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DATA ET TRAÇABILITÉ
Data en agriculture : qui peut accéder à mes données et à quel prix ?

Viticulteur dans le Bordelais, Thomas Solans utilise plusieurs outils d’aide à la décision sur son exploitation. Les données recueillies sont partagées avec sa coopérative. S’il fait confiance à sa coop, le viticulteur s’interroge sur l’absence de maîtrise sur le destinataire final de ses informations.

A Courpiac en Gironde, Thomas Solans a repris l’exploitation viticole du Clos d’Arnaudet en 2008 avec son père. Devant son écran d’ordinateur, il navigue sur le logiciel DeciTrait® , utilisé depuis deux ans. L’outil d’aide à la décision lui permet d’appliquer au mieux les traitements de protection contre le mildiou et l’oïdium notamment. En cours de conversion en agriculture biologique, il lui assure aussi le strict respect des doses de cuivre, à savoir 4 kg annuels maximum. Couplé à sa station météo connectée, DeciTrait® modélise les risques de contamination. « Cet OAD calcule et prévoit le lessivage de la quantité de cuivre appliqué, détaille le viticulteur.Et il m’indique le jour pour positionner un traitement et être couvert par rapport à la période épidémiologique ».

Lire aussi - Data : la liberté de l’agriculteur se joue dans les contrats

La valeur apportée par la traçabilité en agriculture est un enjeu

Le logiciel permet d’optimiser les traitements phytosanitaires et d’éviter les applications systématiques. Les données collectées sont ensuite transmises à la coopérative de Grangeneuve. Thomas Solans en est administrateur et fait « confiance à sa coop ». Le viticulteur voit dans cette traçabilité la possibilité d’accéder à certains marchés à l’avenir.
« On pourrait s’en servir pour contractualiser avec les acheteurs, pour les rassurer. C’est un enjeu pour demain ». La question de la valorisation de ces données et de cette traçabilité se pose également.

Lire aussi - Collecte des datas : quels risques pour l’agriculteur ?

Les contrats ne sont pas assez lus par les agriculteurs

Toutefois, Thomas Sotrans reconnaît ne pas contractualiser avec sa coopérative sur ses données. Il n’a pas non plus entièrement lu son contrat d’abonnement au logiciel. « Je ne me suis pas assez soucié de l’utilisation qui allait être faite de mes données. Si je me désabonne, elles seront perdues pour moi et je ne sais pas ce qu’elles deviendront ». Il s’inquiète : « Les données pourraient être transmises à des gens susceptibles d’en faire un mauvais usage ». Dans un contexte d’agribashing, le viticulteur y voit une potentielle dérive avec le risque « qu’on dise que la pratique agronomique est mauvaise parce qu’il y a des traitements ».

Lire aussi - Agriculture : échanger ses data pour améliorer la valeur ajoutée

L’agriculteur peut exiger une contractualisation du consentement

« L’agriculteur peut demander un contrat écrit et exiger qu’il soit suffisamment complet, explique Laurie Bésinet, experte Agriconsent. « Pour aller plus loin, il est possible de demander que le consentement soit formalisé en amont de l’échange de données ». Les exploitants agricoles ne sont cependant pas juristes. C’est pourquoi Agdatahub accompagne les fournisseurs de services ou d’outils numériques dans leur démarche de labellisation Data-Agri. La charte Data-Agri précise les usages autorisés, ainsi que les ayant-droits et les bénéficiaires des données collectées. Cette labellisation assure une meilleure transparence et anticipe les évolutions de la règlementation sur le traitement des données, de plus en plus encadré en Europe.

 

Les cinq informations à intégrer dans le contrat pour un consentement éclairé
  1. Les données concernées : celles de l’agriculteur et de son exploitation
  2. Le(s) destinataire(s)
  3. Les types de données échangées
  4. L’usage qui en sera fait
  5. La durée de validité du contrat

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