Tests glyphosate : les agriculteurs contre-attaquent avec un dossier devant le procureur de la République
La méthode Elisa n’a pas le bénéfice du doute. Ses résultats sont faux. C’est ce qu’estiment les défenseurs du glyphosate de Touraine. Ces campagnes d’analyse ont pourtant fait grand bruit dans les médias et causé du tort à la profession agricole. En Indre-et-Loire, les opposants de la méthode « mensongère » destinée à « faire peur » ont monté un dossier prouvant qu’il y a eu volonté de « manipulation » avec les glyphotests. Ce 8 avril, ils ont porté le document devant le procureur de la République.
La méthode Elisa n’a pas le bénéfice du doute. Ses résultats sont faux. C’est ce qu’estiment les défenseurs du glyphosate de Touraine. Ces campagnes d’analyse ont pourtant fait grand bruit dans les médias et causé du tort à la profession agricole. En Indre-et-Loire, les opposants de la méthode « mensongère » destinée à « faire peur » ont monté un dossier prouvant qu’il y a eu volonté de « manipulation » avec les glyphotests. Ce 8 avril, ils ont porté le document devant le procureur de la République.
C’est le fruit d’un travail de 15 mois d’enquête qui a été remis au procureur de la République à Tours ce jeudi 8 avril. Ce dossier épais est celui des « pisseurs de glyphosate ». Ces campagnes de tests urinaires orchestrées par des associations écologistes ont fait grand bruit dans les médias. L’émission Envoyé Spécial d’Elise Lucet, notamment, en janvier 2019, avait rassemblé devant le petit écran pas loin de 3 millions de personnes.
Depuis, la profession agricole s’est mobilisée pour prouver que ces attaques sont de la désinformation et que les tests utilisés et leur interprétation ne reposent pas sur une base scientifique. Le test Elisa utilisé pour ces analyses est adapté à l’eau mais pas à l’urine et ne peut donc pas avoir de valeur. Les seuils retenus sont contestables. Les tests effectués en France par la méthode de la chromatographie ne corroborent pas les test réalisés en Allemagne par le laboratoire Biochek. Toutes les études menées par la vétérinaire Monica Kruger en Allemagne sont démenties par les défenseurs du glyphosate qui contestent vivement la communication qui en a été faire par l'association Générations Futures en France. Joël Guillemain, pharmacologue et membre de l’académie nationale de pharmacie, a contribué à mettre en évidence les failles de la méthodologie utilisée outre-Rhin. Il signe dans la revue n°336 de Afis Science un article intirulé « Présence de glyphosate dans les urines : les faits et leurs interprétations ».
Glyphotest : pas de plainte déposée
A Tours, l’épais dossier a été porté au procureur de la République par Michel Vaudour, membre de la FDSEA d’Indre-et-Loire, Jean-Yves Chauveau, de Terre de Touraine, et de nombreux agriculteurs. Une action similaire menée par Denis Carroy de la FDSEA de l’Indre a été menée auprès du procureur de la république de Bourges. Rendez-vous est pris pour le 22 avril. « Glyphotest, la manipulation mise à jour » titre Terre de Touraine et cette fois, l’affaire est portée devant les magistrats. Une visio-conférence a été organisée suite à l’entrevue avec le procureur. « On a les éléments factuels » et « on attend du procureur qu’il transmette au juge chargé de l’enquête, » disent les initiateurs de la démarche. Le dossier pourrait ainsi être transféré à Paris.
D’autres départements le feront peut-être mais les défenseurs du glyphosate de Touraine n’ont pas porté plainte. Pourtant, s’il y a eu volonté de désinformation « il serait logique que le procureur s’en saisisse, » intervient Jean-Jacques Hautefeuille, agriculteur du Loiret participant à la visio-conférence. Pour Jean-Yves Chauveau et le collectif « Notre futur dans les champs » qui défend le glyphosate, certaines personnes sont responsables d’avoir « encombré la justice avec des documents dont on savait qu’ils étaient faux ».
Glyphosate : les agriculteurs veulent véhiculer l'information auprès des médias et des parlementaires
Parallèlement à la voie judiciaire, les porteurs du dossier comptent aussi sur les médias et sur les parlementaires. « Notre priorité, c’est la réhomologation qui doit intervenir dans 18 mois, » précisent-ils. 2023, tandis qu’une action en justice a peu de chance d’aboutir avant 2025.
Michel Vaudour, responsable du collectif « Notre futur dans les champs » estime que « le mal a été fait depuis un certain temps » et qu’il est désormais nécessaire de se « coordonner ». Travailler sur ce dossier est important car « on ne peut pas se passer du glyphosate, » explique-t-il. C’est pourquoi, avec son collectif, ils ont décidé de dénoncer cette « manipulation importante, volontaire et décidée anxiogène auprès du grand public ». A présent, il veut « remettre l’église au milieu du village ». Et d’ajouter : « beaucoup de décisions sont prises sur des mensonges ». Des décisions qui « handicapent l’action agricole et mettent en difficulté les agriculteurs ». Les agriculteurs en ont assez d’être accusés par des personnes aux visions « dogmatiques ». Pour lui c’est une « manipulation grave et importante qui a des conséquences sur nos exploitations ». Et il assure : « on mène l’action pour que les parlementaires soient informés ».
Les défenseurs du glyphosate espèrent désormais que les « pisseurs volontaires » qui avaient déposé plainte au vu du résultat de leur analyse comprennent que « le support de leur plainte était construit comme faux ». « Il faut qu’ils retirent leur plainte, » estime Michel Vaudour. Un « mode d’emploi » est en ligne sur le site « Notre futur dans les champs ». Le collectif a également rédigé une lettre ouverte à l’attention des personnes ayant eu des résultats positifs suite à leur analyse avec le test Elisa. Le message est qu’ils ne doivent pas s’inquiéter. Les quantités de glyphosate étaient « extrêmement faibles » et la méthode utilisée « n’était pas appropriée ».
L’objectif est d’éviter que les gens « se montent les uns contre les autres, » note Michel Vaudour. Le mot d’ordre reste la « discussion ».
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