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Plan Eau : quelles mesures pour l’agriculture ?

En déplacement dans les Hautes-Alpes Emmanuel Macron a annoncé les grandes lignes du plan Eau devant conduire à réaliser 10% d’économie sur l’eau d’ici à 2030. Tous les secteurs sont appelés à la sobriété, y compris l’agriculture.

Emmanuel Macron présente le plan Eau à Savines-le-Lac (05).
© capture d'écran vidéo de l'Elysée

[Mis à jour le 31/03/2023 à 16h10 avec des précisions du gouvernement]

A Savines-le-Lac, au bord du Lac de Serre-Ponçon, Emmanuel Macron a présenté ce jeudi 30 mars le Plan eau dont l’un des objectifs est de « réaliser 10% d’économie sur l’eau prélevée dans tous les secteurs d’ici à 2030 ».
 

Un plan de sobriété pour chaque secteur avant l’été

Chaque secteur, y compris l’agriculture cité par le président de la République, devra présenter « un plan de sobriété sur l’eau avant l’été ».

« Il s’agit avant tout d’un plan de sobriété et d’efficacité dans la durée », a-t-il expliqué devant des élus locaux.

Une sobriété à l'hectare, précise Marc Fesneau

 « On ne demande pas un effort supplémentaire » aux agriculteurs sur les prélèvements globaux, précisait toutefois le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau au même moment en clôture du congrès de la FNSEA à Angers, évoquant une amélioration de la « sobriété à l’hectare », alors qu’il y aura « sans doute besoin de plus de surfaces à irriguer », selon nos confrères d'Agra Presse. Le ministre de l'Agriculture a reprécisé ce matin que le prélèvement net devrait se stabiliser pour l'agriculture, pour un prélèvement brut en diminution.

Ce plan comprend 53 mesures sur 5 grands axes parmi lesquels un axe sur la planification de l’usage de l’eau et les transformations du modèle agricole.

« L’eau est indispensable à notre agriculture », a rappelé le Président de la République avant de présenter trois mesures pour l’agriculture.


Un diagnostic eau pour toutes les nouvelles installations

« Les nouvelles installations agricoles devront être en phase sur l’adaptation climatique. Chaque nouvelle installation sera dotée d’un diagnostic eau, sol et adaptation, ce sera inclus dans les aides à l’installation », a annoncé Emmanuel Macron qui précise que ce point sera inclus dans la loi d’orientation et d'avenir agricoles en préparation.

Autre mesure, inscrite dans le dossier de presse, en phase d’installation de nouveaux agriculteurs sur des aires d’alimentation de captage, les projets s’inscrivant dans une démarche agroécologique, d’agriculture biologique seront favorisés. Une mesure devant aussi entrer dans la Loi d’orientation et d’avenir agricoles.


30 millions d’euros pour soutenir des pratiques économes en eau

Pour aider les agriculteurs à économiser leur usage de l’eau, 30 millions d’euros seront alloués en plus chaque année au soutien de pratiques agricoles économes en eau, comme l’irrigation au gouttes à gouttes, la mise en place de modèles d’irrigation intelligents ou encore le développement de filières peu consommatrices en eau, a ensuite avancé le président de la République. Des fonds prévus pour 2024 selon le dossier de presse du gouvernement.

Il faut avoir des sols en meilleure santé, en plantant plus d'arbres, plus de haies qui stockent mieux l'eau

« Il est évident que des agriculteurs sur certains territoires devront aller vers d’autres schémas de production ou migrer vers d’autres territoires s’ils veulent garder leur production. Avec le changement climatique, les sols changent » a commenté Emmanuel Macron. « Il faut faire évoluer les logiques de stockage de l’eau : avoir des sols en meilleure santé, en plantant plus d’arbres, plus de haies qui stockent mieux l’eau », a-t-il poursuivi.
 

Un fonds hydraulique de 30 millions d’euros

Concernant le stockage de l’eau, contrairement à ce que demandaient des écologistes, le président de la République n’a pas annoncé de moratoire sur les réserves d’eau. Emmanuel Macron a dévoilé la mise en place d’un fonds de 30 millions d’euros pour l’hydraulique afin de faciliter l’utilisation d’ouvrages existants et d’améliorer l’infiltration dans les nappes phréatiques.

