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FNO : les ovins en quête de souveraineté alimentaire malgré la crise sanitaire

Lors de l’Assemblée générale de la fédération nationale ovine les 12 et 13 septembre, il a été question de souveraineté alimentaire lors de la table ronde, sur fond de crise sanitaire avec l’épidémie de fièvre catarrhale ovine qui fait rage sur l’ensemble du territoire.

L'Assemblée générale de la FNO
L'Assemblée générale de la FNO s'est tenue à Troyes dans l'Aube les 12 et 13 septembre. Une centaine de participants avaient fait le déplacement malgré le contexte sanitaire compliqué sur les élevages ovins.
© B. Morel

Les débats ont été animés dans la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville de Troyes. La préfecture de l’Aube a accueilli les 12 et 13 septembre l’assemblée générale de la fédération nationale ovine. Celle-ci a organisé une table ronde autour de la question de la reconquête de la souveraineté alimentaire française. Brigitte Singla, la secrétaire générale du syndicat ovin, pose : « le cours de l’agneau n’a jamais été aussi haut et paradoxalement, nos revenus sont toujours aussi bas. »

Ce manque de rémunération pour les producteurs de viande ovine est un des principaux freins au renouvellement des générations et au maintien des cheptels reproducteurs. Autre frein, plus récent, l’épidémie de fièvre catarrhale ovine. « La situation sanitaire qui menace nos élevages depuis un an pèse sur le moral des producteurs. L’état d’esprit actuel est inquiétant pour la filière », s’alarme Emmanuel Fontaine, administrateur de la FNO et éleveur dans l’Aisne. Et Brigitte Singla d’ajouter : « notre métier n’est pas de ramasser des cadavres. Il faut prendre en compte de toute urgence l’impact de cette épidémie sur le moral des éleveurs notamment chez les plus récemment installés qui voient parfois une partie de leur cheptel décimé. »

Les visites d’exploitations prévues le 12 septembre ont d’ailleurs été annulées par précaution. La centaine de participants à tout de même pu rencontrer les éleveurs qui ont présenté leur ferme respective.

« Il faudrait un véritable plan Marshall pour la filière ovine »

Avec 48 % d’autosuffisance en viande ovine, la filière française dispose d’une marge de manœuvre intéressante. Encore faut-il une dynamique de croissance du cheptel et du nombre d’éleveurs ovins. Député de l’Aisne pour la droite républicaine et motivé par les questions agricoles, Julien Dive revient sur la rémunération : « les revenus des éleveurs ovins montrent la crise structurelle traversée par l’agriculture française. Cette crise est installée et les manifestations du début d’année ont été nécessaires pour en faire prendre l’ampleur à la classe politique. »

Des consommateurs de plus en plus exigeants

 

 
Les intervenants de la table ronde autour de la reconquête de la souveraineté alimentaire. De gauche à droite : Brigitte Singla (FNO), Emmanuel Fontaine (FNO), Julien Dive ...
Les intervenants de la table ronde autour de la reconquête de la souveraineté alimentaire. De gauche à droite : Brigitte Singla (FNO), Emmanuel Fontaine (FNO), Julien Dive (Droite républicaine), Séverine Breton (Sicarev Coop), Christophe Clergeau (PS) et Arnaud Rouseeau (FNSEA). © B. Morel

Malgré le réveil, quoique tardif, du gouvernement sur la détresse agricole, les éleveurs ovins se sentent oubliés dans les mesures prises. « Il faudrait un véritable plan Marshall pour réarmer la filière ovine », s’exclame Emmanuel Fontaine.

