éleveuse achète cependant encore un peu de foin mais de moins en moins. « Cet hiver, mes brebis adultes n’ont eu ni granulés ni foin ».