Moins de charges avec le pâturage des couverts par les brebis
La brebis faisant office de broyeur, les principaux intérêts du pâturage des couverts végétaux pour le céréalier résident surtout dans la réduction des charges de mécanisation et de carburant.
La brebis faisant office de broyeur, les principaux intérêts du pâturage des couverts végétaux pour le céréalier résident surtout dans la réduction des charges de mécanisation et de carburant.
À l’échelle de la culture, l’économie liée au pâturage des brebis se situe à 30 euros par hectare (hors coût de main-d’œuvre) par rapport au broyage (cf. tableau 1). Cet écart est lié pour les trois quarts au matériel et un quart au gasoil. À l’échelle de l’exploitation, l’économie totale se situe entre 1 et 3 % par an. C’est ce que montre le projet Poscif, au cours duquel 23 parcelles de couverts végétaux ont été suivies entre 2018 et 2021 chez huit agriculteurs, majoritairement situés dans le sud de l’île de France et le nord du Loiret.
« Dans cette étude, les indicateurs économiques ne bougent pas puisque globalement la conduite des cultures n’a pas été modifiée et les rendements n’ont pas été impactés, témoigne Emeric Emonet, de l’ACTA. La pratique était nouvelle, ce qui explique sans doute la stabilité des itinéraires. Avec le temps, on observerait peut-être plus de modifications (choix des couverts, suppression d’anti-limace, de fongicide, diminution des doses de glyphosate…), voire de modification d’assolement ». La réduction du temps de travail liée au broyage, en lien avec le type de broyeur utilisé, varie de 20 à 40 minutes par hectare selon les exploitations avec une moyenne de 29 minutes (cf. tableau 1).
Comparé au broyage, le pâturage des couverts autorise des reliquats azotés très légèrement supérieurs. Cette majoration est de l’ordre de 6 kg d’azote par hectare avec un écart de 0 à 15 kg dans les trois quarts des mesures réalisées (cf. tableau 2). De plus, il s’agit essentiellement d’azote nitrique, la forme la plus disponible par les plantes. La part d’azote ammoniacal, plus volatilisable dans l’air, est légèrement diminuée. L’azote restant est pour l’essentiel mobilisé pour la vie du sol.
Un effet neutre sur le rendement de la culture suivante
Valentin Verret, animateur Agrof’île, détaille : « Même si la plupart des quinze parcelles suivies jusqu’à la récolte dans le cadre du projet Poscif présentent une augmentation de rendement de la culture suivant les couverts pâturés, la variabilité des résultats ne permet pas de conclure à un effet positif par rapport à leur broyage. Une seule certitude à ce stade, le pâturage des brebis dans les couverts ne diminue pas le rendement de la culture suivante ».
Emeric Emonet, de l’Association de Coordination Technique Agricole (Acta)
"Une légère baisse des charges de mécanisation pour les cultivateurs"
« Pour les cultivateurs, le pâturage des couverts se traduit par une légère baisse des charges de mécanisation sur l’année (-1 à -3 %) due au passage d’un broyage supprimé pour leur destruction. La diminution du temps de travail est du même ordre ainsi que celle de carburant et émissions de gaz à effet de serre.
60 % de limaces en moins
Le pâturage des brebis a un fort impact sur la population de limaces avec une diminution importante de leur nombre en fin de pâturage, estimée à 60 %. Une partie est sans doute consommée en même temps que les feuilles et les autres, dont les œufs, détruits sous les pattes des brebis.
Par contre, le piétinement a très peu d’effet sur la compaction du sol. En conséquence, il n’a aucune influence sur la culture suivante. Selon des mesures effectuées par pénétrométrie, le tassement supplémentaire sur le premier horizon (0 à 8 cm) est de l’ordre de 50 kPa, c’est-à-dire faible (graphe). »