[Vidéo] AgroParisTech : de jeunes diplômés appellent leurs camarades agronomes à déserter
La cérémonie des remises de diplômes d’ingénieurs agronomes 2022 de la grande école parisienne AgroParisTech a été marquée par le discours radical d’une poignée d’étudiants appelant leurs camarades à fuir l'agro-industrie.
La cérémonie des remises de diplômes d’ingénieurs agronomes 2022 de la grande école parisienne AgroParisTech a été marquée par le discours radical d’une poignée d’étudiants appelant leurs camarades à fuir l'agro-industrie.
[Mis à jour le 12 mai à 15h44 avec la réaction d'AgroParisTech]
Huit jeunes diplômés ont fait le buzz le 30 avril lors de la remise des diplômés d’AgroParisTech en appelant leurs camarades de promotions à déserter les voies toutes tracées par l’école d’ingénieurs agronomes. Un discours engagé et politique qui circule depuis hier sur les réseaux sociaux.
« Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours », débute ainsi cette prise de parole radicale. Les jeunes ingénieurs montés sur la scène de la salle Gaveau à Paris, s’inscrivant en faux d’emblée contre la nouvelle devise d’AgroParisTech : « nous ne nous considérons pas comme les Talents d’une planète soutenable ».
Violente charge contre « l’agro-industrie »
Les jeunes diplômés dénoncent ensuite « l’agro-industrie qui mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre » et réfutent l’idée que les sciences et techniques soient « neutres et apolitiques ». « Nous pensons que l’innovation technologique et les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme », clament l’une des jeunes diplômés.
Puis dans une diatribe assez violente de dénoncer les débouchés présentés tout au long de leur cursus : « trafiquer en labo des plantes pour des multinationales », « concevoir des plats préparés et des chimiotherapies pour soigner ensuite les maladies causées », « inventer des labels « bonne conscience » », « développer des énergies dites vertes », « pondre des rapports RSE (masquant des crimes scandaleux, ndlr)» … « Des jobs destructeurs », selon ces jeunes ingénieurs qui tentent de décourager leurs camarades à les pourvoir : « les choisir c’est nuire, en servant les intérêts de quelques-uns ».
De l’apiculture à la ZAD en passant par les Soulèvements de la terre
Refusant de « servir ce système », les huit étudiants enjoignent ensuite leur promotion à chercher d’autres voies et « construire leurs propres chemins ». Et de citer leurs propres engagements : l’un est en cours d’installation en apiculture dans le Dauphiné, une autre « habite depuis deux ans à la ZAD de Notre Dame des Landes » où elle « fait de l’agriculture collective et vivrière », une jeune étudiante raconte avoir rejoint « le mouvement des Soulèvements de la terre pour lutter contre l’accaparement et la bétonisation des terres agricoles à travers la France », deux jeunes diplômés s’installent « en collectif dans le Tarn, sur une ferme Terres de Liens, avec un paysan-boulanger, des brasseurs et arboriculteurs ». Un autre dit juste s’engager contre le nucléaire près de Bure et une autre « vivre à la montagne et se lancer dans le dessin. »
Des façons de vivre qui, ils en sont persuadés, « les rendront plus forts et plus heureux ».
A ceux qui hésitent à s’engager dans d’autres voies comme eux, les jeunes ingénieurs rebelles les questionnent : « mais de quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique, un salaire qui permet de prendre l’avion, un emprunt sur 30 ans pour un pavillon, tout juste 5 semaines par an pour souffler dans un gîte insolite, un SUV électrique, un fairphone et une carte de fidélité à Biocoop ? Et puis… un burn-out à quarante ans ? ». Leur discours est fortement applaudi par l’assistance.