« Les évolutions du climat nous confortent dans nos objectifs de sélection de la race Aubrac »
La race Aubrac devait être à l’honneur au Sommet de l’élevage. Cela lui aurait permis de mettre en avant ses particularités en termes d’objectifs de sélection où l’ambition n’est pas de faire la course au toujours plus lourd et plus développé. Explications avec Yves Chassany, éleveur dans le Sud-Est du Cantal et président de l’OS Aubrac.
Dans les concours aubrac, il y a une forte proportion de jeunes parmi les participants. Est-elle représentative de l’ensemble de la population des éleveurs détenant des cheptels aubrac ?
La progression des effectifs ne risque-t-elle pas de se traduire par une banalisation de la viande aubrac ?
Le label rouge bœuf fermier Aubrac a concerné l’an dernier 2 215 carcasses labellisées pour 2 614 bovins labellisables avec un prix moyen de 4,69 euros du kilo de carcasse et un poids moyen de 408 kg. Il a un réel effet « locomotive » pour stimuler les tarifs des autres femelles finies. C’est appréciable, mais toutes nos vaches sont loin d’être vendues à ces tarifs ! L’arrivée du Covid n’a pas eu d’impact défavorable pour nos démarches officielles de qualité avec au contraire une progression de la demande depuis ce printemps. La crainte est pour les mois à venir. La crise économique annoncée risque d’avoir un impact sur le pouvoir d’achat des Français. Si ce dernier est en berne, au moins une partie d’entre eux s’orienteront vers des produits plus basiques et surtout moins chers.
La progression des effectifs dans les zones extérieures où le contexte pédoclimatique est souvent plus favorable que dans le berceau ne présente-t-elle pas, à terme, un risque de perte de rusticité ?
Les évolutions du climat, une fois encore cruellement ressenties cet été, pourraient-elles vous amener à faire évoluer vos objectifs de sélection ?
Même si les chiffres sont modestes, comment analysez-vous la progression des effectifs français d’une race comme l’Angus dont certaines aptitudes (format, qualité d’élevage…) sont proches de l’Aubrac ?
En revanche la volonté de certains éleveurs de s’orienter sur des races de ce type doit nous inciter à rester vigilants sur les capacités de nos animaux à se finir facilement sans avoir recours à d’importantes quantités de céréales et concentrés. L’aptitude d’une Aubrac à reprendre facilement et rapidement de l’état dès qu’elle bénéficie de conditions alimentaires plus favorables que ce soit par le pâturage ou le contenu de son auge est un atout qu’il convient évidemment de conserver et de conforter. Mais une race est également riche de la diversité de ses souches. On a besoin de cette diversité pour mener à bien notre schéma de sélection.
Ces dernières années se sont traduites par un net recul du croisement. Comment l’expliquer ?
Quelques chiffres sur l’Aubrac
• En 2019, 26 % des veaux nés de mère aubrac étaient issus d’un père d’une autre race contre 32 % en 2015. Une proportion nettement plus faible pour les élevages faisant partie de la base de sélection. Ce moindre attrait du croisement est pour partie lié à la plus grande facilité de conduite d’un cheptel en race pure, un argument de poids dans un contexte d’augmentation du nombre de vêlages par UTH. Le Charolais est de loin la race la plus utilisée en croisement. Blanc Bleu et Piémontaise ont aussi ponctuellement leurs adeptes.