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Dominique Pellen, ETA Pellen à Plouvorn (29)
« Les agriculteurs nous délèguent ce qu’ils maîtrisent le moins »

Dominique Pellen gère l’ETA familiale à Plouvorn dans le Finistère nord en binôme avec son frère Sébastien. L’entreprise familiale mise sur l’embauche de salariés permanents et diversifie ses chantiers pour les étaler sur l’année.

Dominique Pellen, patron de l’ETA Pellen dans le Finistère (3e personne à droite) et son frère Sébastien (2e personne à droite) emploient douze salariés et une secrétaire à mi-temps.
© ETA Pellen

C’est en 1994 que Dominique rejoint  l’ETA Pellen, suivi, trois ans plus tard par son frère Sébastien. L’entreprise familiale a été créée par leur père, Jean, en 1955. Au départ spécialisée dans le défrichage, elle s’est orientée vers les travaux des champs, récolte, épandage, semis. Les deux frères se sont tôt passionnés pour le métier, « ça arrive petit à petit, quand on grandit et qu’on choisit des études dans ce domaine-là », BTS Agroéquipement en l’occurrence. Les travaux durant les week-ends et les vacances ont joué aussi, « mais j’ai un autre frère qui est parti dans une autre branche », souligne le dirigeant.

La gestion de l’entreprise de travaux agricoles est fraternelle

En s’installant, les frères proposent l’épandage de lisier et de chaux et orientent l’activité vers le semis. Ils acquièrent des matériels avec assistance GPS et coupeurs de section pour économiser de la graine. « Dans les années 1990, on avait déjà des clients qui commençaient à déléguer parce qu’ils se
spécialisaient. »
En 2004, ils rachètent l’autre ETA de leur village. Fin 2005, ils regroupent machines et salariés sur un site de 2 hectares dont ils créent les bâtiments « toujours fonctionnels aujourd’hui », se félicite-t-il.
Dominique assume la partie gestion, la comptabilité et les plannings, Sébastien, la partie technique, « on est capable de se remplacer mutuellement, mais on a chacun notre domaine ». Ils emploient douze salariés et une secrétaire à mi-temps.

Les agriculteurs ont la météo dans la poche

Parmi les évolutions du métier, il relève la nouvelle culture de la météo : « aujourd’hui, les agriculteurs ont la météo dans leur poche et elle est beaucoup plus fiable qu’avant ». Aussi, dès qu’il y a un créneau favorable à la récolte d’herbe, « sous deux jours, on peut avoir 90 % des clients qui coupent l’herbe et qui veulent la récolter avant la pluie ». Une habitude qui occasionne de grosses pointes de travail, « on a pris une presse enrubanneuse en plus, l’herbe, ça n’attend pas ». Face à la hausse du prix du carburant, l’ETA a mis en place depuis janvier une indexation GNR sur la facture. « C’est un supplément qui intègre la hausse. » Le prix, qui a augmenté de 10 %, représente actuellement près de 24 % de coût supplémentaire sur la facture finale, au lieu de 14 % en 2021. « Impossible de prendre sur la marge, constate l’entrepreneur, car les marges des ETA sont relativement faibles. » Si la plupart de la clientèle accepte cette hausse, quelques éleveurs laitiers tiquent, « pour eux, une hausse, c’est encore ça en plus », soutient-il. Sur le territoire de Plouvorn, majoritairement porcin, « c’est désagréable de voir des élevages laitiers qu’on connaît depuis longtemps avoir autant de difficultés ». Pour l’avenir, Dominique Pellen constate que « la délégation a tendance à augmenter ». Une conséquence de la pénurie de main-d’oeuvre dans les fermes, « ils délèguent ce qu’ils maîtrisent le moins. Cette année, suite à plusieurs demandes, on a développé la pulvérisation ». Une évolution qui nécessite de la présence et de la compétence, « mais ça évite d’avoir des cultures mal conduites car les choses sont faites en temps et en heure ».

 

Faites-vous le plein de main-d’oeuvre pour l'été ?
Pour pallier la difficulté de recruter, Dominique Pellen mise sur l’emploi de salariés à temps plein et d’apprentis.
« On a fait le choix d’embaucher des permanents, quitte à être un peu nombreux. Ça permet de réviser le matériel nous-mêmes et quand on a besoin de personnel, ils sont là. Ils connaissent les machines qu’ils ont eux-mêmes entretenues, ils connaissent les clients, les parcelles. On a une activité du 15 mars au 15 décembre dans les secteurs du lait et du porc. On a aussi un secteur légumier qui donne du travail au moment où l’élevage en donne moins. Comme on est proche de la mer, l’inconvénient est que les parcelles sont plus petites que dans les terres, mais on ne peut pas tout avoir ! Depuis plusieurs années, on prend beaucoup d’apprentis, soit des CS agroéquipement, soit des CQP conducteur d’engin agricole, au moins un ou deux par an. Et si, à l’issue de la formation, on a des besoins, on l’embauche. On recrute très rarement des saisonniers l’été. C’est tellement compliqué de les former sur les machines, de leur transmettre la culture d’entreprise, la connaissance des besoins des clients, des parcelles, etc. On gagne énormément de temps comme ça. »

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