Florent Méliand, éleveur de limousines dans la Sarthe : « Mon objectif est d’en faire des ruminants le plus tôt possible »
Rationaliser les coûts, Florent Méliand, à Saint-Ulphace dans le pays du Perche sarthois, l’a toujours intégré dans sa logique de fonctionnement. Pour allier passion et revenus, l’éleveur mise notamment sur une conduite alimentaire économe.
Rationaliser les coûts, Florent Méliand, à Saint-Ulphace dans le pays du Perche sarthois, l’a toujours intégré dans sa logique de fonctionnement. Pour allier passion et revenus, l’éleveur mise notamment sur une conduite alimentaire économe.

« La part allouée aux cultures a diminué au profit de l’herbe. En parallèle, son chargement est passé de 1,80 à 1,44 UGB/ha de SFP en l’espace de cinq ans pour gagner en souplesse sans baisser en nombre de têtes », calcule Jean-Baptiste Tertrain, chargé de mission viande bovine à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. « Le compromis a été trouvé pour permettre à l’éleveur de se consacrer autant que possible à sa passion qu’est l’élevage et garantir l’autonomie fourragère de son troupeau », note le spécialiste. Une stratégie aussi intéressante sur le plan climatique. Florent Méliand évalue ses stocks annuels à 500 bottes d’enrubannage, 500 bottes de foin et 50 tonnes de MS d’ensilage d’herbe. Trente hectares sont réservés à la monoculture de maïs, avec un rendement avoisinant les 13 à 14 MS en ensilage.
La rationalisation des coûts passe aussi par des économies sur les charges de mécanisation. Le parc matériel se cantonne à deux tracteurs pour les travaux de préparation du sol, de transport et de fenaison et un télescopique renouvelé régulièrement, l’unique matériel qui est sollicité l’hiver pour nourrir, pailler et curer. Tout le reste des chantiers est délégué. « Cela revient à 1,6 cheval et 110 litres de carburant à l’ha par an », calcule l'exploitant.
Une complémentation raisonnée
Les vaches et génisses sont conduites en pâturage tournant à partir de fin mars-début avril jusqu’octobre avec une rotation à la semaine, avec un chargement instantané proche de 10 UGB/ha. Les femelles vides rejoignent les prairies à plus haut potentiel pour être engraissées. Elles pâturent jusqu’à début juin et ont ensuite accès au bâtiment où Florent Méliand distribue 15 kg bruts de maïs ensilage, 3 kg d’aliment de croissance et 500 g de correcteur azoté à 30 %. Quand l’herbe vient à manquer à la fin juillet, « je passe à 21 kg de maïs, 5 kg d’aliment d’engraissement et 1 kg de correcteur. Je fixe comme seuil maximum entre 4,5 et 5 kg d’aliment par jour et par vache en finition ».
Sur l’année, l’éleveur contient ses achats extérieurs à 55 tonnes d’aliments et 2,5 tonnes de minéraux. « Elles font ce qu’elles peuvent avec ce que j’ai », sourit-il. Même régime pour les mères et leurs veaux. Les vaches et génisses en bâtiment ont à disposition un mélange à base de maïs ensilage, de foin et d’enrubannage d’herbe. Une fois la période de reproduction terminée, elles passent à un menu 100 % en enrubannage. Pour les veaux, la première complémentation commence au 15 décembre avec un mix de maïs ensilage et de luzerne broyée grossièrement pour préparer leur panse et développer leur rumination. Ils reçoivent en plus 1 kg d’aliment maximum de début janvier jusqu’à la mise à l’herbe, puis sont conduits uniquement à l’herbe jusqu’au sevrage. « Mon objectif est d’en faire des ruminants le plus tôt possible. Au pré, ils font entre 1 100 et 1 200 g/j de moyenne. Je ne cherche pas la croissance à tout prix, l’idée étant aussi de préserver leurs aplombs. » L’éleveur maintient des croissances modérées, après sevrage, pour ses futures génisses comme pour ses reproducteurs destinés à la vente. Les autres mâles sont sevrés trois semaines avant leur départ, toujours planifié la première semaine de juin.
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Un atelier bovin rentable et reprenable sur quinze ans
Dans le cadre de travaux conduits par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire et financés par la région, la transmissibilité de la ferme Perche sélection a été évaluée en appui du dernier exercice comptable 2023-2024. La valeur de reprenabilité (SAU, matériel, bâti, cheptel) a été estimée à 1 161 000 euros. « Cette étude montre que l’exploitation de Florent Méliand est reprenable sur quinze ans, à modèle constant », rapporte Jean-Baptiste Tertrain, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, avant d’ajouter : « Le pari de Florent Méliand de tout axer sur l’élevage allaitant s’est avéré payant. » Les calculs prennent en compte l’excédent brut d’exploitation (EBE). Les prélèvements, une marge de sécurité de 10 % de l’EBE et des frais de court terme ont été déduits.