Essai Massey Ferguson MF 3FR.105 - « Un tracteur complet et maniable »
Jules Marie et Christopher Massé de l’entreprise de travaux viticoles Marie ont pris en main pendant une semaine le tracteur fruitier Massey Ferguson MF 3FR.105 de 105 chevaux.
Lancée au printemps 2022 et facilement reconnaissable à sa cabine de couleur grise, la nouvelle gamme de tracteurs spécialisés MF3 de Massey Ferguson succède aux MF3700 et se décline en six versions : vigneron VI (à partir de 1 m de large), spécialisé SP (1,20 m et plus), fruitier FR (à partir de 1,45 m), surbaissé GE (1,40 à 1,60 m de large), fruitier large WF et alpine AL (plus dédié à l’élevage en montagne), toutes deux débutant à 1,70 m de large.
Ces tracteurs abritent une motorisation répondant à la norme stage V, avec un bloc FPT de 3,4 litres sur le modèle de 75 chevaux et un moteur de 3,6 litres du même fournisseur pour des puissances maximales de 85, 95, 105 et 120 chevaux. Les modèles VI, SP et AL sont uniquement proposés avec cabine, les GE, uniquement en plateforme, tandis que les FR et WF sont disponibles avec les deux types de poste de conduite. Cette nouvelle gamme peut être équipée de sept déclinaisons de transmissions mécaniques allant de la boîte 12x12 à la nouvelle 30/15 à trois gammes, cinq vitesses et Hi-Lo en marche avant couplée au neutre à la pédale de frein, comme dans le tracteur essayé. Cette dernière transmission propose un meilleur recoupement des vitesses pour convenir à un maximum d’applications sans passer de gammes.
Tous ces tracteurs sont déclinés en deux finitions : Essentiel et Efficient. Comme sur la précédente génération, la première accède à la double pompe hydraulique de 93 l/min, au relevage mécanique et à deux ou trois distributeurs mécaniques, avec la nouvelle possibilité d’avoir jusqu’à huit sorties avant, grâce à deux inverseurs électroniques disponibles depuis le levier du distributeur en cabine. L’Efficient propose quant à elle une triple pompe délivrant 120 l/min (en option sur l’Essentiel), quatre distributeurs électrohydrauliques (jusqu’à quatorze sorties), le relevage ELC (en option sur l’Essentiel) et la transmission avec doubleur et inverseur sous charge de série. Un nouveau joystick multifonction pilote jusqu’à six coupleurs.
Les conditions du test
Les conditions météorologiques n’ont pas permis de faire autre chose que du travail du sol avec un cultivateur sept dents Actisol lourd conçu pour évoluer dans des interrangs de 3 m. Les deux testeurs ont travaillé avec avec le MF 3FR.105 l’équivalent de deux jours complets.
On aime
Maniabilité
Visibilité
Tableau de bord
Suspension de pont avant
On aime moins
Boutons de séquençage mal placés
Cinquième vitesse trop loin
Boîte à outils
En cabine « Confortable et ergonomique »
C’est un tracteur qui a de la gueule. L’accès en cabine est facilité par la présence de deux poignées à gauche. Spacieux, le poste de conduite propose un plancher plat et de l’espace au-dessus de la tête (le plafond est surélevé par rapport à la précédente génération). Le pot d’échappement est vraiment bien placé : fin et dans l’alignement du montant avant gauche, on ne le voit pas. Cela contribue à la bonne visibilité vers l’avant. Seules les barres horizontales à hauteur du volant entravent la visibilité au niveau du parebrise avant. Point positif, il y a un passe-câble à ce niveau, même si la mousse nous paraît trop ferme pour permettre une bonne étanchéité de la cabine de catégorie 4.La visibilité arrière est globalement bonne. Le tracteur est équipé de rétroviseurs électriques en option. C’est pratique pour passer de la route au champ.
Pivotants, les feux de clignotants avant peuvent rentrer pour être moins exposés à la végétation.
La cabine est confortable. Si le siège manque de confort, avec une assise trop petite et l'absence d’un réglage dorsal, l’ergonomie globale en cabine est plutôt bonne, avec une dotation de fonctionnalités complète. Le volant est un peu grand, mais facile à régler. Les boutons pour paramétrer l’hydraulique sont simples. Seuls les deux boutons d’activation des séquences de bout de champ ne sont pas idéalement placés. Le joystick pour le déport hydraulique et l’inclinaison droite-gauche du relevage est intuitif.Le levier de gammes est assez discret, en position basse, au pied du siège, même s’il reste exposé au salissement par les chaussures. La console de droite propose un accoudoir fixe pour poser son coude et piloter de manière précise et confortable. Les commandes tombent bien sous la main. Le joystick en bout de console est très bien : il permet de gérer le sens d’avancement, le passage des rapports sous charge et plusieurs distributeurs électro-hydrauliques. À l’avant de la console, le levier de vitesses est légèrement trop avancé : la cinquième vitesse nécessite de se pencher en avant pour la passer.
