Lutte contre la flavescence dorée de la vigne : rien ne remplace le Pyrévert en bio
Lors de ses travaux chez SudVinBio, Nicolas Constant a mené divers essais en vue de s’affranchir des pyrèthres naturels dans le cadre de la lutte contre Scaphoideus titanus. Sans succès.
Lors de ses travaux chez SudVinBio, Nicolas Constant a mené divers essais en vue de s’affranchir des pyrèthres naturels dans le cadre de la lutte contre Scaphoideus titanus. Sans succès.
« Aucune méthode testée ou combinaison de méthodes ne permet de maîtriser totalement les populations de cicadelles. » C’est par cette phrase lapidaire que Nicolas Constant, à présent référent bio à l’IFV, conclut sa publication sur les essais d’alternatives au Pyrévert, dans le cadre de la lutte contre la flavescence dorée. Il a pourtant expérimenté divers produits et techniques : le décapage à l’eau chaude pressurisée du tronc, l’écorçage mécanique du tronc, l’application d’huile minérale en association ou non avec du soufre, l’application de dihydroxyde de calcium et la pose de glu sur les troncs.
La glu est efficace mais sa pose trop fastidieuse
Cette dernière technique est celle qui a montré la meilleure efficacité. « Mais la difficulté réside dans l’application sur le tronc, qui est très fastidieuse à la main », souligne Nicolas Constant. Il faut en effet fixer sur chaque cep une bande de papier avec glu, à 10-15 cm de hauteur. Pour s’affranchir de cette difficulté, le chercheur a envisagé d’appliquer cette glu sous forme liquide, via un pulvérisateur. « Mais cela ne serait pas forcément assez efficace, du fait des anfractuosités dans l’écorce des vieux ceps », prévient-il. Il estime donc que cette méthode n’est pas transférable au vignoble.
L’application de dihydroxyde de calcium a également donné de bons résultats, mais à des doses « délirantes », de 200 à 300 l/ha. « Nous avons même laissé tomber la dernière année du projet, tant la mise en œuvre était compliquée », rapporte le référent bio. De même, son coût s’est avéré trop important. L’emploi d’huile minérale, avec ou sans soufre, est également pénalisé par le gros volume de bouillie (environ 500 l/ha) nécessaire. Quant au décapage à l’eau chaude, il a permis de diminuer les populations de cicadelles, mais « la difficulté de mise en œuvre, le débit de chantier et la consommation en eau par hectare rendent difficilement envisageable une diffusion de cette technique à grande échelle », analyse Nicolas Constant.
Objectif optimisation de l’efficacité du Pyrévert
Dernière technique expérimentée, l’écorçage mécanique (grâce à des épampreuses à lanières). Bien que moins efficace que certaines techniques, il pourrait être un meilleur compromis entre le coût et les bénéfices, surtout s’il est suivi d’une application de produit. Mais son efficacité est liée à la possibilité de passer des épampreuses à lanières dans le vignoble.
Au final, Nicolas Constant juge que la priorité est de mieux comprendre comment optimiser l’efficacité du Pyrévert. « J’ai testé beaucoup de produits naturels alternatifs durant vingt ans et au mieux, on a une efficacité de l’ordre de 60 %, ce qui n’est pas suffisant, témoigne-t-il. Je pense qu’il vaut mieux limiter la variabilité d’efficacité du Pyrévert. Parfois on atteint 95 % d’efficacité avec ce produit, mais on ne sait pas pourquoi, on a juste des hypothèses. »