L’Occitanie accentue ses recherches sur les stratégies d’enherbement
Des chercheurs de Montpellier Sup’Agro et de l’Inrae se penchent sur l’élaboration d’itinéraires techniques de gestion de l’enherbement adaptés aux contraintes locales. Les résultats de la première phase de ce projet, qui consiste en un recensement des pratiques, viennent d’être dévoilés.
Des chercheurs de Montpellier Sup’Agro et de l’Inrae se penchent sur l’élaboration d’itinéraires techniques de gestion de l’enherbement adaptés aux contraintes locales. Les résultats de la première phase de ce projet, qui consiste en un recensement des pratiques, viennent d’être dévoilés.
La gestion de l’enherbement, qu’il soit spontané ou semé, est identifiée comme un des leviers d’action agroécologique des systèmes viticoles. « Mais elle est sous-exploitée à l’échelle régionale », estime Hugo Fernandez-Mena, enseignant-chercheur à Montpellier Sup’Agro. Sur la base d’une enquête menée en 2016, le chercheur a établi un panorama des pratiques les plus répandues dans le vignoble correspondant à l'ex-Languedoc-Roussillon, et des raisons qui poussent les viticulteurs à faire ces choix.
Restaurer la biodiversité comme principale motivation pour enherber
L’enquête, diffusée via les chambres d’agriculture, l’interprofession Sudvinbio et des réseaux comme le Civam (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) ou les Vignerons indépendants, a permis de recueillir 334 témoignages. « L'échantillon est assez représentatif de la structure des domaines languedociens », remarque Hugo Fernandez-Mena. Ce recensement donne une première idée des stratégies adoptées localement. « La biodiversité, l’apport en matière organique et la lutte contre l’érosion sont dans l’ordre, les trois principales motivations des viticulteurs qui enherbent », note Hugo Fernandez-Mena. Près de 23 % des répondants ont indiqué garder le sol nu, la compétition entre la vigne et le couvert végétal pour l’eau et l’azote ainsi que les pertes de rendements étant les deux principaux arguments en faveur de cette stratégie. 59 % des répondants de cette catégorie combinent destruction mécanique et chimique pour maintenir le sol nu.
Ceux qui enherbent optent majoritairement pour un couvert hivernal détruit au débourrement (41,3 %), tandis que le choix d’un enherbement permanent est retenu par 27,3 % des sondés, et celui d’un enherbement semi-permanent, à savoir détruit à la floraison, par 8,1 %. Le plus souvent, l’herbe est conservée dans un rang sur deux pendant la période végétative. « Nous avons observé que seuls 12,5 % des viticulteurs utilisent des semis. Nous supposons que cela est dû au coût de la semence et au temps de travail supplémentaire, mais également à un manque de technicité et de matériel », observe l’enseignant.
Un focus sur les règles de décision pour entretenir l’interrang
Vingt viticulteurs identifiés comme des « enherbeurs expérimentés » ont détaillé les interventions qu’ils réalisent pour entretenir l’interrang. Le stade phénologique de l’herbe est le paramètre prioritairement pris en compte pour déclencher la tonte, suivi par la hauteur de l’herbe puis par le stade phénologique de la vigne. Les avis sont plus tranchés sur les indicateurs qui conditionnent la destruction du couvert. Si la hauteur de l’herbe se distingue comme l’indicateur principal, l’état du sol, le taux de couverture de l’herbe, la présence de flore envahissante et le stade phénologique de l’herbe ont autant de poids dans la décision.
L’ensemble de ces résultats sera publié dans un article scientifique en cours de révision. « Ces travaux mettent en évidence un réel besoin de pédagogie sur l’enherbement, notamment hivernal, qui n’est pas acquis dans la région », analyse Hugo Fernandez-Mena. Dans la région, la présence d'un couvert végétal est d'autant plus importante que deux facteurs favorisent l'érosion des sols : les nombreuses parcelles en pente ainsi que la violence des épisodes cévenols. Les résultats obtenus seront repris dans le cadre d'un projet mené par l'Unité Mixte de Recherche (UMR aBSys, qui travaille à définir des stratégies de pilotage du vignoble adaptées à la situation locale.) L’un des aspects de ce projet est de corréler davantage les pratiques agronomiques à la valorisation du vin.