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Adapter son bâtiment pour mieux gérer les chaleurs

La majorité des bergeries n’est pas équipée pour gérer les coups de chauds, lorsque la chaleur excède les 30 °C le jour et ne descend pas en dessous de 22 °C la nuit.

Les tôles translucides sont orientées sur le versant Nord pour éviter les rayonnements solaires l’été. Le versant sud de la toiture est quant à lui recouvert d’un panneau solaire. © B. Morel
Les tôles translucides sont orientées sur le versant Nord pour éviter les rayonnements solaires l’été. Le versant sud de la toiture est quant à lui recouvert d’un panneau solaire.
© B. Morel

Durant l’été, la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur du bâtiment n’est pas toujours suffisante pour assurer l’effet cheminée. Il faut alors uniquement compter sur les mouvements d’airs transversaux pour renouveler l’air.

Réduire les rayonnements solaires

Les tôles translucides en toiture amplifient les rayonnements solaires et contribuent à faire monter la température au sein du bâtiment. Elles doivent être essentiellement concentrées sur le pan nord afin de limiter les désagréments. Un bâtiment type pour optimiser la luminosité tout en évitant les désagréments thermiques contiendrait une toiture isolée sans tôles éclairantes pour limiter les zones de diffusion de chaleur l’été. Les apports de lumière se font de manière latérale par des bandeaux éclairants. L’ajout de débord de toiture peut également préserver les animaux des rayonnements solaires sur les façades orientées sud.

Isoler les toitures

L’isolation des toitures, permet de réduire d’environ 1,5 °C la température ressentie à l’intérieur des bâtiments. Pour les bâtiments de faible hauteur, ou la toiture est proche des animaux, la baisse de température peut atteindre les 4 °C. À titre informatif, les plaques en polyuréthane coûtent entre 20 et 30 euros du m² et conviennent très bien à l’isolation des bergeries. L’isolation apportera aussi du confort lors des saisons intermédiaires quand la journée la température monte à plus de 20 °C et descend parfois en dessous de 0 °C la nuit. La couleur des plaques peut être réfléchie. Les teintes foncées emmagasinent la chaleur alors que les teintes claires favorisent le rayonnement, elles sont à favoriser.

Jouer sur l’emplacement et le choix des matériaux

Les murs et parois des bâtiments emmagasinent la chaleur pour la restituer en début de nuit. Ce phénomène retarde le rafraîchissement du bâtiment en soirée. Il convient de limiter autant que possible les hauteurs de maçonnerie des murs donnant sur le Sud.

Gérer les ouvertures comme à la maison

En période de canicule, il convient d’ouvrir le bâtiment la nuit, et de gérer les ouvertures selon la course du soleil pour éviter le rayonnement direct à l’intérieur du bâtiment. Pour apporter de la vitesse à l’air, il peut être intéressant de créer des ouvertures modulables. Ces techniques montrent cependant vite leurs limites lorsque la canicule se prolonge.

La ventilation mécanique au secours des grandes chaleurs

Le recours à la ventilation mécanique est parfois inévitable durant les périodes de canicule . © D. Hardy
Le recours à la ventilation mécanique est parfois inévitable durant les périodes de canicule . © D. Hardy

Si les aménagements et les pratiques d’élevage ne suffisent pas à atténuer l’impact du stress thermique sur les animaux, la ventilation mécanique peut être un recours. Elle répond à deux objectifs : favoriser le renouvellement de l’air dans des bâtiments trop enclavés ou trop larges, et diminuer la température ressentie par les animaux pendant les fortes chaleurs, grâce à des vitesses d’air importantes. La ventilation doit être homogène au sein du bâtiment pour éviter les agglutinements d’animaux dans les zones les plus favorables.

La ventilation mécanique contribue à donner de la vitesse à l’air. Si l’air mis en mouvement n’est pas forcément plus frais, il permet de faire évaporer l’eau en surface de la peau des animaux, d’où cette sensation de fraîcheur. Pour assurer une ventilation optimale, il faut qu’elle soit homogène dans l’ensemble du bâtiment, sinon les animaux s’agglutineront devant les sorties d’air pour délaisser leurs autres activités traditionnelles. Des systèmes verticaux ou horizontaux peuvent être installés. Le type de ventilation est à choisir en fonction du bâtiment et des hauteurs disponibles. Les brasseurs d’air à pâles ne sont, par exemple, pas adaptés aux bâtiments munis de nombreux murets qui perturbent le flux d’air. Les ventilateurs horizontaux quant à eux assurent un travail sur des largeurs de 3 à 5 m pour des longueurs de 10 à 15 m, mais créent également beaucoup de bruit. Les gaines de ventilation, rigides ou gonflables apportent moins de vitesse d’air, mais le nombre de ventilateur installé et le bruit généré est également moindre.

La brumisation sous certaines conditions

En plus de limiter la température perçue, la brumisation permet de faire baisser la température au sein des bâtiments de façon localisée. L’utilisation de brumisateur doit cependant être accompagnée d’un bon système de ventilation pour favoriser l’évaporation. La brumisation ne doit pas se perdre dans l’air ambiant, sinon elle est inefficace. Elle doit être dirigée vers les animaux sans pour autant toucher le sol. Il est donc impératif d’associer brumisation et système de ventilation performant pour ne pas humidifier déraisonnablement les aires de vie. Il est important de ne pas introduire la brumisation à des surfaces déjà humide pour assurer une bonne gestion sanitaire de la bergerie. Il faut également entretenir le matériel régulièrement, les buses se bouchant rapidement suite à la présence de salissures ou du calcaire de l’eau.

Des ouvertures modulables pour rafraîchir les bergeries

Filet brise-vent © La ventilation des bâtiments ...
Filet brise-vent © La ventilation des bâtiments d'élevage de ruminants
Filets brise-vent. Ils existent à la fois sur rail ou avec enroulement du bas vers le haut. En bâche ou en textile, ils permettent de moduler les arrivées d’air en fonction des conditions climatiques. Ils peuvent être une solution de rattrapage en cas de défaut de ventilation. Ils sont cependant onéreux et fragiles.
Volet pare soleil © La ventilation des bâtiments ...
Volet pare soleil © La ventilation des bâtiments d'élevage de ruminants
Le volet pare-soleil. Des panneaux articulés peuvent rendre le bardage modulable tout en faisant de l’ombre pour les animaux. Le panneau peut être composé de matériaux plein ou ajouré. C’est également la solution la moins onéreuse.
Bardage coulissant © La ventilation des bâtiments ...
Bardage coulissant © La ventilation des bâtiments d'élevage de ruminants
Le bardage coulissant. Un bardage en bois mobile est posé en complément du bardage fixe aux planches très espacées. Ce système permet de moduler la ventilation des bâtiments tout en évitant les courants d’air. Elle est peu onéreuse à condition d’être réalisée en auto construction.
Guillotine © La ventilation des bâtiments ...
Guillotine © La ventilation des bâtiments d'élevage de ruminants
La guillotine. La guillotine permet d’ouvrir ou de fermer complètement l’ouverture par coulissement vertical d’un panneau à l’extérieur du bâtiment. La pose d’un matériau brise-vent peut permettre son utilisation en période hivernale.

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