« En viticulture, le quad est complémentaire du tracteur »
Paul Guillot, vigneron bordelais, est équipé d’un quad depuis son installation en 2017. Il apprécie cet engin qui permet de réaliser de nombreux travaux sans abîmer les sols.
Paul Guillot, vigneron bordelais, est équipé d’un quad depuis son installation en 2017. Il apprécie cet engin qui permet de réaliser de nombreux travaux sans abîmer les sols.
Praticité, rapidité d’intervention et polyvalence. C’est par ces trois qualificatifs que Paul Guillot, salarié aux Vignobles Guillot, à Saint-Sulpice-de-Faleyrens en Gironde, décrit son quad. Ce jeune vigneron est actuellement équipé d’un Grizzly 700 de Yamaha, qui succède à un quad « chinois », de mauvaise facture. « Je n’ai cessé d’avoir des pannes, des problèmes mécaniques, de batterie, etc., détaille Paul Guillot. J’en ai eu marre et j’ai cherché la référence en agriculture. Je suis tombé sur Yamaha. » Un concessionnaire de la marque nipponne étant à Libourne ce qui facilite les réparations en cas de panne, il décide de se lancer, et acquiert un Grizzly 700 d’occasion de 2011, pour 5 500 euros.
En 2021, le quad était l’unique solution pour les vignes en bio
Un achat qu’il ne regrette pas : « les Yamaha sont compacts et légers, annonce-t-il. Le Grizzly a une bonne capacité de traction et tire sans souci 800 kg. C’est un quad sans trop d’électronique et qui vieillit bien ; sur certaines exploitations on en voit qui ont dans les 25 ans. » S’il est satisfait de son choix en termes de modèle, il assure en outre que la présence d’un quad sur le domaine a permis de limiter la casse deux années de suite, surtout l'an dernier. « En bio, l’année dernière, le quad était vraiment l’unique solution », relève-t-il. Dans sa région, le millésime 2021 a en effet été particulièrement arrosé et les attaques de mildiou virulentes. S’il n’avait pas pu intervenir après deux de ces épisodes pluvieux, il aurait perdu toute sa récolte, comme certains de ses voisins. « Il y en a plusieurs qui m’ont demandé de venir traiter chez eux en prestation parce qu’ils ne s’en sortaient pas avec leurs tracteurs, mais je manquais de temps », rapporte le jeune homme.
Pour arriver à traiter avec son quad, il a dû effectuer un bricolage maison. « Ce que je voyais dans le commerce ne me plaisait pas, explique-t-il. À chaque fois, le pulvérisateur était sur une remorque, traînée par le quad. Or cela provoque davantage de tassements lorsque la terre est très grasse. » Il a donc décidé d’utiliser les porte-bagages montés de série sur le quad. À l’avant, il a installé un souffleur à feuilles entraîné par un moteur à essence, « très puissant car c’est un outil professionnel », précise Paul Guillot. Un tuyau en part et court jusqu’à l’arrière du quad, où se trouvent une cuve d’un peu moins de 100 litres et des descentes pneumatiques face par face.
Un réglage de la vitesse d’avancement précis à 0,5 km/h près
Outre sa capacité à intervenir sur des sols détrempés sans les tasser, Paul Guillot apprécie la précision de vitesse du Grizzly. « Il dispose de vitesses longues et de courtes, expose-t-il. Lorsque je suis en vitesses courtes, je peux être précis à 0,5 km/h, ce qui me permet d’obtenir le bon dosage de bouillie à l’hectare. » Un atout non négligeable pour le vigneron, qui roule entre 5 et 5,5 km/h. À cette allure, il consomme un plein d’essence par jour (18 litres).
Il souligne également que son quad est doté de quatre roues motrices, ce qui est indispensable pour traiter : « le gros du poids est à l’arrière avec la cuve, rappelle-t-il. Le véhicule a donc tendance à lever le nez. Sans roues motrices à l’avant, c’est juste impensable ». Malgré tout, effectuer les traitements au quad n’est pas de tout repos : « c’est bruyant, déplore sa mère, et peu maniable ».
Un engin utile et pratique pour le carassonage
Les traitements en période humide ne sont pas les seuls travaux effectués au quad, loin s’en faut. « À la base, nous avions acheté un quad pour nos vignes situées à Galgon, relate Paul Guillot. Les terres y sont très humides et lors du carassonage, avec le tracteur et la remorque, j’abîmais les allées. Le quad permettait de joindre l’utile à l’agréable. »
Pour cette tache qui lui prend sept à quinze jours, Paul Guillot apprécie aussi le fait que la direction soit assistée. Cela lui permet de rester debout sur le marchepied d’un seul côté, et de conduire le quad d’une seule main. « Cela me libère une main pour travailler, et évite le fait que j’ai à m’asseoir et à me lever sans cesse », note-t-il. Il constate que la conduite est très fluide, et qu’il n’a pas mal au bras malgré sa position en fin de journée.
Il réalise deux autres opérations avec son Grizzly 700 : l’arrosage des complants, et l’épandage d’antilimace. Pour la première opération, il se sert de sa remorque à carassonage. Il ôte toutes les ridelles et installe une cuve de 600 litres, qu’il remplit d’eau. Elle est reliée à une électrovanne et à deux tuyaux. Il peut ainsi actionner l’arrosage depuis son poste de conduite à chaque complant. De son côté, l’épandeur Delimbe a été acheté d’occasion. Paul Guillot le passe à 8-10 km/h lorsqu’il observe une attaque. Enfin, le vigneron se demande s’il ne va pas y adapter un rolofaca pour coucher ses engrais verts. « Mais d’un autre côté, il faut du poids pour cette opération », remarque-t-il.
Au niveau de l’entretien, il effectue uniquement une vidange annuelle. Il n’a eu aucune panne avec ce véhicule, pourtant acheté d’occasion avec 7000 km au compteur et en comptant actuellement 12000. Il apprécie de pouvoir se passer de casque, ce dernier n’étant selon lui pas obligatoire lors des usages agricoles si le quad est muni d’un gyrophare et bridé. Même s’il juge les prix de ces engins trop élevés et regrette que le moteur soit essence et non diesel, ou encore mieux GNR, il ne reviendrait pas en arrière. « Quand on a le temps et que les conditions sont favorables, le tracteur est plus confortable et plus efficace, reconnaît-il. Mais dans le cas inverse, le quad est un réel atout. Les deux sont très complémentaires. »
repères
Vignobles Guillot
Surface : 13,5 hectares
Dénominations : AOP bordeaux et saint-émilion
Encépagement : 85 % merlot, 15 % cabernet franc
Types de sols : sableux avec graves ; argileux
Largeurs interrangs : 1,50 ; 1,80 et 3 mètres
Production annuelle : entre 700 et 1 000 hl
Circuit de commercialisation : négoce (vrac)
Grizzly 700 de Yamaha
Cylindrée : 686 cm3
Nombre de roues motrices : 4
Largeur hors tout : 1,230 m
Garde au sol minimale : 288 mm
Poids à vide : 290 kg
Capacité du réservoir d’essence : 18 litres
Capacité de traction : 600 kg
Prix au 13/09/2022 : 15 599 euros HT
Découvrez les autres articles de notre dossier quad :
Quad, le petit véhicule qui monte en viticulture
« En viticulture, le quad est complémentaire du tracteur »
« J’ai pu passer dans les vignes détrempées sans abîmer les sols »
« Le quad a été pour moi une solution économique à l'installation »
Un porte-outil pour quad, pour en faire plus dans les vignes
Trente-neuf quads adaptés à la vigne