Investissements : optimiste pour 2022, le Crédit agricole exprime des « incertitudes » pour 2023
La première banque de l’agriculture a accordé un montant record de prêts en 2021 au monde agricole et annonce un bon premier semestre 2022. La tendance des investissements pour 2023 semble beaucoup plus incertaine.
La première banque de l’agriculture a accordé un montant record de prêts en 2021 au monde agricole et annonce un bon premier semestre 2022. La tendance des investissements pour 2023 semble beaucoup plus incertaine.
Après une « très bonne année en termes de réalisations de prêts en 2021 », Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture au Crédit agricole SA s’est montré optimiste pour 2022 lors d’une conférence de presse au Space, organisée le 13 septembre. En revanche, les représentants de la banque ont exprimé une grande incertitude pour 2023.
2021 : une année record pour l’attribution de prêts agricoles
En 2021, le Crédit agricole a accordé 8,2 milliards d’euros de prêts dans le secteur agricole en France, soit un montant supérieur de 7,8% à celui de l’année précédente. Pour la neuvième année consécutive, le niveau de prêts accordés au secteur agricole dépasse la barre des 7 milliards d’euros.
Une progression portée par les secteurs :
- céréales (+11.6% des réalisations sur un an)
- légumes (+17.1%),
- fruits (+7.7%),
- ovins (+10,4%)
A l’inverse, le Crédit agricole a enregistré une baisse des réalisations de prêts dans les secteurs :
- bovins viande (-1.6%)
- volailles (-3,6%)
- viticulture (-0.5%)
La première banque du monde agricole souligne par ailleurs une hausse des investissements dans les énergies renouvelables.
Poursuite des investissements agricoles début 2022, sauf en Bretagne
Sur le premier semestre 2022, le montant des prêts accordés par le Crédit agricole au secteur agricole atteignant 4,445 milliards d’euros (en hausse de 8,4% par rapport au premier semestre de 2021). Une avance qui laisse à nouveau présager « une année record en termes d’attribution de crédits » pour « la banque verte ». Les investissements sont tirés par le poste bâtiment. Jean-Christophe Roubin souligne une réalisation de crédit en hausse de 4,5% sur la filière laitière pour le premier semestre avec la poursuit de la modernisation des outils avec notamment une robotisation croissante de la traite.
Pour d’autres secteurs, la tendance s’avère moins positive. Avec un recul des réalisations de crédits de 1,4% sur la filière porcine au premier semestre 2022 et un nouveau recul de 0,8% des réalisations de prêts sur les filières volaille de chair et œufs.
Répartition des réalisations de prêts du Crédit agricole par filières agricoles au premier semestre 2022 et évolution en % par rapport au premier semestre 2021
Filière |
Réalisations de prêts en M€ sur le premier semestre 2022 |
Evolution en pourcentage par rapport au premier semestre 2021 |
Céréales |
1109.1 |
+11.3% |
Légumes |
120.9 |
-0.5% |
Viticulture |
516.8 |
+11.8% |
Fruits |
91.2 |
+8.1% |
Vaches laitières |
576 |
+4.5% |
Bovins allaitants |
429.4 |
+3.3% |
Ovins |
105.1 |
+13.9% |
Porcins |
105.8 |
-1.4% |
Volailles |
111.3 |
-0.8% |
Cultures et élevage associés |
558.4 |
+11.4% |
Divers |
673.2 |
+10.5% |
Au niveau région, la banque note toutefois une stabilisation des investissements en Bretagne avec 419 millions d’euros de crédits accordés en léger recul de 0,4% par rapport au premier semestre 2021.
Incertitudes pour les investissements agricoles en 2023
Si pour l’heure la banque se montre optimiste, « l'inflation et les aléas climatiques peuvent affecter les résultats du second semestre 2022 », prévient toutefois Jean-Christophe Roubin. Et surtout, « la situation reste très incertaine » pour 2023, souligne-t-il. « S'il y a un retournement de conjoncture en céréales, mais que le prix des intrants reste élevé, on pourrait assister à un effet de ciseau très dommageable », souligne-t-il.
Pour 2023, le Crédit Agricole s’inquiète de l’évolution du bio, avec une baisse de la demande et des prix en recul : « avec l’inflation, le risque est que le consommateur choisisse le prix plutôt que le bio. Avec des prix au producteur parfois plus faible que le conventionnel, le risque de déconversion est bien réel », commente Jean-Paul Kerrien, président du Crédit agricole en Bretagne. Michèle Guibert, secrétaire générale du Crédit Agricole en Bretagne, prévient que la banque « surveillera de près les conversions en bio », l’an prochain.
On surveillera de près les conversions en bio
Au plan national, Jean-Christophe Roubin pointe la situation difficile des éleveurs laitiers en bio mais aussi pour les producteurs d’œufs bio. Il souligne aussi une inquiétude concernant la réduction du nombre d’élevages laitiers en France et pointe risque de surproduction à l’échelle de la France sur les œufs plein air. La peste porcine africaine (PPA) aux portes de l’hexagone et la grippe aviaire contribuent aussi à rendre l’année 2023 incertaine pour le secteur agricole, selon le Crédit agricole.