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Tribune
Vive la 3e révolution agricole qui place la performance durable au cœur de l’action !

Il y a un an, Florian Delmas, 38 ans, président d'Andros, signait une tribune cash intitulée Notre système agricole et agroalimentaire français fait faillite et nous regardons ailleurs. Aujourd'hui, le jeune dirigeant reprend la plume pour appeler à s'engager réellement dans une troisième révolution agricole autour d'un nouveau tryptique : robotique, génétique et vivant.

Florian Delmas, président d'Andros
"Au triptyque mécanique x génétique x chimie qui aura fait les heures de gloire et de quelques déboires de l’agriculture productiviste, l’agriculture performante érigera un nouveau triptyque : robotique (mécanique x données) x génétique x vivant", écrit Florian Delmas.
© Andros

Mettre en mouvement une transformation sans la subir exige de définir un cap clair et de bâtir un récit audible du plus grand nombre. La 3e révolution agricole répondra-t-elle aux enjeux du XXIe siècle sans l’effort d’un nouveau récit agricole & alimentaire réaliste, mais ambitieux.

Et si construire un nouveau récit agricole & alimentaire permettait d’aligner les réponses aux enjeux désormais si clairs ! Un nouveau récit favorable à une agriculture plurielle, mais nécessairement performante. Un nouveau récit sans lequel la mise en mouvement d’un écosystème complexe se solderait par le constat amer d’une perte progressive de souveraineté alimentaire, qui au-delà des enjeux géopolitiques majeurs, serait compensée par une alimentation toujours plus importée, tendanciellement moins qualitative et toujours plus carbonée. Est-ce bien cela le sens de l’histoire vers laquelle certains discours pourraient nous emmener ?

Éclairer cette 3e révolution agricole exige préalablement de remonter le temps passé et de mettre des mots justes pour comprendre les deux révolutions précédentes. Cela exige également d’être conscient des facteurs inéluctables et enjeux prioritaires imposant le changement, au-delà de toute démagogie. Enfin, quels leviers activer pour concrétiser un système agricole et agroalimentaire véritablement performant et durable ?

 

Notre système agricole et alimentaire n’en est pas à sa première révolution

1re révolution agricole : l’ère de la paysannerie

Il y a plus de 10 000 ans, les CHASSEURS CEUILLEURS subvenaient à leurs besoins en ponctionnant la NATURE avec un objectif NOURRICIER. La première révolution agricole a eu lieu il y a 10 000 ans et perdura sans évolution majeure jusqu’au milieu du siècle dernier. Nos aïeux, pour majorité PAYSANS, préservaient un PATRIMOINE avec un objectif VIVRIER : la vie de leur famille en dépendait.

 

2e révolution agricole : l’ère de l’agriculture

Depuis le milieu du XXe siècle, on a demandé aux AGRICULTEURS d’exploiter un OUTIL DE TRAVAIL avec un objectif PRODUCTIVISTE : la vie du modèle économique industriel et tertiaire souhaité en dépendait. Cette révolution visait l’autosuffisance alimentaire, une condition essentielle pour garantir la paix. Dix ans plus tard, le pari de l’agriculture productiviste était gagné, bâti sur le triptyque mécanique (outil et énergie) x génétique (semence végétale et animale) x chimie (engrais & produits phytosanitaires). Pendant ce temps, un modèle agroalimentaire industriel se développait pour produire, conditionner et distribuer une alimentation ainsi préservée, accessible au plus grand nombre.

 

3e révolution agricole : l’ère de l’entrepreneuriat et de l’artisanat du vivant

Dès aujourd’hui, les ENTREPRENEURS & ARTISANS du vivant doivent valoriser un CAPITAL NATUREL avec un objectif de PERFORMANCE économique, sociale et environnementale : la vie de l’humanité sur une planète préservée en dépend. Cette 3e révolution vise à préserver l’autosuffisance alimentaire, avec une exigence de performance durable désormais indissociable entre le maillon agricole et agroalimentaire puisque 80% des matières premières agricoles sont cuisinées dans des ateliers agroalimentaires.

