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Nouveau Plan d’adaptation au changement climatique : quelles sont les mesures concernant l’agriculture ?

Le 3e  Plan national d’adaptation au changement climatique vient d’être publié et a été présenté par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Il comporte 52 mesures dont certaines concernent l’agriculture.

vaches dormant dans un pré à l'ombre de haies
Le nouveau PNACC prévoit de développer l’ombrage au pâturage grâce aux haies.
© Annick Conté (archives)

Présenté le 10 mars par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, le 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) comporte 52 mesures qui ont pris en compte les résultats du dernier rapport du GIEC ayant identifié les principaux risques pour les activités humaines et la vie économique dus au changement climatique pour l’Europe. La ministre a précisé que ce 3e plan n’est pas une stratégie à 2100 mais qu’il s’agit d’une planification progressive contenant des mesures de moyen terme axées sur les trente prochaines années et qui pose les bases de grandes options valables jusqu’à 2100. La trajectoire nationale de référence pour l’adaptation de la France au changement climatique implique une hausse des températures moyennes de 2 °C en 2030, 2,7 °C en 2050 et 4 °C en 2100 par rapport à l’ère pré industrielle.

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« Assurer un accompagnement efficace des exploitations agricoles »

En matière d’agriculture la ministre estime nécessaire qu’on « accélère l’acquisition ces connaissances sur l’impact du dérèglement climatique dans le secteur agricole et d’adapter les formations en conséquence ». Elle souhaite par ailleurs mener un travail avec la ministre de l’agriculture pour « assurer un accompagnement efficace des exploitations agricoles, des filières et de l’industrie agroalimentaire face aux aléas climatiques tout en poursuivant la transition de l’agriculture ».

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Production agricole en 2050 : une étude prospective va être menée

Parmi les nouvelles mesures, le 3e PNACC prévoit la réalisation d’une étude prospective et d’une cartographie sur le thème « A quoi pourrait ressembler la production agricole et aquacole résiliente et bas-carbone en France en 2050 ? ». L’étude et la cartographie seront réalisées selon la TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique) et pourraient être menées par l’Inrae. Une autre étude sera lancée sur les conséquences de la montée du niveau de la mer pour l’agriculture. Le PNACC précise que « cette donnée devra être gérée et partagée par les collectivités et les organisations syndicales pour assurer au maximum la sécurité alimentaire des populations en permettant aux professionnels (maraîchers, éleveurs et irrigants) de pouvoir s’adapter dans le temps à cette raréfaction de la ressource en réorientant leurs itinéraires techniques de production ».

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Mise en place d’un plan de communication pour éclairer les consommateurs

Le plan prévoit aussi la réalisation d’un diagnostic modulaire pour évaluer la vulnérabilité des exploitations au moment de l’installation et de la transmission (évoqué dans la loi d'orientation agricole). Il précise qu’il comprendra en particulier un stress-test climatique à horizon 2050 réalisé selon la TRACC. Autre engagement : la mise en œuvre du programme ambition Bio 2027. Pour l'élevage, le PNACC prévoit entre autres, de développer l’ombrage au pâturage : il s’agit notamment de mettre en œuvre le pacte en faveur de la haie pour les exploitations d’élevage et de mettre en place des parcours vers l’extérieur pour les animaux lors de fortes chaleurs. Il prévoit aussi de mettre en place un plan de communication pour « éclairer le consommateur à soutenir les productions respectueuses du bien-être animal, de la santé humaine, de l’environnement et durables, dans ses actes d’achat ».

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Toujours plus d’économies d’eau

En ce qui concerne l’eau, pour le secteur agricole, l’objectif de sobriété consiste à « ne pas augmenter les prélèvements à horizon 2030 à l’échelle nationale » et « pour les agriculteurs, 30 M€ supplémentaires par an seront consacrés au soutien des pratiques économes en eau ». Le PNACC annonce par ailleurs qu’« il sera progressivement mis fin aux autorisations de prélèvement au-delà de ce qui est soutenable dans les bassins versants dits en déséquilibre » et ajoute que « les freins réglementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles seront levés dans l’industrie agroalimentaire, dans le respect de la protection de la santé des populations et des écosystèmes ».

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La récupération des eaux de pluie encouragée 

Autre annonce : « La récupération des eaux de pluie de toiture des bâtiments agricoles (notamment bâtiments d'élevage, pour l'abreuvement des animaux) sera largement soutenue en vue de sa généralisation via des aides des Agences de l’eau ». Le plan annonce par ailleurs qu’un fonds d'investissement hydraulique agricole sera abondé à hauteur de 30 M€/an pour remobiliser et moderniser les ouvrages existants (curages de retenues, entretien de canaux, etc.) et développer de nouveaux projets « dans le respect des équilibres des usages et des écosystèmes dans l’Hexagone et dans les Outre-mer ».

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Plusieurs sources de financement pour ce nouveau PNACC

Pour ce qui est du financement de nouveau plan, la ministre a annoncé que les Agences de l’eau vont mobiliser près d’un milliard d’euros pour l’adaptation au changement climatique, dont près de 40 % pour soutenir des solutions fondées sur la nature. Pour accélérer les démarches de prévention des territoires, le fonds Barnier a été augmenté de 75 millions d’euros pour atteindre 300 millions d’euros. « Le Fonds vert sera mobilisé de façon inédite puisque les crédits consacrés à l’adaptation au changement climatique s’établiront à 260 millions d’euros » a ajouté la ministre de la Transition écologique.

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