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"Mes porcs bio valorisent bien l'enrubannage d'herbe"

La distribution d’herbe enrubannée à des porcs charcutiers améliore la marge sur coût alimentaire et diminue la compétition alimentaire dans les conditions d’élevage bio.

Un essai réalisé par la Chambre d’agriculture de Bretagne dans un élevage de porcs bio démontre que la distribution d’herbe enrubannée à des porcs charcutiers élevés en production biologique a des effets positifs sur la qualité de leur carcasse, le coût alimentaire et le bien-être des animaux.

Dans cet élevage, l’enrubannage a été distribué à volonté à deux lots de 45 porcs, à partir de 45 kilos de poids vif jusqu’à l’abattage. Ces porcs ont été rationnés de manière progressive en aliments complets de 2 à 6 % en comparaison aux lots témoins contemporains.

Malgré le rationnement en aliments complets, qui a permis d’économiser 13 kilos par porc (pour un abattage à 120 kg de poids vif en moyenne), les vitesses de croissance sont maintenues pour le lot enrubannage – 800 grammes par jour sur l’ensemble de la période de distribution de l’enrubannage, contre 828 grammes par jour pour le lot témoin.

De plus, l’apport d’enrubannage a permis d’améliorer le taux de muscle des pièces (TMP) des porcs de 1,2 point et donc leur valorisation économique. Ainsi, grâce à l’économie d’aliment complet combinée à un meilleur prix payé par porc, l’apport d’enrubannage a permis d’améliorer la marge sur coût alimentaire de 11,80 euros par porc charcutier.

 

 
Comparaison des performances économiques pour un départ à 120 kilos de poids vif entre les lots témoin et enrubannage.
L’apport d’enrubannage améliore la marge sur ...
Comparaison des performances économiques pour un départ à 120 kilos de poids vif entre les lots témoin et enrubannage.L’apport d’enrubannage améliore la marge sur coût alimentaire de 11,80 euros par porc. © Chambre d’agriculture de Bretagne

Des animaux plus calmes

La seconde motivation de l’apport d’enrubannage était d’améliorer le bien-être des porcs charcutiers et, notamment, de limiter les bagarres liées à la compétition alimentaire. Dans cet élevage, les porcs reçoivent un repas par jour à sec dans un nourrisseur pour 45 porcs. Ce système de distribution d’aliments accentue l’hétérogénéité de poids et de caractéristiques de carcasses entre les porcs, mais également la compétition alimentaire entre eux.

Selon les éleveurs, l’apport de fourrages aux porcs charcutiers a permis de réduire ces comportements délétères entre individus. Ils ont observé des animaux plus calmes, y compris pendant la distribution du repas. Ils étaient souvent rassemblés autour des râteliers. Il n’a pas été relevé de phénomènes de cannibalisme sur les lots étudiés.

Des râteliers divers pour des besoins différents

L’utilisation d’enrubannage en élevage porcin nécessite de consacrer un temps supplémentaire pour sa mise en place et la gestion des refus. Au cours de l’essai, deux types de râteliers ont été testés : l’un de type « ovin », posé au sol, et l’autre de type « veau », suspendu à la cloison de la case. Les deux râteliers étaient disposés dans la partie courette de la case pour faciliter la manutention.

Selon le type de râtelier employé, le temps de travail et les fréquences de distribution ne sont pas les mêmes. Le râtelier posé au sol nécessite un temps de travail de trente minutes tous les dix jours. La distribution d’une botte entière est possible à l’aide d’un tracteur, mais il est nécessaire de bloquer les porcs dans la partie intérieure du bâtiment afin de pouvoir vider le râtelier lorsque l’enrubannage est trop vieux.

Pour ce qui est du râtelier suspendu, il faut compter cinq à dix minutes par jour pour distribuer une cinquantaine de kilos d’enrubannage de façon manuelle. Néanmoins, l’apport plus fréquent d’enrubannage plus frais aux porcs charcutiers avec ce râtelier permet de maintenir un meilleur attrait du fourrage par les porcs.

Pour la suite, l’éleveur souhaite s’équiper de davantage de râteliers type « ovin » pour apporter de l’enrubannage à plusieurs cases de porcs charcutiers ; bien que plus cher à l’achat, ce râtelier lui permet de garantir un temps de travail cohérent et le fourrage est assez consommé par les porcs même si la botte d’enrubannage est changée tous les dix-quinze jours.

Nicolas Kolytcheff, nicolas.kolytcheff@bretagne.chambagri.fr, et Constance Drique

Fiche élevage :

Élevage conduit en agriculture biologique
60 truies naisseurs-engraisseurs
Conduite en 4 bandes
Sevrage à 42 jours
107 hectares de SAU
Fabrique d’aliments à la ferme avec achat d’aliments complémentaires

Des intérêts agronomiques à ne pas négliger

Au-delà de l’intérêt technico-économique pour l’atelier porcin, il est aussi intéressant de prendre en compte les intérêts agronomiques de l’introduction d’une prairie dans les rotations culturales, et notamment en agriculture biologique pour laquelle les risques sur les cultures sont plus importants. L’introduction d’une prairie d’au moins trois ans dans la rotation culturale peut offrir une meilleure maîtrise du salissement des parcelles par la suite. De plus, elle réduit le risque lié aux bioagresseurs des céréales. Enfin, selon les espèces de la prairie, son introduction dans la rotation améliore les bilans en azote, phosphore et potasse des sols, diminue l’érosion et augmente le stockage de carbone.

Constance Drique, Chambre d’agriculture de Bretagne

 

 
Constance Drique, Chambre d'agriculture de Bretagne.
Constance Drique, Chambre d'agriculture de Bretagne. © Chambre d'agriculture de Bretagne

Des fourrages peuvent aussi être distribués en élevage conventionnel

« De l’enrubannage de ray-grass et de trèfle peut également être distribué en élevage conventionnel. Des précédents essais ont montré que l’apport de ce type de fourrages, associé à un rationnement de 5 % en aliment complet, ne dégrade pas les performances technico-économiques de l’élevage. En revanche, l’apport d’enrubannage de luzerne affecte négativement les performances, en lien avec une perte d’azote protéique au cours de la conservation. Il est probable qu’un enrubannage de trèfle et de luzerne serait plus intéressant. Néanmoins, pour les élevages en conventionnel sur caillebotis et dont les systèmes d’alimentation, et surtout d’évacuation de lisier, ne sont pas adaptés à la distribution de fourrages conservés frais, il est plus intéressant de distribuer des fourrages déshydratés à intégrer dans l’aliment à hauteur de 5 % pour les porcs charcutiers, en remplacement de tourteau de tournesol. »

Le saviez-vous

La Chambre d’agriculture de Bretagne a mis en place une nouvelle formation pour les éleveurs de porcs, en agriculture biologique ou en conventionnelle, qui souhaiteraient apporter des fourrages sous différentes formes à leurs porcs charcutiers et leurs truies gestantes, ou acquérir des connaissances sur ce sujet. La prochaine session de formation, d’une durée de 5 heures, aura lieu le 17 janvier 2025 à la ferme expérimentale de Kerguehennec (Bignan).

Partenaires

Le projet Valorage est piloté par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et Initiative bio Bretagne (IBB), avec le soutien du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Il vise à allier valorisation alimentaire des parcours et des fourrages par les monogastriques bio et exigences technico-économiques, sociales et environnementales. Pour plus d’informations sur le site internet dédié, cliquez ici

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