Les enseignements des vignobles à haut rendement
L’Anivin et l’IFV ont profité du Sitevi pour présenter les résultats d’expérimentations menées depuis trois ans sur les vignobles à haut rendement, tant sur l’irrigation que sur la fertilisation.
L’Anivin et l’IFV ont profité du Sitevi pour présenter les résultats d’expérimentations menées depuis trois ans sur les vignobles à haut rendement, tant sur l’irrigation que sur la fertilisation.
Les ingénieurs de l’IFV ont mené diverses expérimentations, pour cerner les techniques les plus adéquates dans les vignobles à haut rendement, destinés à produire des vins sans indication géographique.
Irriguer sous l’interrang plutôt que sur le rang
L’irrigation enterrée au milieu de l’interrang serait plus intéressante que le goutte-à-goutte aérien sur le rang, car elle permettrait de davantage développer le racinaire de la vigne. Tel est le principal résultat des essais conduits durant trois ans par Paul Katgerman, ingénieur agronome à l’IFV. Pour arriver à une telle conclusion, l’ingénieur a comparé deux modalités. À chaque fois, des goutteurs de 1,6 l/h ont été installés tous les mètres, sur des vignes implantées sur un sol argilo-limoneux, avec une réserve utile importante, de l’ordre de 120 mm/m. Les goutteurs enterrés ont été enfouis à 35-40 cm de profondeur.
Dans les deux cas de figure, le rendement s’est avéré être au rendez-vous et supérieur au témoin non irrigué. Les caractéristiques chimiques des baies ont été similaires sur toutes les modalités. Seule différence : le développement des racines. Ce dernier s’est effectué essentiellement sur le cavaillon avec le goutte-à-goutte aérien (jusqu’à environ 30 cm des ceps), tandis que les racines de la modalité enterrée se sont développées jusqu’au milieu de l’interrang (jusqu’à 60 cm).
Au niveau des techniques en elles-mêmes, Paul Katgerman souligne que l’irrigation en enterré nécessite une filtration performante et un entretien de qualité. « On ne voit pas les tuyaux donc il faut vraiment une maintenance rigoureuse », insiste-t-il. Par ailleurs, dans ce cas de figure, il est recommandé d’installer des goutteurs anticolmatage, plus onéreux. De même, le fait de devoir réaliser des tranchées revient environ 20 % plus cher à l’installation. Mais aux yeux de l’ingénieur, le goutte-à-goutte enterré présente surtout des avantages : « les tuyaux sont à l’abri, et il y a donc moins de maintenance à effectuer que sur un réseau de surface », témoigne-t-il. Il pointe également l’absence de gêne lors du travail du sol, de dégâts de gibier, de chasseurs, de machines ; la mécanisation du cavaillon est plus simple.
Raisonner la fertirrigation selon la pluviométrie
De son côté, Thierry Dufourcq, ingénieur à l’IFV, a testé l’intérêt de la fertirrigation. Sur un sol sablo-limoneux à faible réserve utile, tant la fertirrigation mixte, que totale, ont permis d’atteindre les 19 tonnes par hectare. « La fertirrigation totale est le meilleur compromis entre rendement et maturité », résume l’ingénieur. Sur sol non limitant, cette technique n’a pas modifié le rendement. En revanche, la composition des raisins a été significativement impactée. La fertirrigation a permis d’augmenter le potentiel aromatique et fermentaire du moût, de 20 à 30 %.
Par contre, lors de millésimes pluvieux, la technique a démontré ses limites avec un phénomène de lessivage et de maturité insuffisante.
Au final, Thierry Dufourcq recommande la fertirrigation lors de millésime sec, dans une optique de diminution des intrants et d’apport tardif. En revanche, il déconseille son utilisation lors de millésimes pluvieux. Et il souligne que la manipulation est plus complexe qu’une fertilisation classique assortie d’une irrigation. De même, la modulation intraparcellaire est très compliquée, voire impossible.
Jet porté, face par face et buses antidérive, le combo gagnant
Pour sa part, Sébastien Codis, ingénieur à l’IFV, a tenté de déterminer le type de pulvérisateur convenant le mieux à ces vignobles à haut rendement et donc très denses. Il a, pour ce faire, testé cinq pulvérisateurs avec, à chaque fois, deux vitesses de passage (5 et 8 km/h). Premier enseignement, ce dernier facteur n’est pas un critère dominant de qualité de pulvérisation.
À l’inverse, la configuration a un impact direct. Logiquement, le face par face permet une bien meilleure pénétration au cœur du feuillage : « on a deux fois plus de produit sur les feuilles en face par face qu’en aéroconvecteur passé même tous les deux rangs, rapporte-t-il. Et la répartition est aussi plus homogène. » Les panneaux récupérateurs donnent également un bon résultat. « Mais dans les vignes très denses, leur utilisation est compliquée, note l’ingénieur. Je ne suis pas sûr que ça vaille la peine de s’embêter avec ça. » En outre, les buses antidérive AD et IDK ont permis une meilleure répartition de la bouillie que les classiques ATR.
Enfin, interrogé par un vigneron sur le type de technologie à privilégier, l’ingénieur a déclaré que les pulvérisateurs pneumatiques n’offrent pas de plus-value dans le cadre des baisses de dérives actuelles et que le jet porté est plus adapté aux pratiques d’avenir.