 

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Subie ou maitrisée : une 3e révolution agricole et alimentaire désormais inéluctable

 

L’injonction paradoxale à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés est que la trajectoire émotionnelle et rassurante repose sur la nostalgie paysanne, mais que la trajectoire rationnelle et souveraine nous oblige à être nécessairement plus performants. En somme, produire plus, mais beaucoup mieux et avec moins.

Une figure imposée par tant d’éléments rationnels qu’il faut désormais laisser l’émotion de côté pour nous guider. En effet, le système agricole et alimentaire français est confronté à de nombreux enjeux que les solutions du passé ne pourront résoudre à elles seules : une augmentation significative de la population mondiale, donc de la quantité d’alimentation à produire, un contexte démographique agricole déclinant inéluctable, un changement climatique qui modifie drastiquement nos écosystèmes, un accès aux énergies carbonées réduit et couteux, de nouvelles exigences sanitaires et environnementales indispensables au bon maintien des équilibres écologiques.

 

Quels leviers activer pour concrétiser un système agricole et agroalimentaire véritablement performant ?

 

Le pari de l’agriculture performante conservera le vivant au cœur de son modèle. Ce pari obligera également le changement tendanciel des comportements alimentaires, vers une alimentation plus végétale (fruits, légumes, céréales, légumineuses, protéagineuses), sans bannir pour autant la protéine animale, dont le support (l’animal) est partie intégrante d’un système vertueux. Il obligera une réduction drastique des pertes sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, par un lien plus étroit, transparent et quelquefois interdépendant entre chaque maillon.
Au triptyque mécanique x génétique x chimie qui aura fait les heures de gloire et de quelques déboires de l’agriculture productiviste, l’agriculture performante érigera un nouveau triptyque : ROBOTIQUE (mécanique x données) x GENETIQUE x VIVANT.

 

Cette troisième révolution agricole exigera pour autant d’apporter des réponses concrètes aux enjeux précités.

  • Libérer le foncier : par la liquidité du foncier d’un protectionnisme communal au protectionnisme national (accès au foncier facilité pour les nouveaux entrepreneurs et artisans du vivant) ;
  • Valoriser les données : de la macro-solution à la micro-précision (traitements sanitaires animaux ou végétaux, irrigation, énergie) ;
  • Pallier le déficit de main-d’œuvre : de la mécanique à la robotique (automatisation, précision d’usage des énergies et traitements sanitaires) ;
  • Réduire le capital matériel employé : du bien propre aux biens partagés ou à la sous-traitance de tâches agricoles (entreprise de travaux agricoles, cuma) ;
  • Développer le plein potentiel des semences : de l’intrant chimique & pharmaceutique à la génétique approfondie (résistance aux maladies, réduction des intrants, qualité sanitaire et nutritionnelle) ;
  • Renouer avec des pratiques culturales et d’élevage naturelles (cycles, lunes, biodiversité, biostimulation) ;
  • Concrétiser un nouveau réseau hydraulique français, source d’eau et d’énergie décarbonée : du statu quo mortifère à de nouveaux grands chantiers hydrauliques ;
  • Déployer concrètement les paiements pour services environnementaux en agriculture : de la transition impossible au soutien de l’aval de la chaine de valeur pour une agriculture performante et durable ;
  • Soutenir la formation aux nouvelles pratiques performantes et durables : de l’agriculteur exécutant à l’entrepreneur et artisan du vivant apprenant et sachant.

 

Vive la 3e révolution agricole qui place la PERFORMANCE DURABLE au centre du débat avec le retour en grâce du vivant, de la science, de l’agronomie, de la génétique, de l’entrepreneuriat agricole, de la valorisation des métiers de la terre et du bon sens, allié à la robotique et au numérique !

Biographie de Florian Delmas
Florian Delmas est le Président du groupe Andros. Après avoir obtenu son diplôme d’Ingénieur agro-alimentaire ISARA en 2008 qu’il complétera par un exécutive MBA à HEC 7 ans plus tard, Florian aura exercé plusieurs fonctions au sein d’Andros : Chef de projet BtoB, Directeur du centre R&D, Directeur du sourcing et de l’amont fruitier, Directeur Général Andros France, Directeur Général Groupe Andros. Reconnu dans son domaine d’activité, il a été nommé Young Leader 2021 de la French American Foundation, 4 fois parmi les Leaders Economiques de demain et Young Global Leader du World Economic Forum en 2023.

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