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Le youtubeur Marc A2C : « Avec Stervio nous allons faire un tour de France de nos abonnés agriculteurs »

Idole des jeunes du monde agricole, Marc Ponroy, 26 ans, alias MarcA2C, céréalier normand et youtubeur cumule des centaines de milliers d’abonnés et des millions de vues sur Youtube, Instagram et TikTok. Il a accepté de répondre à nos questions.

Marc Ponroy (MarcA2C) devant une machine agricole
Marc Ponroy, 26 ans, alias MarcA2C, céréalier normand et influenceur.
© Comte Instagram Marca2c

Marc Ponroy, 26 ans, alias MarcA2C a vraiment débuté sur les réseaux sociaux en août 2020. Quatre ans après ce jeune agriculteur du Calvados une véritable star auprès des jeunes du monde agricole mais pas seulement avec ses vidéos sur Youtube, Instagram et TikTok. Il a accepté de répondre à nos questions quelques jours après le Space 2024.

Reussir a fait un microtrottoir au Space, dans lequel tous les jeunes vous citent comme leur influenceur préféré. Vous avez été une star sur ce salon alors que vous avez débuté il y a à peine 4 ans sur les réseaux et que vous n’avez que 26 ans quel effet ça fait ?

Marc A2C : Ca fait sourire. Toute l’année je suis dans ma ferme, je ne me rends pas compte de la notoriété. Lors des salons comme celui-ci je perçois l’impact de mes vidéos sur les jeunes qui sont particulièrement démonstratifs mais pas seulement, elles parlent à plus de gens.

Lire aussi : 10 influenceurs en agriculture sélectionnés par la rédaction en 2023

Vous avez 253 000 abonnés sur youtube avec 51 millions de vues, 100 000 followers sur Instagram et le double sur TikTok, comment explique- vous cet engouement ? 

Cet engouement est sûrement lié à mon style particulier où je mélange un peu tout : de la technique, mais aussi du fun et des beaux plans pris par drone. Avec ce Mix’n twist, je peux plaire à tout type de public. Je montre un peu ma vie privée comme dans une série TV. Je me montre avec mes chiens, ma copine. Je coche plusieurs cases. Et au final les parents me disent qu’ils regardent mes vidéos avec leurs enfants. 

Qui sont vos abonnés ?

50 à 60% de mes abonnés sont issus du milieu agricole (étudiants, agriculteurs, gens du machinisme agricole) et 30% sont hors du monde agricole, plutôt urbains.

Voir tous nos articles sur les réseaux sociaux

Quand vous faites une vidéo à qui vous adressez-vous ? Quel est votre objectif ?

Je n’ai pas d’objectif. Quand j’ai commencé il y a quatre ans, je sortais d’études, et je m’adressais plutôt aux étudiants avec des vidéos techniques. 

J’essaie toujours de vulgariser la technique

Aujourd’hui je m’adresse plutôt à la famille dans son canapé. J’essaie toujours de vulgariser la technique, qu’elle soit compréhensible par tous.

Lire aussi : Ils expliquent leur métier d'agriculteur sur les réseaux sociaux

Après un bac scientifique et un BTS agro, vous travaillez sur la ferme de votre père. Qu’avez-vous apporté à l’exploitation familiale ?

Après mes études j’ai travaillé avec mon père pendant deux ans dans la ferme. En même temps j’ai lancé ma chaîne youtube. 

Je me suis installé sur la ferme comme associé en avril 2023

Je me suis installé sur la ferme comme associé (de l’EARL, ndlr) en avril 2023. Depuis mon arrivée on s’est lancés dans la culture de lin

L’exploitation compte 100 hectares de grandes cultures (blé, orge, maïs, colza et lin) et à côté nous avons une ETA pour faire des travaux agricoles à façon sur 200 hectares de parcelles agricoles voisines.

Lire aussi : Océane Balland, 21 ans, agricultrice : « je travaille 70 à 80 heures par semaine pour un revenu de 1500 euros »

Comme votre nom l’indique MarcA2C vous défendez l’agriculture de conservation mais faites moins de vidéos sur le sujet pourquoi ?

Quand j’ai créé ma chaîne youtube et trouvé mon nom j’étais à fond dedans et je voulais apporter quelque chose de nouveau. Je me suis beaucoup intéressé à l’agriculture de conservation mais je trouve que je ne suis pas le plus légitime à avoir ce nom-là. 