Par ailleurs « si la construction d’un nouvel ouvrage de stockage est nécessaire du fait des particularités de certains territoires, l’ouvrage devra répondre aux objectifs suivants : être parfaitement aligné sur les données scientifiques prospectives, incluant les impacts du changement climatique, être partagé pour contribuer également à la préservation de la biodiversité et à d’autres usages et être conditionné à des changements de pratiques significatifs : économies d’eau et réduction des pesticides », a poursuivi le président, soulignant sans en prononcer le nom que l’ouvrage de Sainte-Soline contesté le week-end dernier répondait à cette logique.

On va devoir irriguer plus de surfaces mais avec la même quantité d'eau

« On va très certainement devoir irriguer plus de surfaces mais avec la même quantité d’eau » a ajouté Emmanuel Macron.

 

80 millions d'euros pour améliorer la qualité de l'eau

Mesure non annoncée par le président de la République mais précisée ce vendredi 31 mars par le cabinet d'autres mesures sont prévues pour améliorer la qualité de l'eau et concernent l'agriculture il s'agit :

- d'un soutien aux pratiques agricoles à bas niveau d’intrants sur les aires d’alimentation de captage sera renforcé via les agences de l’eau via la revalorisation des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et aides à la bio revalorisées sur les aires alimentation de captage, à hauteur de 50 M€ par an

- et de la prolongation de l’expérimentation des paiements pour services environnementaux (PSE) jusqu’à la fin de la programmation PAC à hauteur de 30M€/an.


Vers une tarification progressive de l’eau

Parmi les autres mesures, le président de la République a annoncé l’octroi de 500 millions d’euros supplémentaires chaque année, via les agences de l’eau pour financer toutes les actions permettant de s’adapter au changement climatique mais aussi la mise en place d’une tarification progressive et incitative de l’eau. « Les premiers mètres cubes seront facturés à un prix modeste, proche du prix coutant, au-delà d’un certain niveau, pour la consommation de confort, il sera plus élevé », a-t-il expliqué.
 

1000 projets pour recycler et réutiliser les eaux usées

Autre axe de mesures attendu celui du renforcement de l’utilisation des eaux usées. « Nous sommes à moins de 1% de l’eau usée réutilisée en France, l’objectif est de passer à 10% d’ici à 2030, soit 300 millions de m3, l’équivalent de la consommation de 3500 bouteilles d’eau par Français et par an », a avancé le chef de l’Etat.

Pour ce faire, 1000 projets devront être identifiés en 5 ans en lien avec les collectivités territoriales pour réutiliser les eaux usées.

Les freins règlementaires à la valorisation des eaux non conventionnelles seront levés, notamment dans l’industrie agroalimentaire, précise le dossier de presse du gouvernement. Le projet de décret est mis en consultation sur le site du ministère de l'Agriculture jusqu'au 21 avril.

Le dossier souligne aussi que la récupération des eaux de pluie de toiture des bâtiments agricoles (notamment les bâtiments d’élevage pour l’abreuvement des animaux) sera « largement soutenue en vue de sa généralisation via des aides des agences de l’eau ».

Pour l'agriculture, une réflexion est en cours pour permettre d'utiliser les eaux usées traitées sortant de station d'épuration pour l'irrigation sur le littoral, indique par ailleurs le cabinet du ministère de l'Agriculture.
 

Des économies d’eau attendues dans l’industrie

Afin de faire des économies d’eau dans la durée, tous les secteurs vont être invités à faire des efforts. Un vaste programme d’investissement dans le fonctionnement en circuit fermé des centrales nucléaires est annoncé ainsi qu’une réunion des 50 sites industriels ayant le plus grand potentiel d’économie d’eau par les ministres de la transition écologique et de l’industrie.

A noter que selon le dossier de presse du gouvernement, l’empreinte eau sera intégrée dans l’affichage environnemental, dès 2024.
 

Une application, type Ecowatt, sur l’eau accessible à tous

Par ailleurs, alors qu’après la sécheresse hivernale, 80% des nappes phréatiques sont basses à très basses et pour éviter la situation de l’été 2022 où 700 communes ont connu des difficultés d’approvisionnement, Emmanuel Macron a annoncé la mise en service avant l’été d’une application, type Ecowatt, accessible à tous pour inciter les Français à économiser l’eau.


Retrouvez l'ensemble des 53 mesures du gouvernement

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