La nécessité de structures performantes et adaptées à la production ovine se fait sentir, pour lutter contre l’isolement des producteurs sur leur ferme. « Les éleveurs ont besoin d’outils et d’accompagnement technique quotidien pour produire plus de kilos de viande ou de litres de lait, soulève Séverine Breton, responsable du pôle ovin de la coopérative Sicarev. Les clients de la filière ovine sont de plus en plus exigeants sur la qualité des produits, au vu des prix pratiqués sur le marché. D’où le besoin d’anticiper et de résoudre rapidement les crises sanitaires qui font peur aux consommateurs. Même si la FCO n’impacte ni la santé humaine, ni la qualité des produits finis, c’est l’image de la production qui est ternie. »

Retrouver l’équilibre entre production et environnement

 

 
L'attractivité du métier d'éleveur ovin et le renforcement de l'offre de formation en ovin sont des axes de travail prioritaires pour la FNO.
L'attractivité du métier d'éleveur ovin et le renforcement de l'offre de formation en ovin sont des axes de travail prioritaires pour la FNO. © R. Leconte

Pour Christophe Clergeau, eurodéputé du Parti Socialiste, l’équilibre entre production et environnement doit être retrouvé au niveau français, en prenant en compte le volet social. « L’objectif de la reconquête ovine s’inscrit dans cette dynamique avec le travail autour l’attractivité pour les jeunes, le renouvellement des générations et la recherche d’augmentation du revenu. » La FNO rappelle sa volonté de mettre en place un système de compagnonnage pour aider à l’installation des jeunes, combinés à un enrichissement de l’offre de formation spécifique ovine.

La baisse du cheptel ovin est inquiétante pour l’entretien et la dynamique des territoires, interpelle Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. « Que fait-on de ces territoires le jour où il n’y a plus d’élevages ? Les espaces vont se fermer, il y aura plus d’incendies l’été à cause de l’embroussaillement. Tout cela sera beaucoup moins écologique que le pastoralisme et l’élevage extensif. »

Des clauses de sauvegarde pour la filière ovine

Au niveau européen, la FNO a fait la demande d’une simplification administrative, restée sans réponse. « Il faudrait au moins ne pas ajouter de complexité dans les déclarations et les contraintes réglementaires », soutient Brigitte Singla.

Les accords de libre-échange ont causé des sueurs froides aux éleveurs ovins. Les élus de la FNO souhaiteraient stopper la frénésie autour de ces accords qui donnent lieu à des entassements de droits d’import de viande ovine à des pays qui peuvent du jour au lendemain inonder le marché français. « Face à la fragilité de la filière ovine nous souhaitons faire valoir des clauses de sauvegarde plutôt que les clauses miroir, pas suffisamment protectrices », estime Emmanuel Fontaine.

Malgré tout, Michèle Boudoin, la présidente de la FNO, tient à rester positive : « l’élevage ovin a souvent été malmené, il a traversé de nombreuses crises ces dernières décennies. Mais nous, éleveurs de moutons, avons cette résilience, cette faculté de rebondir après la chute. Nous le devons à la filière, aux jeunes installés et aux futurs éleveurs ! »

148 loups prélevés mi-septembre

Présent à l’assemblée générale de la FNO, le préfet référent du plan national loup, a fait le point sur le bilan de la prédation au 12 septembre. « Il y a aujourd’hui 60 départements où le loup est présent, mais il faut se préparer à ce que ce soit l’ensemble de la France métropolitaine qui soit concernée par la prédation. » Le nombre d’attaques a augmenté de 18 % en 2024 par rapport à la même période en 2023 et 148 loups ont déjà été prélevés.

La régulation et le déclassement

« Sur les huit départements alpins, la prédation est en baisse, mais c’est sur les nouveaux fronts de colonisation, présentant de nombreux troupeaux, que le nombre de victimes est en forte augmentation. » Pour Michèle Boudoin seules deux solutions existent : le déclassement au niveau européen du statut d’espèce strictement protégée du loup et la régulation. « Réapprendre au loup la crainte de l’homme et le danger qu’il y a à s’approcher des troupeaux domestiques est le seul moyen de lutter contre cette prédation incontrôlée », soutient la présidente de la FNO.

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