Haie : inverser la tendance du remembrement va nécessiter près de deux milliards d'euros, selon l'Afac
Entendus par le gouvernement depuis leur Appel de la haie, la fédération nationale Afac-Agroforesteries chiffre les moyens pour doubler le linéaire d’ici à 2050 à 250 millions d’euros en 7 ans.
Entendus par le gouvernement depuis leur Appel de la haie, la fédération nationale Afac-Agroforesteries chiffre les moyens pour doubler le linéaire d’ici à 2050 à 250 millions d’euros en 7 ans.
Les professionnels de l’agroforesterie réunis au sein de l’Afac qui avaient lancé en février l’Appel de la haie se félicitent d’avoir été entendus par Marc Fesneau qui annonce un Pacte en faveur de la haie d’ici l’été.
« Le Pacte pour la haie c’est une très bonne chose mais il faut un plan financé », souligne Philippe Hirou, président de l’Afac qui chiffre les besoins à 250 millions d’euros par sur 7 ans soit 1,7 milliard d’euros d’ici à 2030.
Des moyens financiers qui permettraient de restaurer 441 000 kilomètres de haies d’ici à 2030 et d’implanter 68 000 kilomètres de haies avec la mobilisation de 78 000 agriculteurs labellisés label haies, selon les modélisations présentées le 15 juin à la presse par l’Afac.
Si rien n'est fait c'est 210 500 kilomètres de haies qui risquent encore de disparaître d'ici à 2030
« Si on ne fait rien c’est 210 500 kilomètres de haies qui risquent encore de disparaître d’ici à 2030 », argumente Paule Pointereau, responsable stratégie et projets à l’Afac. « Or en 2050, les paysages sans arbres seront invivables. « Un arbre c’est un climatiseur », me confiait récemment un agriculteur breton. La haie est en effet une solution moderne et économique », insiste Philippe Hirou.
Comme le confirme un récent rapport de la CGAAER 23 600 kilomètres de haies auraient disparu entre 2017 et 2021. La bonne volonté du ministère de l’agriculture ne suffira pas à enrayer cette tendance, « il va falloir mettre un peu d’argent mais ce ne sera pas un investissement à perte », assure le président de l’Afac.
Comment l’Afac justifie cette demande de moyens ?
Selon l’Afac, pour doubler le linéaire de haies d’ici à 2050, un plan ambitieux doit être établi avec trois objectifs :
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Stopper l’érosion des haies et les valoriser
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Densifier le linéaire de haies
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Piloter, suivre et évaluer une trajectoire 2024-2030 pour les haies.
670 millions d’euros (soit 95 millions d’euros par an) seraient nécessaires à la réalisation du premier axe du plan, dont 610 millions d’euros destinés à la gestion durable des haies existantes et au développement de filières de valorisation selon les experts de l’Afac. « Les branches des haies coupées ne doivent plus être un déchet laissé en bout de champ mais un produit valorisé pour l’agriculteur », souligne Philippe Hirou.
Les branches des haies coupées ne doivent plus être un déchet laissé en bout de champ
Mais pour ce faire, 30 nouvelles structures de valorisation du bois (contre 40 aujourd’hui) devraient être crées et 400 techniciens mobilisés et formés pour accompagner les agriculteurs dans la valorisation de la biomasse bocagère labellisée.
L’Afac propose aussi de revaloriser le bonus haie de 7 euros par hectare aujourd’hui prévu par la nouvelle Pac.
Sur le deuxième axe, l’Afac se fixe comme objectif de planter 50 000 kilomètres de haies d’ici à 2030 mais aussi de favoriser la régénération naturelle assistée de 18 000 kilomètres de haies. Une deuxième démarche moins coûteuse puisque nécessitant un budget de 7 euros le mètre linéaire de haie contre 13,92 euros pour la plantation, selon le barème établi par l’Afac.
Pour ce faire, les agriculteurs et la filière amont française doivent être soutenus, notamment par la création de 30 nouvelles pépinières et le soutien des pépinières existantes. Un plan ayant pour objectif de passer de 1,5 à 4,5 millions de plants labellisés Végétal local d’ici à 2030 qui nécessiterait 1,014 milliard d’euros en 7 ans.
Enfin pour piloter et suivre l’évolution des haies, l’Afac estime que 21 millions d’euros seraient nécessaires au déploiement d’un dispositif Geohaie.
Chiffrages des investissements financiers nécessaires au plan haie selon l'Afac
Qui devrait mettre la main à la poche ?
Le montant évalué par l’Afac pour déployer un véritable plan haies devrait « provenir d’un investissement de l’Etat et des collectivités, et aussi en minorité de la poche des agriculteurs », souligne Philippe Hirou.
Trois régions (Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté et Nouvelle-Aquitaine) ont déjà signé l’Appel de la haie et l’Afac espère en voir arriver d’autres. Un appel qui a aussi reçu la signature de 15 000 personnes et de 350 organismes dont la Confédération paysanne, la Fnab, Léa Nature, l’Unaf, Synabio, Solagro, Loué ou encore la fédération nationale des chasseurs.
« 1,7 milliard d’euros ce n’est pas si énorme sur les 70 milliards prévus pour la transition écologique. Ce n’est pas inatteignable mais les régions doivent participer », conclut Philippe Hirou.