Je n’ai pas la prétention d’être Monsieur agriculture de conservation

Je ne suis clairement pas le bon élève et ne délivre pas forcément le bon message. Mon facteur limitant c’est le matériel : je fais du semis simplifié alors qu’il faudrait que je fasse du semis direct mais l’investissement est colossal. On va dire que je pratique une agriculture raisonnée. On a supprimé le labour, on consomme moins de fioul, et on travaille moins le sol.

Pour l’instant je garde mon nom, mais j’aimerais bien me dissocier d’A2C car je ne suis pas irréprochable même si je ne fais pas de la mauvaise agriculture. Je n’ai pas la prétention d’être Monsieur agriculture de conservation. Je revendique plutôt de recours à des techniques plus simplifiées pour moins perturber le sol.

Voir nos articles sur l’agriculture de conservation 

Vous vous montrez aussi au ski, en train de faire du canoé ou autre, l’envie de montrer que les jeunes agriculteurs sont des jeunes comme les autres ?

Le problème de l’agriculture c’est qu’une partie des agriculteurs ne voient que par leur travail et ne trouvent pas normal de prendre des vacances. Moi je pense qu’il faut aussi décompresser et puis j’apporte un peu d’évasion aux éleveurs qui aimeraient bien partir en vacances mais ne le peuvent. Et pour moi c’est comme un album que je consulte de temps en temps.

Lire aussi : Organisation du travail en élevage laitier : « Nous avons cinq semaines de vacances par an et un week-end sur deux »

Vous êtes plus agriculteur ou influenceur sachant que ça vous prend 20 à 30h par semaine ?

Je me considère plus agriculteur. Quand je manque de temps, je priorise toujours la ferme et tant pis si la vidéo ne sort pas.

Vous ne dormez pas beaucoup ? et votre activité d’influenceur vous apporte un revenu…

Je dors peu surtout au mois d’août avec une vidéo par jour. Mes vidéos me permettent de payer mon loyer, mon essence sachant que j’ai pas mal d’emprunts à rembourser.

Mes vidéos me permettent de payer mon loyer et mon essence

Quelle est la vidéo dont vous êtes le plus fier ?

Il y’en a deux. Celle qui s’appelle je deviens éleveur ou presque que j’ai tournée chez un éleveur de la Manche, il y avait de beaux plans et celle de l’ensilage d’herbe et la fin des maïs. Cela donne une bonne image de l’entraide en agriculture je trouve.

Qu’est-ce qui vous plait le plus aujourd’hui dans votre métier d’agriculteur ? Le moins ?

Ce que j’aime le moins ? C’est épandre le fumier, je trouve ça pas intéressant, rébarbatif. Ce que j’aime le plus c’est la moisson du maïs grain.

Ce que j’aime le plus c’est la moisson du maïs grain

Pourquoi ?

C’est la fin octobre, une période galvanisante, où il faut être très réactifs, avec le semis des blés et souvent des conditions climatiques compliquées. Il faut être concentré, on travaille sous adrénaline et j’aime ça.

Qu’avez-vous envie de dire au prochain ministre de l’Agriculture ?

La paperasse, les impôts, la MSA, on n’en peut plus !! Dès qu’on bouge un petit doigt, il faut faire mille papiers. 

Ca me rend fou, ca me fait péter les plombs

Ca me rend fou, ça me fait péter les plombs. Pour les impôts il nous faudrait un profil simplifié avec tous les papiers déjà enregistrés, notre chiffre d’affaires et qu’on n’ait pas à tout remettre à chaque fois. On n’a pas que ça à faire de gérer toute cette paperasse. Pour notre part on délègue déjà les dossiers PAC à la Chambre d’agriculture. Mais ça a un coût et tout le monde ne peut pas se le permettre.

Lire aussi : Gestion de l’exploitation : déléguer les tâches administratives pour se libérer du temps

Quels sont vos projets de vidéos particulières pour les mois à venir ?

Je filme chaque semaine ce qui se passe sur la ferme. 

J’ai prévu de faire en décembre avec Stervio un tour de France de nos abonnés

Mais au-delà j’ai prévu avec un autre collègue, Stervio, d’aller en décembre faire un tour de France de nos abonnés. Aller voir quelque 150 exploitations agricoles et faire des vidéos pour chaque. 

Lire aussi : Familles d’agriculteurs : qui sont les héros de la nouvelle téléréalité de RMC Story ?

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