Résistances aux antiparasitaires
Adopter des traitements efficaces
Pour Stéphanie d´Esquermes (Fort Dodge Santé animale) toutes les familles de molécules antiparasitaires utilisées chez les ovins et les caprins sont à l´origine de résistances. Les parasites s´habituent au contact de la molécule, ne sont pas détruits, et la résistance se transmet à leur descendance. En ovins, des résistances multiples ont été identifiées avec les benzimidazoles, le lévamisole, le pyrantel, l´ivermectine, la doramectine. Le nématode le plus pathogène pour cette espèce animale, l´Haemonchus, est devenu en quelques années très résistant. Les solutions préventives de lutte consistent à limiter les risques de sous-dosage, préserver les réservoirs de parasites sensibles en pâture (traiter les animaux après passage sur pâture saine), ne pas traiter les animaux immunisés.
Traiter avec des antiparasitaires internes ne s´improvise pas si l´on veut éviter les résistances. ©Inovlim |
Utiliser des molécules de familles différentes
Sur des animaux entrant dans l´élevage, utiliser des molécules de familles différentes ou des associations comme le Duotech. Ne pas répéter les traitements mais choisir des molécules rémanentes pour couper durablement les cycles des parasites. Effectuer des tests de réduction de l´excrétion des oeufs lors de suspicion de résistance.
Les endectocides sont des molécules récentes qui constituent, selon Stéphanie d´Esquermes, « l´un des derniers remparts contre les résistances ». L´utilisation préventive de moxidectine (travaux du Dr Barger) ralentirait le délai d´apparition de résistances aux endectocides. Cette molécule diffère en effet des avermectines par sa capacité à se fixer sur les récepteurs des parasites et par sa lipophilie qui facilite des rémanences exceptionnelles. « Plus la puissance et la rémanence des molécules utilisées sont élevées, plus les résistances apparaissent lentement » . Ce qui a été vérifié avec la Cydectine injectable ovin dont l´AMM valide l´efficacité sur des souches d´Haemonchus contortus résistantes aux benzimidazoles, à l´ivermectine, à la doramectine.
Derniers conseils :
- ne pas sous estimer le poids des animaux ;
- traiter les animaux à jeun pour un traitement oral.
- ne pas répéter les mêmes traitements ;
- choisir des molécules rémanentes ;
- alterner les familles de produits.
En cas de suspicion de résistance : effectuer un examen coprologique avant traitement, puis 15 jours après. Si plus de 10 % des oeufs des parasites incriminés sont présents, on peut suspecter une résistance et il faudra donc changer de famille moléculaire. En Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du sud, une utilisation erronée des strongylicides a conduit de nombreux élevages à cesser la production ovine. Des résistances se développent aussi au Royaume-Uni, même avec des molécules récentes. Ces recommandations devraient permettre, conjointement à une bonne gestion des pâtures, d´éviter ce désastre.