Dernier rapport du Giec : que retenir pour l’agriculture ?
Le réchauffement climatique s'intensifie confirme le sixième rapport du Giec, avec des conséquences notables notamment pour l'agriculture. Pour tenter de limiter la hausse à 1,5°C d'ici à 2100 des mesures doivent être prises très rapidement afin d'atteindre zéro émissions nettes de CO2 en 2050. Des pistes pour l'agriculture et l'alimentation sont avancées.
Le réchauffement climatique s'intensifie confirme le sixième rapport du Giec, avec des conséquences notables notamment pour l'agriculture. Pour tenter de limiter la hausse à 1,5°C d'ici à 2100 des mesures doivent être prises très rapidement afin d'atteindre zéro émissions nettes de CO2 en 2050. Des pistes pour l'agriculture et l'alimentation sont avancées.
Le groupement international d’experts sur le climat (Giec) a publié le 20 mars son sixième rapport synthétisant les connaissances acquises entre 2015 et 2021 sur le changement climatique, ses causes, ses impacts et les mesures possibles pour l’atténuer et s’y adapter.
Un document adopté à l’issue d’une session d’approbation qui s’est tenue du 13 au 17 mars en Suisse avec les représentants des 195 pays membres du Giec.
Ce rapport de 2400 pages a été synthétisé dans une note de 36 pages pour les décideurs publics dont on peut retenir quelques informations phares.
Un réchauffement de 1,1°C par rapport à 1850-1900
« Les activités humaines, principalement par le biais des émissions de gaz à effet de serre, ont sans équivoque contribué au réchauffement climatique, avec une température moyenne sur la surface du globe, entre 2011 et 2020, supérieure de 1,1°C par rapport à la période 1850-1900 », peut-on lire d’entrée de jeu dans la synthèse. Les activités humaines seraient responsables de 1,07°C de hausse selon les estimations scientifiques.
L’agriculture et la forêt représenteraient 22% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, contre 79% pour les secteurs de l’énergie, l’industrie, les transports et les bâtiment, rappelle le rapport.
Tout réchauffement supplémentaire entraine une intensification des vagues de chaleurs, des précipitations abondantes et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes, soulignent les experts.
Ce réchauffement climatique entame la sécurité alimentaire et affecte la sécurité de l’eau, souligne la synthèse du rapport du Giec, qui précise que bien que la productivité agricole globale ait augmenté le changement climatique a ralenti la croissance au cours des 50 dernières années à l’échelle mondiale, avec des impacts négatifs principalement dans des régions de moyenne et basse latitude mais des impacts positifs dans certaines régions de haute latitude.
Modélisation des conséquences du changement climatique sur le rendement en maïs dans le monde
+1,5°C probablement dès les années 2030-2035
Selon les scénarios étudiés par les groupes de travail du Giec, en fonction de l’évolution des émissions de Gaz à effet de serre, le réchauffement pourrait évoluer de +1,5°C à plus de 4°C d’ici 2100 par rapport à la période de référence 1850-1900.
Le réchauffement climatique atteindra très probablement 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, prévient le Giec. Mais « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ
deux décennies », écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l'Onu.
À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques augmentant les risques multiples pour les écosystèmes et les humains, prévient le Giec. Les dangers et les risques associés attendus à court terme comprennent une augmentation des risques liés aux pics de chaleur, aux maladies d'origine alimentaire, hydrique et à transmission par virus, à des inondations, à la perte de biodiversité dans les écosystèmes terrestres, d'eau douce et océaniques et à une diminution de la production alimentaire dans certaines régions.
Avec la poursuite du réchauffement, les risques liés au changement climatique deviendront de plus en plus complexes et plus difficiles à appréhender, préviennent les experts.
Le 6e cycle #GIEC est clos. 8 ans de travail acharné de 100aines d'auteur-es.
— Christophe Cassou (@cassouman40) March 20, 2023
Les faits sont clairs, ne peuvent être +clairs. Gouvernements, décideurs, maintenant c'est a vous d'agir! Ne demandez plus au GIEC plus d’évidences. Attendre le 7e rapport sera trop tard, vous le savez! pic.twitter.com/3pHdKgsy8G
Des actions à engager immédiatement pour limiter le réchauffement entre 1,5 et 2°C
Pour limiter le réchauffement entre 1,5 et 2°C à 2100, le rapport du Giec souligne plusieurs pistes d’actions devant être très rapidement mises en place pour atteindre le zéro émission nette de CO2 respectivement en 2050 ou 2070.
Dans ce secteur de l’agriculture, c'est l’arrêt de la déforestation dans les zones tropicales qui possèderait « le plus grand potentiel de réduction d’émissions », de l’ordre de 4 Gt CO2 par an. L’augmentation des taux de carbone dans les sols agricoles permettrait également de capter 3,5 Gt CO2/an, et le changement des régimes alimentaires réduirait le bilan mondial de 2 Gt CO2/an.
Tableau résumant les secteurs où se situent le potentiel d’action climatique (partie concernant l'énergie et l’agriculture)
Parmi les moyens de s’adapter et d’atténuer les changements climatiques les experts du Giec citent aussi plusieurs leviers comme l’amélioration des variétés, le stockage de l’eau, l’agroforesterie, la diversification, ou encore l’agriculture urbaine.
Interrogée par France Info sur les solutions préconisées par les experts du Giec pour limiter le réchauffement, la climatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente de l'un des groupes de travail de l'institution, répond : « sur la question de l’alimentation et de l’usage des terres, il y a la lutte contre la déforestation, l’utilisation optimisée des engrais azotés ou les efforts pour réduire les émissions de méthane des ruminants. Il y a enfin le changement des pratiques alimentaires et le fait d’avoir une alimentation avec plus de protéines végétales et moins de protéines animales ».