Arnaud Montebourg : « les paysans sont pris entre le marché mondial, impitoyable, et le populisme climatique »
Lors de son intervention au LFDay 2023, Arnaud Montebourg a décrit la situation intenable dans laquelle les agriculteurs français se trouvent aujourd’hui. Il attend du gouvernement un engagement fort et une clarification. Il a annoncé son implication dans la création d’un nouveau fonds d’investissement qui vise notamment à soutenir des start-up de l’AgTech et de la FoodTech.
Lors de son intervention au LFDay 2023, Arnaud Montebourg a décrit la situation intenable dans laquelle les agriculteurs français se trouvent aujourd’hui. Il attend du gouvernement un engagement fort et une clarification. Il a annoncé son implication dans la création d’un nouveau fonds d’investissement qui vise notamment à soutenir des start-up de l’AgTech et de la FoodTech.
« Les paysans sont pris en étau entre, d’un côté, le marché mondial impitoyable, qui donne raison au moins disant social et environnemental, et de l’autre côté le populisme climatique », a déclaré Arnaud Montebourg qui était l’invité du LFDay le 11 juin, la journée annuelle de la Ferme Digitale. « Nous avons mis en concurrence nos exploitations agricoles, pour la grande majorité de petite taille, avec les latifundias du monde entier, souligne-t-il. Ces grandes structures ont un agronome pour 1000 hectares. Chez nous, dans les chambres d’agriculture de chaque département, on a un technicien par secteur ! Vous voyez que on n’a pas investi les moyens dont nos concurrents disposent. » Il regrette que « la PAC ait été démantelée » alors qu’elle avait un vrai rôle protecteur des marchés.
« Protectionnisme pur et libéralisme pur mènent tous deux à la ruine »
Quant aux écologistes, « avec les L214, les manifs contre les bassines, la fin des barbecues parce qu’il parait que c’est trop viril, la fin du foie gras, la fin de la chasse, la fin du maïs, c’est tout et n’importe quoi ! Alors qu’il nous faudrait discuter politiquement pour trouver un compromis permettant d’assurer notre survie sur le marché mondial en reprenant les principes originels de la PAC », considère l’ancien ministre de l’Economie et du Redressement productif de François Hollande.
« Notre ambition c’est de construire des compromis »
Ainsi, selon lui, le protectionnisme pur et le libéralisme pur sont deux extrêmes qui mènent à la ruine. Comment résoudre cette contradiction ? « Grâce à un équilibre intégrant du protectionnisme là on en a besoin et du marché libre là on en a besoin. Aujourd’hui elle n’est pas résolue, pilotée, assumée. Dans ce pays, il faut un gouvernement qui traite de ces questions ! »
Le gaspillage de l’eau, le bien-être animal, la question du maïs « qui est une plante stratégique avec les besoins considérables de la Chine » doivent notamment être traités. « Il faut que, produit par produit, nous établissions une stratégie pour résoudre nos contradictions. Nous en avons les moyens : la France est le deuxième marché de l’Union européenne qui est le premier marché du monde. Ca compte ! », conclut-il.
Montebourg veut soutenir l’innovation agricole grâce à un nouveau fonds de capital-risque
De son côté, l’infatigable promoteur du « made in France » ne reste pas les bras ballants. Il vient de lancer un fonds de capital-risque qui a pour vocation de soutenir l’innovation. « Les Equipes du Made in France que j’ai créées se sont associées avec Otium Capital (1,2Md € sous gestion), fonds d’investissement créé par Pierre Edouard Sterin et dirigé par François Durvye », explique Arnaud Montebourg. L’objectif est de lever 500 millions d’euros pour accompagner des start-up utiles sur le plan de la souveraineté industrielle et agricole.