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Moisson 2024 - Première prévision de rendement de blé tendre par Arvalis et Intercéréales

La campagne culturale 2023-2024 (campagne commerciale 2024-2025) française s'est avérée exceptionnellement pluvieuse, affectant le blé tendre tout au long de son cycle de développement. L'AGPB s'alarme de la situation.

© aszak - Pixabay

Article rédigé en collaboration avec Adèle d'Humières et Karine Floquet

À quoi ressemblera la moisson de blé tendre hexagonale 2024 ? Le rendement moyen tomberait à 64 q/ha, soit une baisse de 13 % par rapport à l'an dernier, indiquent Arvalis et Intercéréales dans un communiqué commun du 5 juillet 2024. Sur une surface évaluée à 4,2-4,4 Mha selon diverses sources publiques et privées, cela donnerait un volume compris entre 27 et 28 Mt, soit un niveau proche de la très mauvaise année 2016.

Lire aussi : "Moisson 2024 : le top départ est lancé"

Le blé tendre miné par des maladies, des adventices...

La raison de cette dégradation annuelle de la productivité est connue : les précipitations, qui ont frappé les cultures tout au long de la campagne culturale 2023-2024 (campagne commerciale 2024-2025). « Cette campagne restera comme l’une des plus compliquées à gérer sur une période aussi longue. Les agriculteurs ont dû s’adapter à des conditions particulièrement difficiles afin de positionner au mieux leurs interventions au champ. L’année a tout d’abord été marquée par des pluies régulières et continues du semis jusqu’à la récolte (+40 % en moyenne en France par rapport aux vingt dernières années), puis par une forte pression des adventices et des maladies, et, enfin par une baisse du rayonnement affectant une grande partie du territoire (-7 % en moyenne sur la France par rapport aux vingt dernières années et jusqu’à -15 %). Ces conditions climatiques ont ainsi fortement affecté le fonctionnement des cultures et donc la production », détaille Jean-Pierre Cohan, directeur Recherche et Développement d’Arvalis dans le communiqué.

« Cette campagne restera comme l’une des plus compliquées à gérer sur une période aussi longue », indique Jean-Pierre Cohan, directeur Recherche et Développement d’Arvalis-Institut du Végétal.

Toutefois, Jean-François Loiseau, président d'Intercéréales, tient à rassurer les marchés : « cette récolte 2024 couplée aux stocks de fin de campagne permettront à la filière céréalière française d’assurer la souveraineté alimentaire à la fois de notre pays et de nombreux pays dans le monde », déclare-t-il dans le communiqué.

Un taux de protéine moyen à 11,6 %

Arvalis livre également une prévision sur le taux de protéines attendu. Il s'élèverait, en moyenne, à 11,6 %, un chiffre stable par rapport à l'an dernier, et proche de la moyenne établie sur les dix dernières années.

Un retard des moissons en blé tendre

Le rapport hebdomadaire de Céré'Obs tend à confirmer les propos d'Arvalis et d'Intercéréales. Les conditions de culture du blé tendre sont jugées "bonnes à très bonnes" dans seulement 58 % des cas en semaine 26 (du 25 juin au 1er juillet 2024), contre 60 % la semaine antérieure, et 81 % l'an dernier à pareille époque. Les moissons ont débuté, réalisées à hauteur de 1 %, contre 8 % en 2023, et 5 % en moyenne lors des cinq dernières années, témoignant d'un certain retard.

Petit lot de consolation : les récoltes dans le Sud-Ouest, qui débutent, donneraient satisfaction pour le moment. « La qualité, que ce soit le poids spécifique (PS), la protéine ou le temps de chute de Hagberg, et le rendement sont au rendez-vous. Pour l’instant, aucun problème sanitaire n’est à déplorer », indique un opérateur anonyme local. « Toutefois : les quelques orages et pluies prévus pour samedi sur la région pourraient faire courir un risque de germination aux blés secs », alerte-t-il. Rappelons enfin que beaucoup de parcelles restent à couper, et que le secteur est loin de constituer la principale région de production de blé tendre en France.

Les récoltes d'orges donnent pour le moment des résultats peu rassurants

Autre indicateur à suivre susceptible de donner une idée de la récolte française de blé tendre 2024 : les coupes d'orge. Et pour le moment, les échos entendus par la rédaction de La Dépêche-Le Petit Meunier tendent plutôt à aller dans le sens d'Arvalis et d'Intercéréales. « Le rendement est moyen et la qualité décevante avec des PS entre 60 et 62 kg/hl en orge d’hiver. Les orges de printemps sont en meilleur état », signale l'opérateur du Sud-Ouest.

« Le rendement est moyen et la qualité décevante avec des PS entre 60 et 62 kg/hl en orge d’hiver. » Un opérateur anonyme du Sud-Ouest.

 Un autre basé dans l'Est évoque « une baisse des volumes de 20 à 30 % par rapport à l’an dernier (...) Les PS devraient cependant permettre de rester contractuels. Au nord-est de la région du Rhin, les PS sont conformes. Au Sud, les PS présentent des problèmes avec des lots à 52, 55 et 57 kg/hl minimum. La qualité est hétérogène, mais le principal problème reste les rendements, sachant qu'on commence toujours par couper les plus mauvaises parcelles ». « Les premiers échos des champs rapportent des rendements décevants sur les grandes terres (entre -20 % et -30 % par rapport à l'an dernier) et limités sur les petites terres », selon une autre source basée dans la Marne. Un acteur du marché de la façade ouest rapporte de son côté « un rendement en orge moyen se situant 10 à 15 % sous les moyennes dans l'hinterland de La Pallice ». 

La moisson d'orge en retard

Céré'Obs estime la récolte d'orge d'hiver effectuée à 33 % en semaine 26, contre 64 % l'an dernier à pareille époque et 41 % en moyenne sur 2018-2023. En variété de printemps, elle débute tout juste, réalisée à 1 %, contre 13 % en 2023, et 6 % en moyenne lors des cinq dernières années.

L'ensemble des informations recueillies sont à prendre avec du recul. Beaucoup de choses peuvent encore se passer d'ici à la récolte de blé tendre. Et les moissons d'orges sont loin d'être terminées.

Les producteurs de blé s'alarment de la situation

Les prévisions de baisse de production de blé tendre et d'orge française 2024 ont incité l'AGPB (Association générale des producteurs de blé) à réagir, via son président Eric Thirouin : « Déjà impactés par une chute vertigineuse de leurs revenus et une fragilisation de leurs moyens de production, les céréaliers français exhortent tous les responsables politiques à remettre prioritairement à l’agenda parlementaire les travaux débutés à la suite des mobilisations agricoles historiques de cet hiver et mis en pause depuis la dissolution », a-t-il déclaré dans un communiqué du 5 juillet 2024. Il rappelle les chiffres de la Commission des comptes de l'agriculture de la nation, publiés ce mercredi 3 juillet 2024 : en 2023, la valeur de la production de céréales s’est effondrée de 24 % par rapport à 2022 sous l’effet d’une baisse des prix de 30 % sur la même période.

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