En Espagne, 2 800 brebis laitières sur six hectares

Un grand bâtiment ouvert sur les côtés et pas moins de 2 800 brebis de race Assaf. Sur les plateaux de Castille-et-León, à Anaya, à une centaine de kilomètres au nord-est de Madrid, Luis Bravo et Ángel Concepción ont mis en place une organisation carrée pour produire près de deux millions de litres de lait par an.

Avec une surface de seulement six hectares, dont plus d’un hectare occupé par l’exploitation, l’alimentation est nécessairement achetée à l’extérieur. La ration de base des brebis en lactation se compose de luzerne déshydratée, de foin ou d’ensilage de vesce, d’orge immature, d’orge aplatie, de maïs grain, de tourteau de soja 47, de pulpe de betterave, de graines de coton, de drèches de brasserie, d’un correcteur azoté et occasionnellement d’ensilage de maïs. Une énorme désileuse automotrice rotative Rotomix charge les aliments grâce à sa fraise sur bras. L’engin mélange jusqu’à six tonnes d’aliment et enchaîne les allers-retours entre le stockage des aliments et la bergerie.

Une semaine d’agnelage tous les mois

Les agnelles de renouvellement en croissance ont une ration spécifique de même que les brebis avant les agnelages. 60 jours avant les naissances, les brebis sont taries brutalement. « Les brebis ne reçoivent que de la paille et, le lendemain, elles sont taries, détaille Luis Bravo. Avant le tarissement, nous pouvons ajuster la quantité d’aliment en fin de lactation en fonction de la production laitière moyenne et de la note d’état corporel moyen du lot. » Le tarissement se fait sans traitement antibiotique intramammaire, l’éleveur aimant mieux réformer que traiter.

Avec 1 à 1,2 million de cellules par millilitre, le lait est en dessous des premières pénalités sur la qualité à 1,5 million de cellules. Le litre de lait est payé de 1,30 à 1,40 euro en fonction de la matière utile.

​​​​​​Les brebis sont synchronisées avec des éponges progestatives intravaginales et les agnelages sont étalés en 12 périodes par an, par lot, avec une semaine de naissance par mois. Avec un intervalle d’agnelage de 280 jours, il y a en moyenne 1,3 agnelage par brebis et par an. « 30 à 40 % des brebis sont inséminées, soit avec de la semence fraîche, soit avec de la semence congelée en intra-utérin », explique Luis Bravo qui utilise aussi le transfert d’embryon.

L’élevage Torreanaya est inscrit dans le noyau de sélection de l’association des éleveurs espagnols de la race Assaf. Toutes les femelles sont commercialisées, notamment via leur site internet torreanaya.es, à l’exception bien sûr des femelles de remplacement. Certains mâles sont aussi vendus pour l’accouplement naturel.

Les agneaux sont séparés de la mère à la naissance et reçoivent du colostrum thermisé par sonde. Ils sont allaités à la louve pendant 25 jours, 30 jours pour les plus maigres, et sevrés brutalement pour les agneaux d’engraissement (corderos) qui reçoivent ensuite un aliment concentré et un aliment de finition.

Les agneaux de lait (lechazos) continuent eux de recevoir une poudre de lait pendant 30 à 45 jours jusqu’à leur abattage. Les futurs reproducteurs ont, eux, une transition plus douce avec une ration sèche allant progressivement vers la ration d’élevage.

Seulement 200 jours de lactation

Les agnelles sont prêtes à être inséminées à sept mois et elles mettent bas à 12 mois. La lactation dure 200 jours. « C’est moins que ce qui se fait traditionnellement en Espagne, remarque Luis Bravo, mais cela permet d’avoir plus d’agneaux et plus de renouvellement génétique. »

Avec Luis Bravo et Ángel Concepción, ce sont 14 personnes qui s’affairent pour faire tourner l’élevage. S’il fait appel à des équipes de tondeurs en avril et octobre, l’éleveur regrette de ne pas trouver d’équipe similaire pour le parage des onglons. Pour la traite, les ouvriers enchaînent les 10 lots dans la salle de deux fois 24 postes avec compteurs et décrochage automatique. « Pour chaque traite et chaque animal, nous enregistrons la production laitière ainsi que la conductivité et la température du lait, explique l’éleveur espagnol de 46 ans. Nous sommes pour l’instant à deux traites par jour mais nous réfléchissons à passer à trois par jour pour augmenter la production. »