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Controverses
Protéines animales et végétales : quel compromis trouver ?

La consommation de viande reste stable en France. D'un côté, l’élevage structure nos paysages, de l'autre, les animaux sont associés aux rejets de gaz à effet de serre ou à la déforestation. Lors des Controverses de l'agriculture et de l'alimentation, Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, producteur de lait, et Thomas Uthayakumar, directeur Programme et Plaidoyer à la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), ont débattu des pour trouver le bon compromis entre protéines animales et végétales.

Les défenseurs des protéines animales mettent en avant leurs nombreux atouts nutritionnels, notamment leur richesse et leur diversité en nutriments, ainsi que leur meilleure digestibilité. Les élevages permettent de valoriser des herbages qui ne pourraient pas être exploités en cultures, et qui structurent ainsi les paysages de nos régions françaises, et permettent de capter du carbone.

Une confusion entre les protéines

« La complémentarité entre protéines animales et végétales peut cacher quelques travers. Il ne faut ni sacraliser ni jeter l’opprobre sur les produits végétaux ou animaux », souligne Thierry Roquefeuil. Le président regrette la confusion qui peut exister dans les rayons des supermarchés entre les différentes productions. Cette confusion potentielle reste un sujet sensible au sein de l’interprofession. « À titre personnel, je trouve compliqué de différencier un yaourt issu de produits laitiers d’un yaourt au lait végétal. J’ai essayé de porter ce débat à l’interprofession, mais j’ai été obligé d’arrêter. Parfois, on veut trouver des solutions, mais on est rattrapé par des contraintes administratives ». En cause : le risque d’être taxé d’entente par la direction générale de la concurrence.

Une déforestation importée 

Thomas Uthayakumar, de la Fondation pour la Nature et l'Homme, partage cette volonté de « ne pas polariser le débat ». La FNH s’appuie cependant sur des études de l’Anses. « Nous consommons trop de protéines animales. Il faut inverser le ratio avec la protéine végétale du côté de la demande ». L’autre enjeu concerne la production. Il s'agit de réintroduire des protéines végétales dans les itinéraires techniques pour les consommations animales et humaines. « Commençons par l’assolement. Nous importons la déforestation en important des millions de tonnes de tourteaux de soja », insiste Thomas Uthayakumar.

Réduire de moitié la consommation de protéines animales 

Reste la question de la consommation de viande par la population française. « Si nous voulons augmenter la qualité nutritionnelle de notre alimentation, sans augmenter la valeur du panier moyen (hors contexte inflationniste), nous pouvons réduire de 50 % la consommation de protéines animales ». Pour compenser, la FNH mise notamment sur les légumes secs.

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Attention aux importations de viande 

En réponse, Thierry Roquefeuil met en avant la stabilité de la production laitière française. « Nous produisons aujourd’hui 23 milliards de litres de lait, comme en 1983. Mais nous avons divisé par deux le cheptel laitier ». Cette évolution se traduit par une baisse des réformes laitières. « Résultat, nous importons 25 % de la viande consommée en France. La FAO annonce également une augmentation de 1,8 % de la consommation de lait au niveau mondial. Où allons-nous les produire ? Restons-nous franco-français ? ».

Viande : moins mais mieux 

La FNH ne s’oppose pas aux protéines animales et préfère « le moins et le mieux » en faisant le lien entre la quantité de protéines animales dans notre assiette et dans les champs. Thierry Roquefeuil se montre prudent et prend l’exemple de la hausse de la production de lait biologique. Le consommateur n’est pas « au rendez-vous » et les prix ne suivent pas. Un autre constat est que la consommation de viande rouge baisse au profit de la viande blanche. « Est-ce qu’on va maintenir des prairies et plus de biodiversité avec de la volaille ? Non », regrette le président de la FNPL.

Débat sur la cohérence des politiques publiques 

La FNH rejette cependant le statu quo. La rémunération des agriculteurs est effectivement l’un des enjeux pour tendre vers le « moins mais mieux ». « Si nous regardons les bénéfices nets des acteurs de l’aval, c’est une augmentation de 61 % entre 2018 et 2021. Qu'en est-il de la transparence des marges brutes et nettes ? Notre travail consiste à questionner la cohérence des politiques publiques. Quelle est notre direction ? Quelle est la photographie de notre agriculture en 2030 et 2050 », conclut Thomas Uthayakumar.

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