Il manque tout de même certains espaces de rangement, un porte-bouteilles ou encore un support de Smartphone (de série depuis l’essai).
Au centre du tableau de bord se trouve un écran couleur, qui se pilote à l’aide d’une petite molette. C’est simple et intuitif. Depuis cet écran, on peut faire pas mal de réglages notamment sur les distributeurs, sur lesquels on peut paramétrer trois niveaux de sensibilité. Mais également sur les séquences de bout de champ (deux séquences) et le relevage. On peut même régler la vitesse de montée.Près du tableau de bord, on retrouve une molette pour le réglage des différents niveaux d’agressivité de l’inverseur.
Pour atteler les outils, nous avons bien aimé le troisième point très simple, avec une manivelle. Le bloc hydraulique de travers facilite le branchement des flexibles. Il manque juste un bouton de commande de prise de force sur l’aile. Autre reproche, la boîte à outils, trop petite, est mal positionnée. Elle serait mieux à gauche qu’à droite.Au travail « Facile à prendre en main »
C’est un tracteur complet, mais aussi simple à prendre en main, à l’image de la mémorisation du régime moteur, qui s’enregistre par un appui long sur le bouton, après avoir ajusté le régime moteur à l’aide de la molette dédiée. Le MF 3FR.105 se montre aussi très maniable. On prend un rang sur deux dans des vignes à 2,50 m aisément. On peut paramétrer l’angle de braquage au-delà duquel le pont avant se désactive automatiquement.Habitués aux CVT, nous avons dans un premier temps un peu tiqué sur la boîte de vitesses, car c’est une transmission mécanique. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas attelé le porte-outil interceps Emisol, avec lequel la CVT s’exprime pleinement. Mais il faut avouer que le passage de vitesses est souple. Cela passe tout seul, sans à-coups. Avec l’embrayage électrique sur le pommeau, on ne se sert de la pédale d’embrayage que pour démarrer. Même pour atteler, on a activé la fonction « Neutre à la pédale de frein ». Marquée par un comportement un peu brusque, cette fonction est utile lorsqu’on passe à proximité d’un complant.Sur route, le tracteur est plutôt confortable. La suspension du pont avant est redoutable. À fond dans les chemins, ça ne bouge pas. De plus, l’étagement de la transmission permet de rouler à 40 km/h au régime économique de 1 700 tr/min. Le confort est accentué par une climatisation qui s’est montrée efficace.Au travail du sol, le Massey Ferguson affiche une consommation tout à fait raisonnable, comparable aux tracteurs CVT de l’exploitation. Pour trois heures et huit hectares de travail (un rang sur deux en 3 m d’interrang), et une demi-heure de trajet routier, il affiche une consommation de 21 litres, en roulant au champ à 8,5 km/h et au régime de 1 500 tr/min (en vitesse 1). Mais quand on attaque la montée de 22 %, il ne grimpe pas en première – il faut changer de gamme – à moins d’entamer la côte à pleine vitesse.Entretien « Plutôt accessible »
Globalement, l’entretien est assez facile. Le radiateur central est coulissant, avec un support pour y poser les flexibles, et une conduite en T à visser sur la soufflette permet de nettoyer aisément les éléments fixes. Le filtre à air cyclonique est aussi facile d’accès, tout comme les filtres à huile et à GNR. La batterie n’est pas accessible, mais il y a des prises extérieures.Si le remplissage de GNR s’effectue facilement au niveau du bouchon de réservoir au pied de la cabine, celui d’AdBlue impose d’ouvrir le capot.
fiche technique
Massey Ferguson MF 3FR.105
Moteur
Marque et puissance maximale : FPT 105 ch à 2 000 tr/min
Couple maxi : 375 Nm à 1 500 tr/min
Nombre de cylindres/cylindrée : 4/3 600 cm3
Norme et système de dépollution : Stage V avec DOC et FAP
Intervalle de vidange : 600 h
Transmission
Type : mécanique à 3 gammes, 5 vitesses et Hi-Lo en marche avant
Régime moteur à 40 km/h : 1 700 tr/min
Régimes de prise de force : 540 tr/min et 540 Eco
Circuit hydraulique
Type : Centre ouvert
Débit, pression : 120 l/min à 195 bars
Nombre de distributeurs centre/arrière : 4/4
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course : 2 500 kg
Dimensions
Capacité du réservoir à carburant : 104 l
Hauteur hors-tout : 2,453 m
Empattement : 2,124 m
Poids à vide : 3 700 kg
Monte de pneumatique : 320/70 R20 et 420/70 R28
Budget
Prix catalogue du modèle essayé hors taxes au 1er décembre 2024 : 132 000 euros