Congrès des grains Dijon/Nancy : une campagne 2024-2025 décevante et complexe à gérer en céréales
Le Congrès des grains Dijon/Nancy s’est tenu le jeudi 5 septembre à Dijon, post moisson de céréales d’hiver et à l’approche de celles en maïs et tournesol. Tour d’horizon.
Le Congrès des grains Dijon/Nancy s’est tenu le jeudi 5 septembre à Dijon, post moisson de céréales d’hiver et à l’approche de celles en maïs et tournesol. Tour d’horizon.
Pour tous les participants du Congrès des grains Dijon/Nancy, qui s'est déroulé le 5 septembre au Palais des Congrès de Dijon, un même constat : la campagne 2024-2025 sera décevante et complexe à gérer. « Ça fonctionne vraiment au ralenti en ce début de campagne, avec des reliquats d’exécution de contrats sur la campagne précédente et quelques affaires sur la nouvelle en intracommunautaire (Espagne et Portugal) », estime un professionnel des opérations portuaires. « Avec une toute petite période de récolte, parfois ramenée d’un mois et demi à seulement deux semaines pour certains acteurs, la gestion des plannings de mise à disposition des matériels de transport, en général prévue trois mois à l’avance, s’avère très compliqué, avec beaucoup d’annulations de dernière minute », explique par exemple un spécialiste du transport du grain par la route, avant de conclure : « il pourrait y avoir pas mal d’arrêt d’activité dans le transport de grains, avant même que ça tourne mal ». Un autre acteur du transport fait observer que certains chargeurs en grains, dans les ports, ne renouvellent pas tous les contrats à durée déterminée, faute d’activité, et d’ajouter : « c’est sûr, les coûts de maintenance seront peu importants cette année mais bonjour les coûts fixes ».
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Difficulté supplémentaire dans le transport ferroviaire vers l’Italie : la voie ferrée qui va de Paris à Rome et qui passe par Modane, fermée depuis de très violents éboulements survenus en août 2023, ne rouvrira pas cet hiver comme prévu. « Il va falloir beaucoup de pédagogie et d’échanges avec nos clients en septembre pour mieux comprendre les besoins, les ressources et les contraintes et trouver des solutions qui conviennent au mieux pour tout le monde ».
Un courtier remarque que « les échanges se concentrent plutôt sur le Sud-Ouest en France en ce début de campagne, l’hinterland dans le centre et plus au nord étant moins sollicité ». Et ce, dans un contexte de concurrence assez forte du port de Tarragone en Espagne, désormais capable d’accueillir des plus gros bateaux qu’auparavant et avec des capacités de chargement-déchargement très rapides.
Un rayon de soleil quand même : si les poids spécifiques (PS) sont plutôt bas, ce qui signifie qu’il faudra plus de blé tendre meunier que d’habitude pour produire la même quantité de farine, les autres indicateurs paraissent corrects ou satisfaisants aux yeux des utilisateurs. Et les grains sont plutôt sains. En ce qui concerne le PS, plusieurs courtiers ont acté que désormais il allait falloir travailler avec des taux de 74 kg/hl, voire 72 kg/hl, plutôt que l’idéal 76 kg/hl.
A la Foire de Châlons-en-Champagne, la coopérative Vivescia, rencontrée le lendemain, indiquait que la collecte pour son propre compte en céréales d'hiver serait inférieure probablement de 20 % à celle de l'an passé, tout en précisant qu'il existe une grande hétérogénéité entre les territoires et les types de sol. « Le travail du grain sera très important et nous proposerons à nos adhérents des avances de trésorerie pour les aider dans la continuité de leur activité », a précisé Christoph Büren, président de la coopérative.
Vivement le maïs et le tournesol
Pour mettre un peu de lumière sur cette campagne, les professionnels présents à Dijon comptent désormais sur le maïs et le tournesol. Si certains signes montrent que la récolte se présente plutôt bien, rien n’est gagné : le taux d’humidité du maïs n'est pas encore optimal et doit encore progresser ; et la fin de cycle végétatif a désormais plus besoin de chaleur et de lumière que d’eau.
Dans ce contexte, les récoltes vont démarrer en retard, la plupart des acteurs rencontrés à Dijon mais aussi à la Foire de Châlons-en-Champagne tablant sur un commencement des travaux début octobre au lieu de mi-septembre. Ils pourraient durer jusqu’en début décembre, une situation loin d'être idéale pour des maïs ou des tournesols restés sur pied. A noter que la moisson de tournesol a débuté sur les plateaux bourguignons et dans le Tonnerrois. Quoi qu'il en soit, il faudra surveiller l’apparition possible de pathogènes et de phénomènes de verse. Bonne nouvelle cependant : les coûts de séchage pourraient être inférieurs à ceux de l’an passé au vu de la baisse du prix du gaz.
Un Congrès des grains de Dijon Nancy nouvelle formule !
Le Congrès des grains Dijon/Nancy, organisé cette année par l’Association du congrès des grains de Dijon présidée par Eric Grimonpont (travaillant par ailleurs à Seine Yonne, union de coopératives regroupant 110 Bourgogne et Ynovae), s’est tenu le 5 septembre à Dijon dans une nouvelle formule : rencontre tout l’après-midi et en soirée entre les acteurs professionnels du monde du grain. Une option qui a attiré près de 180 personnes, dont une trentaine de courtiers et une cinquantaine d’organismes stockeurs, mais aussi des professionnels des services (transport, logistique…), des spécialistes de l’import-export et des industriels utilisateurs de grains. Une formule toute simple donc mais qui a séduit puisque les échanges étaient très faciles et fluides. Et ce, malgré des difficultés d’accès direct au départ de Paris vers la préfecture bourguignonne par le train le matin même de l’évènement.