En Bretagne, des systèmes productifs qui suscitent des vocations
Avec des races prolifiques et une gestion intensive optimisant les prairies et les ressources de l’exploitation, les élevages ovins bretons génèrent du revenu et suscitent des vocations.
Avec des races prolifiques et une gestion intensive optimisant les prairies et les ressources de l’exploitation, les élevages ovins bretons génèrent du revenu et suscitent des vocations.
Terre agricole par excellence, la Bretagne compte quelque 35 000 exploitations de moyenne et grande dimension. L’agriculture couvre 61 % du territoire régional et la production agricole génère près de 9 milliards d’euros par an provenant à 69 % des productions animales et fournit 4,5 % des emplois bretons (contre 2,5 % en France). Si l’agriculture bretonne est majoritairement tournée vers l’élevage, c’est l’orientation laitière qui domine dans près du tiers des exploitations avec 12 500 producteurs de lait. Mais la région compte aussi 6 500 élevages de porcs, soit plus de la moitié du cheptel porcin français et 2 900 élevages de volailles de chair, produisant ainsi un poulet français sur trois.
Un petit nombre d’éleveurs et de structures ovines
Plus discrète, la production ovine représentait en 2014, 232 éleveurs de plus de 50 brebis, détenant près de 45 000 brebis. Des effectifs restés relativement stables au cours de la dernière décennie. « Nous avons des installations, avec des projets qui tiennent la route et des jeunes motivés, constate Alain Gouedard, conseiller ovin à la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine. Et on voit aujourd’hui un nouveau public s’intéresser à l’élevage ovin avec des éleveurs en reconversion. Mais cette dynamique reste fragile, vu le petit nombre d’éleveurs et de structures de la région ».
En effet, suite à l’arrêt de l’activité ovine de la coopérative le Gouessant, une seule OP ovine demeure sur la région. Ovi-Ouest compte 99 adhérents ovins et 24 000 brebis sur le Grand Ouest, essentiellement en Ille-et-Vilaine, Côtes-d’Armor, Morbihan et Mayenne. « Avec un tissu ovin de plus en plus éparpillé, il y a une nécessité croissante de faire des économies d’échelles : regrouper l’offre afin d’être de taille suffisante pour fournir les distributeurs et négocier les prix, réfléchir à une nouvelle logistique transport pour faire face à l’agrandissement des distances…" témoigne Franck Merel, le président de la coopérative. Ovi-Ouest a donc rejoint l’union Ter’Elevage en 2011, afin d’être dans une unité plus grande tout en gardant son identité bretonne. La coopérative souhaite ainsi optimiser l’appui technique et la commercialisation des agneaux tout en gardant la proximité terrain et a acté l’octroi d’aides à la création et à l’augmentation de troupe.
Les élevages se sont spécialisés et professionnalisés
Tous les agneaux de la coopérative sont abattus par la SVA-Jean Rozé à Vitré (Ille-et-Vilaine), avec deux principaux débouchés : la CCP Agneaux de nos régions, commercialisée par la SVA dans ses Intermarché (57 éleveurs engagés et plus de 5 000 agneaux produits sous ce cahier des charges sur la campagne 2014-2015) et le label rouge agneau de Brocéliande avec AIM, grossiste de la région de Rennes. La SVA, dont la chaîne d’abattage a été rénovée il y a cinq ans, abat 295 000 têtes par an provenant de tout le territoire français, dont 70 000 en CCP. « La Bretagne représente 7 % de nos approvisionnements et le Grand Ouest 18 %, relève Hervé Chapon, directeur adjoint des achats en vif. Nous souhaitons que ces régions pèsent encore plus lourd pour optimiser le fonctionnement de notre outil d’abattage. C’est beaucoup plus pertinent économiquement de s’approvisionner en agneaux français si on le peut et l’agneau de nos régions nous permet de faire reconnaître la production locale. Le contexte régional est propice au développement de la production ovine : les fabricants d’aliment sont sur place ainsi que les abatteurs et vu les pressions que subissent les autres productions animales, les ovins ont leur carte à jouer ! »
Avec des structures de taille plutôt modeste, les systèmes ovins sont assez productifs et l’utilisation des races très prolifiques se développe. Si la souplesse du travail peut en faire un élevage intéressant en atelier complémentaire, la production ovine se retrouve de plus en plus en systèmes spécialisés et on a assisté ces dernières années à une professionnalisation des élevages. La production d’agneaux de bergerie domine mais la recherche d’autonomie alimentaire est un enjeu fort pour les éleveurs qui cherchent de plus en plus à optimiser la gestion de l’herbe et l’utilisation de céréales produites sur l’exploitation.