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Du lait pour le roquefort et des agneaux engraissés

Ancré dans le mouvement coopératif, le Gaec de Pourcayras produit du lait pour la filière roquefort et engraisse des agneaux lacaune en prestation de services.

Jean-François, Bernard et Clément Lacombe, du Gaec de Pourcayras, sont tous les trois engagés dans les organisation professionnelles départementales (coopérative, GDS, JA). © B. Griffoul
Jean-François, Bernard et Clément Lacombe, du Gaec de Pourcayras, sont tous les trois engagés dans les organisation professionnelles départementales (coopérative, GDS, JA).
© B. Griffoul

L’engagement professionnel est une seconde nature dans la famille Lacombe. Président du groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Aveyron (Fodsa), Bernard est également administrateur de GDS France et responsable de la commission ovine. Son frère, Jean-François, est administrateur de la coopérative Unicor. Clément, fils de Bernard, est secrétaire général des JA de l’Aveyron. Leur père et grand-père, André Lacombe, marqua pendant quarante ans le mouvement coopératif aveyronnais, de la présidence de la FD Cuma à celle d’Unicor. Il fut aussi un des fondateurs de la coopérative d’insémination Ovi-Test. Bernard, Françoise, son épouse, Jean-François et Clément forment le Gaec de Pourcayras, situé aux portes de Millau. Pour pallier les nombreuses absences des uns et des autres liées à leurs responsabilités professionnelles, il emploie un salarié, qui « pourrait devenir associé ».

Les nouvelles modalités de paiement plus favorables

Le Gaec élève 830 brebis et produit 2 500 hectolitres de lait (720 brebis traites à 340 l) pour la laiterie Société du Massegros en Lozère. Le cheptel est en traite tardive, de début février à fin août. L’élevage est en sélection avec Ovi-Test. Tous les ans, il vend à la coopérative 30 à 40 béliers et 300 agnelles. Les reproducteurs partent à l’âge d’un mois, après la période d’allaitement (55 euros pour les mâles, 80 euros pour les agnelles). L’exploitation a été avantagée par la réforme du système de paiement du lait. Auparavant, son volume de référence historique ne dépassait pas 1 480 hl. Une grande part de la production était très mal rémunérée (classe 3). Ce qui donnait un prix moyen de 800 euros par mille litres. Avec les nouvelles modalités de paiement, elle bénéficie d’un contrat de 2 300 hl. En tenant compte du dépassement, le lait a été payé, l’an dernier, environ 900 euros. Le Gaec est adhérent de la principale organisation de producteurs de Société, l’OPBR.

Un système typique de causse

La surface exploitée (250 ha) est divisée en deux sites distants de 8 km. L’assolement comprend une part importante de céréales (60 ha), des prairies de luzerne-dactyle, dont 40 ha sont ensilés, et des prairies de ray-grass hybride (pour la pâture), et enfin quelques parcours (20 ha). Un système typique des zones de causse basé sur des stocks importants. En début de traite, la ration des brebis comprend 5 kg d’ensilage, 1,2 kg de foin de luzerne deuxième coupe, 400 g d’orge et 400 g de tourteau de soja. Elle est distribuée sur les tapis avec une mélangeuse. Sauf le tourteau qui est donné en salle de traite. « Nous allons installer des DAC (distributeurs automatiques de concentrés) en salle de traite cette année pour mieux gérer les quantités de tourteau », indique Bernard Lacombe. Au printemps, les brebis pâturent des prairies de ray-grass hybride et des vesces avoine sursemées dans des vieilles luzernes. Mais, en été, la distribution reprend vite le dessus car ces terres de causse sont très sensibles à la sécheresse. Un silo annexe est prévu pour cette période.

Sept euros par agneau engraissé

Sur le deuxième site, une ancienne bergerie a été aménagée pour l’engraissement d’agneaux lacaune (2 000 places). Cet atelier est complètement déconnecté du troupeau laitier. Le Gaec engraisse deux bandes par an en prestation de service pour la coopérative Unicor. Une première bande avec le bâtiment plein en hiver, une seconde avec 1 700 agneaux au printemps. Les agneaux rentrent en bergerie à 15 kg et repartent à 40 kg. Ils restent en moyenne 80 jours. La mortalité est de 3,5 %. Le Gaec est rémunéré sept euros par agneau pour payer le travail, l’amortissement du bâtiment et la paille. « C’est un atelier complémentaire intéressant quand on dispose du bâtiment », explique Bernard Lacombe. C’est Françoise, son épouse, qui gère cette activité. L’éloignement des deux sites est aussi un avantage sur le plan sanitaire. Et, avec 60 hectares de céréales, l’exploitation est totalement autonome en paille pour les deux cheptels.

Chiffres clés

830 brebis lacaune lait présentes
2 500 hl de lait produit
250 ha de SAU dont 60 ha de céréales, 20 ha de parcours et 170 ha de prairies temporaires.
5 UTH

Les actions du GDS ciblées sur les ovins

Le groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Aveyron (Fodsa) mène plusieurs actions en direction des éleveurs ovins. « En matière de FCO, nous recommandons de vacciner les cheptels de souche, détaille Bernard Lacombe, son président. Nous maintenons une surveillance annuelle de la Border Disease. Tous les ans, quelques troupeaux infectés apparaissent encore. Le financement est assuré par le GDS et les OP. » Depuis quelques années, la Fodsa propose également un diagnostic différentiel des avortements pour mieux en cerner les causes. Des boîtes de prélèvements ont été distribuées à l’ensemble des vétérinaires pour uniformiser la recherche en ciblant un certain nombre de maladies (fièvre Q, toxoplasmose, chlamydiose, Border Disease). Les boîtes sont financées par le GDS et les analyses via les fonds sanitaires régionaux et départementaux des GDS. « Cette démarche nous a permis de progresser sur la connaissance des maladies en cause », affirme Bernard Lacombe. La chlamydiose et la toxoplasmose sont responsables des avortements respectivement dans 21 et 26 % des cas, sans compter les cas où elles sont associées à d’autres maladies.

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